Le gardien africain du siècle dernier et candidat recalé à l’élection du président de la Fédération camerounaise de football, réagit au report du scrutin préalablement prévu ce samedi. Il donne par ailleurs son avis sur la nouvelle prorogation (3 mois) du mandat du comité de normalisation qu’il considère comme un «échec».
Quelle analyse faites-vous de la nouvelle prorogation de trois mois accordés au Comité de normalisation, ce qui a induit au report de l’élection de samedi ?
Ce n’est pas de la prorogation du mandat du Comité de normalisation qu’il s’agit. Les Camerounais devraient se dresser contre ce Comité de normalisation qui a échoué. La prorogation n’est pas la raison de la non-tenue de l’élection. C’est la non-tenue de l’élection qui emmène d’abord la prorogation du mandat et non le contraire. Et cette non-tenue de l’élection est due à l’échec de l’organisation de cette élection. Jusqu’à hier (jeudi), le Comité de normalisation disait que tout allait bien. La Fifa doit trouver un prétexte officiel pour justifier ce report qui n’est en réalité pas dû à une crainte de trouble à l’ordre public. Ce n’est pas l’élection de 76 personnes qui causent le trouble. C’est ce qu’elles vont faire ; c’est-à-dire, leur incapacité, à ne pas prendre le Cameroun en otage. Elles ne sont que délégués, et cela veut dire en bon français, le messager de quelqu’un.
Ce report se profilait déjà à l’horizon avec les éclats de voix entendus ça et là ces derniers temps, non ?
Il y a eu des non-élections dans tous les départements et dans toutes les régions. Et vous avez vécu cela. Les autres l’ont nié, sauf qu’aujourd’hui, le résultat final prouve bien qu’ils avaient tort. Il faut savoir faire l’éloge de la majorité des Camerounais qui se sont levés pour cette affaire. Ce n’est pas l’affaire de 76 délégués. Ce sont les délégués du football camerounais. Ils représentent l’ensemble des Camerounais qui aiment le football et même ceux qui ne l’aime pas. Les gens ont montré que comme ils veulent leur voler leur foot, ils ne l’entendront pas ainsi. Et l’Etat a pris conscience du fait que son peuple n’est pas d’accord avec ce qui va se passer. Certains ont voulu montrer que c’était leur affaire, et le peuple a dit non ! C’est notre affaire à tous, et l’Etat a reconnu le caractère public de cette affaire.
Cette annulation de l’élection fédérale peut-elle être considérée comme une victoire des pionniers du football parmi lesquels vous ?
Evidemment. Mais je n’aime pas prendre la victoire pour moi. Je suis quelqu’un qui joue en équipe. On peut être le premier à dire quelque chose, et quand les autres vous suivent, c’est une victoire d’ensemble. C’est eux qui diront que c’est votre mérite. Tant que j’étais seul, je ne pouvais pas gagner. Le peuple s’est mobilisé derrière moi, et nous avons gagné ensemble. C’est vrai qu’il fallait quelqu’un pour dénoncer. Mais je suis serein parce que je m’étais dit, ça n’était pas mon combat à moi seul, mais celui de tous les Camerounais. C’était le combat du football camerounais. Ce n’est pas moi qui gagne, c’est le Cameroun. J’avais bien peur que si le Cameroun faiblissait, il aurait envoyé le message au monde comme quoi, ce pays est habité par des nains mentaux.
Et maintenant, que préconisez-vous au comité de normalisation pour poursuivre le travail ?
Aujourd’hui, les membres du comité de normalisation qui ont avalisé ce qui s’est passé, qui ont soutenu jusqu’au dernier moment que tous ce qu’ils faisaient étaient très bon, devraient simplement rendre leur tablier s’ils ont encore une once de dignité. Non seulement ils ont échoué, mais ils ont été désavoués. Ils seront comme ceux qui ont dirigé la Fécafoot avant la normalisation, parce que ceux-là auraient dû partir depuis.
Entretien avec Armel Kenné