L’image est encore vivace dans les esprits: lors du match Cameroun-Sénégal comptant pour la phase aller des éliminatoires du championnat d’Afrique des nations des moins de 17 ans, le maigre public présent au stade Ahmadou Ahidjo, quoique habitué à ces épiphénomènes qui vivent en général le temps d’un match et se prolongent parfois pendant des regroupements internationaux, a certainement été frappé par la présence de ce groupe de jeunes gens, vêtus de tee-shirts sur lesquels était inscrit, avec une peinture qui n’aura pas longtemps résisté à la sueur, le nom d’un certain Partick Atangana.
Certains, on l’imagine très peu au fait de l’actualité de nos différents championnats, en étaient encore à se demander dans quel club étranger pouvait évoluer le seul cadet à disposer ce jour-là d’un fan club, que l’on découvrait qu’il était sociétaire du …Diamant Fc de Yaoundé. A ce moment, dans les travées de la cuvette de Mfandena, on s’est probablement demandé ce qui pouvait motiver cette bande d’hystériques qui, durant les 45 premières minutes d’une rencontre qui rappelait la finale de la Can 2002 à Bamako, à scander le nom d’un joueur ne figurant même pas parmi le onze entrant camerounais.
Sans remettre en cause ses qualités de footballeur, il faut bien admettre que d’emblée, on aurait été moins surpris si toute cette attention avait été consacrée par exemple à David Eto’o et Alexandre Song, respectivement frère cadet et cousin des autres, évoluent quand même dans les réserves de Bastia (France) et Majorque (Espagne). Ce qui suppose qu’ils avaient manifestement les moyens d’entretenir, les faveurs d’un groupe de jeunes qui veulent faire croire aux encadreurs que sans » leur idole « , l’équipe nationale n’est rien.
Comme certains éléments de la sélection A, dont on ignore généralement les performances réelles ou supposées au sein d’un anonyme club de quelque obscur championnats de division inférieure d’Europe ou d’Asie. Cette image, nous a permis également de faire remonter le temps. Nous rappelant cette marche de soutien, qui avait ramené au sein des Lions, et à la veille de la World-Cup 94, Louis-Paul Mfédé et Victor Ndip Akem, jugés pourtant inopérants quelques semaines par le sélectionneur de l’époque, Henri Michel. Certains observateurs de la scène sportive avaient vu derrière cette revendication, » l’expression d’une volonté populaire » qu’ils ne s’étaient pas gênés d’amplifier.
Avec les résultats et surtout les prestations que l’on connaît. Oubliant de souligner en passant que » ces fans « , n’étaient en fait qu’une bande de jeunes gens un peu désœuvrés, pour la plupart habitant des quartiers Elig-Effa voire Messa de Yaoundé, où les deux repêchés avaient leurs habitudes…Et que le week-end suivant, ils sont descendus leur dire » au revoir « . Avec Patrick Atangana, ce fut manifestement le même scénario. Les membres de son » fan-club » se recrutant essentiellement parmi de proches parents, ou des amis du quartier. Sauf que là au moins, l’histoire lui a donné raison puisqu’il a marqué l’unique but de cette rencontre.
Mais au-delà, il y a cette autre catégorie de fans. Des prébendiers en somme. Avec eux fleurissent banderoles dans les tribunes chaque fois que les internationaux descendent au pays. Loin d’apporter un soutien aux joueurs, ils s’organisent mieux pour les arnaquer. Nos Lions devraient pourtant savoir que désormais, le regard des coaches ne se tourne plus pas vraiment les tribunes quand il s’agit d’établir leur classement.
Constant R. Sabang