Le président de la fédération camerounaise de football M. Iya Mohammed parle entre autre des problèmes chroniques d’infrastructures sportives du Cameroun, du match amical à la mémoire de MV. Foé et du football national en général: Interview.
Vous avez annoncé l’organisation d’un match en France à la mémoire de Foé. Quels sont les contours de cette rencontre?
A l’occasion du décès de Marc Vivien Foé, j’ai rencontré à Lyon Frédéric Thiriez, le président de la Ligue française de football profesionnel (Lfp), qui a manifesté le désir de venir en aide à la famille Foé, en collaboration avec la Fédération camerounaise de football. L’idée d’un match de bienfaisance a donc germé à partir de là. Maintenant, les choses se sont précisées. Le mercredi 30 juillet dernier, j’étais l’invité de la Lfp qui tenait sa traditionnelle conférence de presse de rentrée à Paris. Devant une cinquantaine de journalistes, M. Thiriez et moi avons annoncé la date de ce match, le 11 novembre 2003, qui mettra aux prises les Lions indomptables et une sélection des joueurs des anciens clubs de Foé (Lyon, Lens, West Ham et Manchester City) et deux ou trois internationaux français qui ont exprimé le désir d’y prendre part. Les charges du Stade de France étant énormes, le match se jouera au Parc des princes. J’ai profité aussi de cette occasion et je profite également de l’occasion que vous m’offrez, pour remercier solennellement les autorités françaises, dans leur ensemble, pour le soutien qu’ils nous ont apporté pendant ce moment douloureux que fut le décès de Marc Vivien Foé.
La veille de notre conférence de presse conjointe déjà, s’est tenue au siège de l’Olympique Lyonnais une réunion entre la famille Foé, la Fifa, la Fécafoot. Il était question d’évaluer les besoins urgents de la famille afin de lui venir en aide.
Où en êtes-vous avec le retrait du dossard numéro 17 des maillots de l’équipe du Cameroun?
Nous avons déjà écrit à la Fifa dans ce sens. Une lettre de rappel a encore été faxée le 31 juillet dernier et j’ai personnellement eu au téléphone le secrétaire général adjoint de la Fifa, Jérôme Champagne. Le principe est d’ores et déjà acquis.
Ce qui nous préoccupe, c’est d’obtenir l’accord écrit de la Fifa avant le début, le 13 août prochain, de la coupe du monde des cadets à laquelle les Lionceaux vont prendre part. Car, le numéro 17 sera retiré de toutes les catégories des sélections nationales du Cameroun.
En dehors du match en l’honneur de Foé, quelles sont les autres articulations du calendrier des Lions indomptables?
L’objectif est d’avoir trois matches de préparation avant la fin de l’année, à raison d’un match par mois (septembre, octobre, novembre). Pour le moment, nous avons bouclé novembre et sommes sur des pistes pour septembre et octobre. Les contacts sont en cours avec le Mexique, l’Irlande du nord, Olympique de Marseille et d’autres clubs engagés en coupe de l’Uefa. Mais, je préfère en parler quand les contrats seront signés.
Quelles sont vos attentes par rapport à la Coupe d’Afrique des Nations 2004?
Nous sommes les détenteurs de la coupe et avons pour ambition de la conserver et de devenir ainsi la seule nation à avoir remporter cinq fois la Coupe d’Afrique des nations.
Les cadets prennent part à leur première coupe du monde en ce mois d’août en Finlande. Quels sont les objectifs à ce niveau?
Le Cameroun est tombé dans un groupe difficile, avec le Brésil et le Portugal. Le premier objectif est donc de passer le premier tour, ce qui ne sera pas facile. Mais, compte tenu de la qualité et de la détermination de notre équipe, si elle est au second tour, elle sera capable d’aller en demi-finale, et à ce niveau tout est possible. Pour cela, les deux premiers matches de poule seront déterminants…
Quel regard global portez-vous sur le championnat de 1ère division qui tire à sa fin?
C’est une saison qui a connu une programmation excellente. Le calendrier est jusque là respecté, même si nous déplorons certains actes de violence dans certains stades que nous avons d’ailleurs sanctionnés. Avec la commission technique nationale chargée de la sécurité que préside le général Mambou, nous sommes en train de tout faire pour éviter que les lieux où se déroulent les matches de football ne deviennent des dangers publics.
