Le parcours de Issa Hayatou est immensément riche. Fils de Sultan, il était destiné à commander et était destiné à servir l’État dans de hautes fonctions. Comme ses frères. Le sport va cependant être sa passion et il va s’y adonner sans coup férir.
Il deviendra champion du Cameroun sur 400 et 800 mètres. Il participera aux Jeux africains de Brazzaville en 1965. Issa Hayatou est aussi bon au Basket Ball et au football. Son premier métierw est professeur d’éducation physique et sportive. Il n’y restera que 12 mois à ce poste.
L’échec des Lions Indomptables lors de la CAN 1972 et ses suites vont freiner, pendant plusieurs années, l’ascension du football camerounais. Deux éléments vont lui permettre de reprendre sa croissance : l’existence d’un championnat national régulièrement disputé et qui associe toutes les régions de la République, et l’accession, fin 1974, au poste de Secrétaire Général de la Fédération camerounaise de football de M. Issa Hayatou.
Issu de la notabilité, Issa Hayatou a trouvé sa voie dans le sport
Grâce à son action, toutes les compétitions se déroulent jusqu’à leur terme. La Fédération ne sommeille plus mais tourne à un régime peu connu ailleurs en Afrique. Et surtout sa gestion est devenue rigoureuse. Le football au Cameroun draine les foules, fait recette et met en jeu d’immenses intérêts et appétits financiers.
A l’inverse de ses prédécesseurs, M. Hayatou se montre soucieux de la motivation et de l’intéressement des sportifs. Les clubs qui s’engagent dans les compétitions africaines sont assurés du soutien des autorités sportives et ils le mettent à profit pour accéder au sommet de la hiérarchie et y demeurer. Le Canon de Yaoundé remporte à trois reprises la Coupe d’Afrique des clubs champions (71, 78 et 80) et une fois la Coupe des coupes (79). L’Union de Douala a enlevé la Coupe des coupes en 81, celle des champions en 79 et enfin le Tonnerre de Yaoundé, une fois la Coupe des coupes (75). Du côté de l’équipe nationale, cependant, aucun titre. L’effectif est toujours d’une richesse remarquable. Il lui a fait défaut un encadrement technique stable.
Depuis 1970, six entraîneurs se sont succédés à la tête des « Lions », le dernier en date, un Yougoslave, Zutic Branko, ayant obtenu la qualification pour le « Mundial ».
Samuel Eto’o Fils, son compatriote, a contribué à sa déchéance
Et c’est justement cette qualification pour le Mundial 1982 sous la direction de Zutic Branko qui va décrisper le football camerounais. Les trois matchs nul obtenus avec le sélectionneur Jean Vincent dont l’un contre l’Italie, finalement Champion du Monde, vont cimenter la mentalité camerounaise. Il fera ensuite un intermède de 2 ans comme directeur des sports du ministère dela Jeunesse et des Sports avant de devenir vice-président de la Fécafoot en 1984. Deux ans plus tard, il devient président de la Fécafoot et aussi membre du Comité Exécutif de la CAF.
En 1988, il est élu à la président de la Confédération Africaine de Football et y installe une rigueur administrative exemplaire. Il y restera trente ans et installera des fondations solides du football africain. C’est une coalition que dirigeait le Malgache Ahmad et son bras droit, Samuel Eto’o Fils, qui le délogera de son perchoir contre toute attente en 2017.
Il avait, entre octobre 2015 et février 2016, occupé le poste de Président de la FIFA après la démission de Sepp Blatter et dans une période totalement tumultueuse pour le football mondial.
De retour au Cameroun, Paul Biya l’avait nommé Président du Conseil d’Administration de l’Académie Nationale camerounaise de Foot (Anafoot). Il fut aussi membre du Comité Local d’Organisation de la CAN 2021.
Son départ en pleins Jeux Olympiques, lui l’ancien athlète et membre du CIO et au milieu d’une nouvelle crise de l’institution que ses successeurs ont du mal à maintenir, est un symbolique de son parcours.
Repose en paix Président.