Il aura clairement été le dirigeant sportif camerounais et africain à avoir une vision claire de ce que le football devait être. Homme intransigeant, homme de poigne, et élévé comme tel, il aura été la bougie d’allumage de la modernité du football camerounais. Son arrivée à la Fécafoot en 1974 a permis de mettre les bases de la structuration du football dans le pays de Mbappé Leppé et de Yebga. Ces bases ont données résultats au delà des espérances et permis au talent de se développer. Parmi les bénéficiaires de l’acharnement de Issa Hayatou, des joueurs exceptionnels comme Roger Milla et Samuel Eto’o Fils se sont révélés.
Sa fermeté a définitivement ouvert des portes à l’Afrique et a permis le développement de ce football de ce continent avec des valeurs qui lui sont propres. Il a su resister aux forces extérieures qui voulaient asservir cette discipline. Homme d’une intégrité rare, on lui a toujours collé une étiquette de « corrompu, de manipulateur ». Et on l’a dépeint comme celui qui empêchait au football africain de s’envoler.
Pour son dernier mandat, il souhaitait réorienter la Confédération Africaine de Football et re-modernité l’ensemble de ses structures, surtout aves l’apparition de plusieurs autres sources de financement et une multitude d’offres de services médiatiques. Mais hélàs. Samuel Eto’o Fils et son premier profiteur, Roger Milla, se sont alliés à l’un des hommes les plus corrompus d’Afrique, pour le déchoir. On parle bien de deux personnalités vénérées par le Président Issa Hayatou. Leur intervention a été décisive pour retourner le Congolais Constant Omari, bras droit du Président de la CAF d’alors.
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C’est Abdouraman Hamadou qui a parfaitement résumé la situation dans son post hommage à Issa Hayatou sur ses réseaux sociaux :
Finalement, après l’indispensable temps de recul nécessaire, de tous ceux qui se sont succédés à la tête de la Confédération Africaine de Football (CAF), le Président Issa Hayatou apparaît très largement et très nettement au dessus de la mêlée.
Avec tact et fermeté, il a notamment su assurer au football africain une respectabilité et une indépendance certaine. Face aux assauts impérialistes, il a toujours su défendre les choix et les intérêts, pas seulement du football africain, mais également ceux de l’Afrique tout court.
Loin d’être un caprice, le choix de maintenir, contre vents et marées, la périodicité de la CAN à deux ans et en janvier-février, était principalement motivé par la nécessité de doter en infrastructures le maximum de pays africains et également de mettre les footballeurs dans les meilleurs conditions climatiques pour offrir le meilleur spectacle possible. Ceci malgré les pressions de plus en plus hostiles des clubs européens employeurs d’une bonne partie de ces footballeurs.
En plus de sa vison panafricaniste, le Président Issa Hayatou a laissé une CAF prospère avec des finances saines, preuve d’une gestion de bon père de famille.
L’Afrique a, hélas, perdu l’un de ses valeureux fils qui, en tant que patron du football africain, membre du CIO et président intérimaire de la FIFA, a su incarner ses aspirations d’indépendance, de respectabilité et de fierté.
Merci et Adieu Monsieur le Président !
L’histoire retiendra que moins de deux ans après avoir remporté l’élection de la CAF, Samuel Eto’o et ses accolytes ont été déboulonnés ridiculement. Le duo Constant Omari et Ahmad, dont Samuel Eto’o était le principal conseiller, a été suspendu de toutes les activités du football par la FIFA.
Samuel Eto’o Fils s’est rattrapé à la tête du football camerounais et utilise les mêmes pratiques qu’à la CAF. La Fécafoot, une institution qui malgré des séismes successifs protégeait les résultats des Lions Indomptables, n’est plus que l’ombre d’elle-même. Elle n’est en réalité plus que l’organisatrice des championnats du football professionnel, Elite One et Elite Two. Rien ne s’y passe, parce que personne ne sait à quoi sert une fédération de football.
Issa Hayatou est donc retourné vers ses ancêtres avec la paix dans le coeur. En expirant son dernier souffle de vie, il a certainement dit à Dieu qu’il avait fait tout ce qu’il a pu pour hisser au firmament sa nation, son pays le Cameroun, et son continent, l’Afrique.
Fier, honnête, intrépide, il sait avoir été trahi par des hommes qui ont profité de son travail. Ses compatriotes. Samuel Eto’o et Roger Milla.
Adieu Mr le Président.