Sur le plan de la compétition même, en dépit des problèmes, l’arbitrage s’améliore, la qualité du spectacle aussi, et nous avons constaté que beaucoup d’équipes gagnent des matches à l’extérieur. Le fait que Canon soit qualifié pour la Ligue des champions et Coton Sport en quart de finale de la Coupe de la Caf dénote la qualité de notre championnat.
La violence dont vous avez parlé remet sur la table la question des infrastructures. N’est-ce pas inquiétant quand un club s’appelle Renaissance de Ngoumou et reçoit ses matches à domicile à Akonolinga, et Canon obligé d’émigrer à Douala?
Je suis le premier à déplorer ce manque d’infrastructures. Ceci m’a conduit à mener des réflexions quant à l’implication de la Fédération dans la construction des stades. Je pense aussi, qu’il faut envisager de limiter le nombre de clubs de D1 par ville. On ne peut pas avoir un stade pour dix clubs. Ensuite, nous avons l’intention de commencer à investir dans les provinces de sorte que chaque ligue provinciale de la Fécafoot ait, d’ici 5 à 6 ans, un terrain gazonné, clôturé et doté de gradins en bois. Cet investissement peut se faire avec un budget de 400 à 500 millions Fcfa. Je suis convaincu que si la Fédération peut débloquer 200 millions pour chaque ligue provinciale, les communes et les mécènes du coin pourront apporter leurs contributions. Mais cela suppose que nous réussissions à qualifier chaque fois notre équipe nationale pour la Coupe du monde pour avoir de l’argent et réaliser ces investissements.
Enfin, si le souhait de la Fédération d’accueillir la Can 2008 ou 2010 est exaucé, cela permettra à l’Etat d’investir aussi dans le domaine des infrastructures.
D’ici là, la nouvelle formule du championnat national à deux poules se jouera sur les stades actuels. Vous confirmez qu’elle entre en vigueur en 2004?
Je ne fais que respecter le souhait de l’Assemblée générale qui demeure l’organe suprême de la fédération. Je pense même que la réforme commencera cette année, puisque 10 équipes vont disputer les inter poules et 4 monteront en 1ère division tandis que les 2 dernières de D1 seront reléquées en D2. Et donc, l’année prochaine, on aura un championnat de D1 à 18 clubs répartis en deux poules.
Quels sont les autres grands chantiers de la Fécafoot? Vous avez annoncé la construction d’un centre technique national…
Pour le moment, nous avons acquis un terrain de 6 hectares sur la route de l’aéroport de Nsimalen qui a déjà été débroussaillé. La prochaine étape, c’est le nivellement. Nous avons la chance que la Sic (Société Immobilière du Cameroun) construit une cité dans le voisinage. Ce qui va faciliter les travaux d’aménagement, d’électrification et d’adduction d’eau.
Nous avons pris un peu de retard, et le délai de 2003 ne peut plus être tenu. Mais, avec les recettes de la Coupe des confédérations, les choses vont bouger et nous comptons avoir ce centre technique en 2004. C’est un projet de 600 millions de Fcfa environ (un million d’euros) auquel la Fifa participe à hauteur de 240 millions dans le cadre du projet Goal.
Avec l’affaire Tkc, quelles sont les relations que vous entretenez avec les clubs?
De manière générale, nous n’avons pas de problèmes avec les clubs. Nous avons pris l’initiative de les aider financièrement, ce qui ne s’était jamais vu auparavant.
Chaque club de D1 reçoit en moyenne 5 à 6 millions de Fcfa par saison, sans compter le soutien que nous apportons aux équipes de D2 en plus du financement des ligues provinciales…
Ce que nous souhaitons, c’est que ces clubs respectent les normes en matière de gestion. C’est pour nous une priorité pour l’avenir. Maintenant, en dehors du cas de bicéphalisme au sein duTKC que nous avons essayé de résoudre à notre manière à la grande satisfaction du public sportif et des dirigeants, il n’y a pas eu d’autres problèmes avec les clubs. Nous déplorons que des querelles intestines pourrissent la vie des clubs. Ceci dénote aussi la fragilité des dispositions juridiques de ces clubs qui semblent appartenir à des individus. Il n’y a pas de base solide de pérennisation du financement et du fonctionnement administratif de nos clubs où il y a encore un travail énorme à faire.