L’ancien capitaine des Lions indomptables et acteur majeur du football a commenté les récents développements dans la saga du Comité de Normalisation. La mission camerounaise qui a séjourné à Zurich cette semaine y a obtenu une nouvelle prorogation de six mois pour le Comité de normalisation. Ce qui semble rencontrer l’assentiment de Joseph Antoine Bell dans cette interview qu’il a accordée à notre rédaction.
Cette énième prorogation vous satisfait-elle, même si vous n’avez pas été convié aux discussions de Zurich par le gouvernement comme cela a souvent été le cas au pays ?
Tout le Cameroun n’avait pas à être à Zurich. Et il ne faut pas sous-estimer l’intélligence de ceux qui étaient là-bas. Tout le monde parle comme s’il y avait un combat entre la Fifa et le Cameroun, alors que ce n’est pas ça. Il n’y a pas de combat entre les Etats et les fédérations membres de la Fifa, comme logiquement il ne devrait pas y avoir de combat entre la fédération et l’Etat que la fédération représente. Aucune fédération n’a de nom différent de celui d’un Etat. Il n’y a que les enfants mal élevés qui ont des problèmes avec leurs parents, mais ils portent le nom du père et ne peuvent être en guerre contre leurs pères, sinon ils n’ont pas noms.
Le Cameroun est représenté par un gouvernement. Tous les Camerounais ne sont pas membres du gouvernement, et ils ont tort de ne pas se reconnaitre dans le gouvernement. Et là, il y a des acteurs du foot, on en a appelé quelques uns pour une reflexion, et ils la font au nom de tous. Ils ne la font pas pour eux-mêmes. Nous aimons tellement les compartiments, et c’est peut-être ce qui pousse les uns et les autres à dire que le gouvernement doit concocter toutes les idées, ce n’est pas vrai ! Le gouvernement ne peut pas concocter tous les avis. Mais, ceux qui sont là représentent toute la maison.
Avez-vous le sentiment qu’on se dirige vers un consensus et que la sortie de crise c’est pour bientôt ?
On ne cherchait pas le consensus en terme d’opposition, on cherchait le consensus en terme d’idées, c’est-à-dire, on regarde tout ce qui est le mieux pour tous. Ce n’est pas histoire de rapprocher des camps, parce qu’il n’y a pas des raisons que des camps soient opposés. Deux équipes qui se rencontrent appliquent le même hors-jeu, le même pénalty, le coup-franc direct… Je n’avais pas à me plaindre en disant qu’il fallait que je sois absolument parmi les gens qui sont allés à Zurich. D’autres y sont allés, et je me sens parfaitement représenté par les Camerounais qui étaient à Zurich. Est-ce qu’il étaient allés à Zurich pour remporter une victoire sur la Fifa ? Non ! Est-ce qu’ils y sont allés pour remporter une victoire sur un autre camp camerounais ? Non ! Ils étaient allés à Zurich pour accorder les violons, c’est tout ! Donc, il n’y a pas des raisons qu’il y ait des gagnants ou des perdants. J’en vois qui jubilent mais, c’est dommage pour eux, et c’est dommage pour notre pays.
Pensez-vous que cette prorogation est une ultime chance accordée au Comité de normalisation pour enfin rendre une copie sans ratures ?
Tout le monde peut se tromper, tout le monde peut s’égarer. Je sais quand même, pour avoir été assis au Premier Ministère avec le Pr Owona qui représente la normalisation, qu’on a parlé ensemble pour voir ce qui peut être amélioré. Et je crois que c’est la meilleure attitude intellectuelle. Aucune œuvre intéllectuelle ne peut être parfaite. Plus elle est bonne, plus elle est ouverte à la critique. Et si la critique est inutile, il n’y a rien à craindre ; et si la critique est constructive, elle ne pourra qu’améliorer une œuvre déjà bonne. La normalisation n’est pas soumise à correction, elle est plutôt soumise à mon avis à des amendements qui vont dans le sens de les rendre plus efficaces et plus pratiques. Et donc, ce n’est pas quelque chose qui va contre le personnel de la normalisation, c’est quelque chose qui va aller pour le bien du football camerounais.
Recueillis par Armel Kenné