Iya Mohamed, le président de la Fécafoot fait le point de son action en 2002 et jette les bases du futur.
M. le président nous sommes à l’intersaison et l’occasion se prête au bilan. Quel est celui de la Fécafoot au regard de la saison 2001-2002 et quelles sont les perspectives pour la prochaine saison ?
Je pense qu’en terme de bilan et de manière générale, celui de la fédération camerounaise de football est positif pour l’exercice écoulé. Surtout si nous tenons compte du déroulement du championnat et des autres compétitions nationales. Toutes nos compétitions se sont bien déroulées. L’arbitrage très souvent décrié, s’est amélioré de manière substantielle. Sur le plan de l’administration de la fédération, nous avons essayé de moderniser les choses. Nous avons informatisé les licences. Le site Internet est devenu très opérationnel, il a été visité par au moins 12 000 internautes. A Cela, il faut ajouter la rationalisation des effectifs à la fédération. Nous avons ainsi mis à la retraite un certain nombre de personnels et nous avons recruté conjointement un personnel plus qualifié, plus jeune, plus dynamique. Tout cela ne s’est pas fait sans frais. Nous avons aussi formalisé et régularisé la situation du personnel de la fédération qui avait un statut flou. Aujourd’hui nous avons tout notre personnel sous contrat et affilié à la CNPS. Bref la fécafoot est une structure bien organisée, comme toute société digne de ce nom.
Mais en 2002, il y a eu la coupe du monde et la coupe d’Afrique des nations avec des résultats mitigés…
Effectivement on ne peut pas parler de l’année 2002 sans évoquer la coupe du monde. Pour cette compétition, je pense que les résultats n’ont pas été à la hauteur des attentes des Camerounais. En dépit de tout cela, il faut relever des aspects positifs. Tout d’abord la capacité de la fédération de pouvoir mobiliser les opérateurs économiques pour financer une bonne partie des dépenses effectuées au Japon. Cela a permis d’économiser sur le budget de l’Etat, une somme de 400 millions. Nous avons ainsi pris en charge le site d’hébergement des joueurs et de toute la délégation. Surtout nous avons pu négocier des matchs amicaux sur place. De manière générale à la Fédération nous essayons d’être professionnels. Il y a un autre aspect que je tiens à relever, c’est le fait que nous avons emmené au Japon aux frais de la fédération bon nombre de nos membres. Et à la fédération pas moins de 200 personnes ont pu bénéficier des recettes de notre participation à la coupe du monde. Si sur le plan sportif ça n’a pas été la victoire, au plan administratif et financier la coupe du monde s’est plutôt bien déroulée.
Comment entrevoyez-vous l’avenir de la Fécafoot sous votre présidence ?
Les défis sont multiples. A court terme, nous souhaitons que le niveau de l’arbitrage camerounais s’améliore et se ressent au niveau des joueurs. Pour ce faire, nous avons augmenté de façon substantielle les indemnités des arbitres pour les motiver. Nous n’avons pas assez fait pour le football des jeunes. Nous allons donc accroître le budget alloué aux jeunes. Dans le même sens, nous allons essayer de trouver la bonne stratégie pour véritablement lancer le football des jeunes. Je m’en voudrais de ne pas évoquer le problème de l’exode des jeunes footballeurs. A cet effet nous allons créer une commission composée de douze personnes (six de la fédération, deux du ministère et quatre experts). C’est un problème sérieux dans le futur. Il faudrait également réglementer la gestion des écoles de football, avec la définition d’un cadre juridique et d’un cahier des charges. Pour finir il y a le problème d’infrastructures. Nous envisageons d’ici deux ou trois ans exiger des clubs qui aspirent à jour en D1 d’avoir un terrain avec une pelouse je ne parle pas de stade, mais au moins une aire de jeu décente où s’entraîner.
M. le président, de nombreux délégués ont reproché à votre équipe et à vous même d’être trop bureaucratiques. De plus on vous accuse de tout miser sur les Lions indomptables ?
Ecoutez. Je pense qu’il ne faut pas renvoyer la balle à la fédération. Des individus ont créé des clubs. Personne ne les a obligés à créer quoique ce soit. Maintenant quand ils sont face à des difficultés, ils se retournent vers la fédération pour des financements. Les fonds de la fédération sont là certes pour financer le football, mais les clubs doivent être conséquents.
