Quels sont vos sentiments après l’élimination surprise des Lions Indomptables au premier tour de la Coupe du Monde ?
C’est un sentiment de déception dans la mesure ou rien n’a été épargné pour assurer une performance exceptionnelle des Lions Indomptables à cette Coupe du Monde. Malgré la qualité des joueurs, de l’encadrement et de toutes les préparations qui ont été excellentes, nous n’avons pas pu atteindre le second tour. C’est un sentiment de désespoir, mais le sport est ainsi fait. Il y a des jours sans, malheureusement rien n’a marché pour nous : c’est un gâchis.
On a vu une excellente équipe du Cameroun pendant les matches préparatoires et puis, du coup, au niveau déjà du premier match contre l’Irlande, on a senti comme une rupture qui nous fait découvrir une autre physionomie des Lions. Y a t-il une explication à cela ?
Je suis entièrement d’accord que la qualité des matches que nous avons livrés contre les grandes nations de football telles que l’Argentine et l’Angleterre ne présageait pas ce genre de contre-performances. Je ne peux pas vous dire ce qui s’est passé, mais avec un peu de recul, on peut dire que le passage à Paris, avec les remous qui y ont eu lieu, a certainement eu un effet négatif sur la forme physique des joueurs ; sans compter aussi que, finalement, notre groupe est un excellent groupe. Tout le monde avait sous estimé les qualités de l’Irlande et en plus, je peux dire que nous aussi nous avons peut-être surestimé nos forces, les joueurs tout comme les dirigeants et l’encadrement technique.
Nous avons pêché par excès de confiance, par un manque d’humilité. Nous avions non seulement sous estimé nos adversaires, mais nous nous sommes surestimés.
On sait qu’en 2003, il y a la Coupe des Confédérations et puis après la Coupe d’Afrique des Nations, quels sont les projets pour faire en sorte que les Lions ne connaissent pas, comme d’habitude, un passage à vide ?
Il faudra absolument éviter le genre de remous que nous avons connus à Paris : quatre jours perdus au moment le plus crucial de notre préparation. Désormais, il faudra consigner sur papier les accords entre les joueurs et les dirigeants sur le montant des primes; ceci serait une chose positive qu’on le fasse bien avant tout engagement dans une compétition. Il faudra aussi tirer les leçons de cet échec sur le plan de la qualité du jeu et essayer de revoir l’effectif parce qu’il y a quand même des joueurs qui sont à la limite.
Je pense que aujourd’hui, il faudra que chacun soit responsable de ses actes. Ceux qui sont chargés de donner les primes doivent le faire à temps, les joueurs, les encadreurs, chacun doit être conscient de ses responsabilités. Chacun de nous est interpellé pour éviter ce genre de gâchis.
Revenons sur les problèmes que les joueurs ont posé à Paris. Pourquoi ont-ils posé cet acte alors que cela faisait trois ou quatre ans que tout se passe bien à l’équipe nationale ? Pourquoi, à ce moment précis, ont-ils décidé de rompre la confiance ?
J’avoue que je me pose aussi la même question. En ce qui me concerne, je pense qu’il y a quelque chose d’incompréhensible, je refuse de croire que le problème se situe au niveau de dix millions de francs CFA, devant une compétition comme la coupe du monde, ceci a été vraiment très désolant.
Le problème n’était même pas le manque de disponibilité de l’argent. Ce qui posait problème, c’est qu’ils voulaient cet argent en espèce et sur place. Nous étions donc dans une situation impossible puisque le mouvement a été enclenché un vendredi, le lundi suivant étant également férié, il n’était donc pas possible de disposer d’argent liquide.
Mais sachez que chaque joueur avait déjà un chèque certifié de vingt millions de francs CFA et en plus, l’Ambassade du Cameroun à Paris avait émis des chèques supplémentaires de dix millions de francs CFA qu’ils n’ont malheureusement pas voulu prendre. Ils ont imposé le paiement en liquidités, nous avions le couteau à la gorge, ce qui est désolant.
Je pense que aujourd’hui, ils sont les premiers à le regretter. Ce sont ces quatre jours de retard avec les conditions de voyage extrêmement difficiles et le décalage horaire qui ont eu un effet négatif sur leur état physique.
Je n’arriverai peut-être jamais à comprendre le pourquoi de cet acte : c’est regrettable.
Je dis encore que c’est un gâchis, on dirait que c’est un sort que Dieu nous a réservé. Personne ne peut expliquer cela, ce ne sont que eux les joueurs qui, j’espère, sont en mesure de dire ce qui s’est passé. Pourquoi, en dépit du fait que nous leur avons demandé de voyager quitte à ce que, arrivés au Japon, qu’ils entament leur grève au cas où ils ne seront pas satisfaits, ils n’ont rien voulu entendre. Tout ceci n’a finalement servi a rien, les résultats sont là.
Concernant l’entraîneur Schafer dont le contrat court jusqu’en juillet, que va t-il se passer après cette élimination ? Son contrat sera-il prolongé ?
Je pense qu’on va discuter de cela dans quelques jours. Tout d’abord, je pense qu’il mérite des vacances. Nous tous nous devons nous reposer un peu et puis si la coupe du monde, proprement parlant, est finie pour nous, elle est encore en cours pour beaucoup d’autres pays. Je pense que d’ici trois semaines, quand les vacances seront terminées, nous allons réfléchir sur la décision à prendre avec le Ministre de la Jeunesse et des Sport, dans la mesure où c’est lui le principal acteur et bailleur de fonds. On verra donc ce qu’il faudra faire.
Mais d’ores et déjà, je peux dire que le bilan de Schafer est positif. En ce qui me concerne, je peux aussi dire, c’est un avis personnel, qu’il faut éviter de changer tout le temps d’entraîneur, puisqu’il faut éviter l’éternel recommencement. Ceci dit, nous avons décidé, ensemble, qu’il parte en vacances pour trois ou quatre semaines et puis on reprendra contact. Pour le moment son contrat court encore jusqu’à la fin du mois.