D’autres observateurs pensent que l’essentiel du budget de la fédération est fonction des recettes générées par les Lions indomptables. Il se dit que la Fécafoot ne génère pas d’autres fonds. Est-ce vrai ?
A ceux-là je dis qu’ils doivent revoir la structure de notre budget. Nous avons un budget de trois milliards. En tout et pour tout nous allons encaisser 480 millions pour la coupe des confédérations ce qui représente 25 %. Alors qu’on me dise d’où proviennent les autres fonds. Nous avons travaillé, nous avons cherché des sponsors. Nous continuons du reste à le faire. Mais ce n’est pas facile. Moi chaque fois que l’occasion m’est donnée je cherche. Le plus important était qu’on crédibilise la fédération camerounaise de football. C’était la condition sine qua non pour trouver des fonds. Nous sommes sur la bonne voie. Nous sommes en train de nous crédibiliser. Dès lors les sponsors viendront plus nombreux. Je défie quiconque de remettre en cause notre contrat avec MTN, ou avec les autres partenaires. Le match d’hier (la super coupe du Cameroun) ne coûtera pas un centime à la Fécafoot. Ce sont les sponsors qui nous ont assistés. Et c’est ce que nous essayons de consolider.
Vous venez d’annoncer l’arrivée au Cameroun d’une délégation nigériane ,dans le cadre d’une éventuelle participation du Cameroun à l’organisation de la coupe du monde 2010. Pensez vous qu’il s’agisse d’un projet réaliste ?
Je me réserve de donner ma réponse à ce sujet tant que je n’ai ni vu, pas discuté avec la délégation qui vient. Je pense que nous devons d’abord écouter les gens qui vont arriver et par la suite nous prononcerons.
M. le président qu’en est-il des problèmes avec le régisseur des Lions indomptables ICM pour l’ organisation des matchs amicaux ?
Je voudrais dire que tant qu’il n’y a pas de divorce consommé entre la fédération et ICM de M. Ribeiro, les contacts sont maintenus. Je pense qu’il est inutile d’engager un bras de fer avec ICM dans la mesure où les deux parties risquent de connaître des difficultés financières majeures. Nous n’avons pas rompu le contact. Quoi qu’il en soit, le contrat de Ribeiro doit expirer d’ici quelques mois ? Et il est de l’intérêt de tous de régler ce problème à l’amiable.
Au lendemain de la dernière coupe du monde certains joueurs mécontents du climat autour des Lions indomptables ont décidé de ne plus jouer avec l’équipe nationale. C’est le cas d’Etamé Mayer. Qu’est-ce que le président de la Fécafoot a fait pour clarifier ces problèmes ?
Je pense que chaque joueur est libre de rendre service ou non à l’équipe nationale. A la fédération nous reconnaissons la valeur d’Etamé Mayer et apprécions ce qu’il a apporté au Cameroun. Maintenant qu’il ne souhaite plus venir nous sommes gênés comme tout le monde. Mais je peux vous dire que Winfried Schaëffer a entrepris des démarches auprès du joueur. Il faut simplement espérer qu’il revienne sur sa décision.
Le président de la Fécafoot a promis aux clubs camerounais un soutien plus accru dans le cadre des campagnes internationales. Comment va se manifester ce soutien ?
Dans notre budget on a prévu une rubrique pour les clubs engagés en coupe d’Afrique. Nous avons commencé par donner une prime de dix millions au Canon, six millions à Cotonsport et Mount Cameroon. Voilà des actions concrètes. Nous serons toujours aux côtés des clubs.
Y a-t-il un message particulier pour le public camerounais et pour les acteurs du football ?
Je suis satisfait du déroulement de nos travaux d’hier et d’aujourd’hui. Il faut constater avec moi qu’il y a un changement d’esprit au sein des délégués. Pour la première fois le bureau a rencontré l’adhésion des membres de l’Assemblée. Je pense que chacun est conscient de ce que nous faisons. J’ai par ailleurs le sentiment que les délégués sont devenus plus responsables. Lors des travaux, il n’y a pas eu de chahut comme par le passé. Je félicite tout le monde. C’est la meilleure attitude à adopter. Cela nous crédibilise auprès de nos partenaires.
Emmanuel TATAW – Simon Pierre ETOUNDI