Il y aura bientôt quarante ans que le Cameroun a arrêté la construction de ce qui aurait pu devenir un joyau architectural et un stade de dimension olympique. Depuis lors, le temps a suspendu son vol. Préalablement retenu parmi les stades d’entrainement de la Coupe d’Afrique des nations 2019, il a finalement été recalé à cause du coup des travaux.
Est-ce une malédiction ? Cette interrogation découle simplement des dernières nouvelles peu rassurantes concernant ce stade. Au cours de la séance de travail avec les experts de la confédération africaine de football (CAF) pendant leur séjour dans la région de l’Ouest, le gouverneur Awa Fonka Augustine a listé les stades qui feront office de stade d’entrainement pendant la Coupe d’Afrique des nations (Cameroun 2019) ; précisément sur le site de Bafoussam dont il est le président du comité. S’il a été explicite à propos des stades municipaux de Bandjoun, de Mbouda, de Bafoussam ; et annexe du stade omnisports de Bafoussam Kouékong, le patron de la région de l’Ouest a été cependant évasif au sujet du stade omnisports de Tocket. Pour comprendre cette posture, il faut revenir aux déclarations faites quelques jours plutôt par le délégué régional du ministère des Sports et de l’Education physique (Minsep) pour l’Ouest lors d’une interview qu’il nous a accordée. « Pour le moment, le stade de Tocket est en veille parce que le budget de sa réfection est très costaud. L’entreprise canadienne qui était pressentie pour faire les stades d’entrainement à l’Ouest, pourra dans un plan B, revenir plus tard pour le stade de Tocket. Donc ce n’est pas perdu. On a juste mis en veille », renseignait Idèle Salomon Petchoukouang.
Si ce cadre du Minsep préfère entretenir le mystère, d’autres sources fiables font savoir qu’il n’y a plus lieu d’être optimiste pour ce stade. « C’est un stade que l’Etat finira par casser ou le laisser aux adeptes du sport du dimanche. Le montant qui est exigé pour terminer les travaux, peut suffire pour construire deux nouveaux stades. Et je ne pense que cette option puisse être choisie à l’heure les caisses de l’Etat ne sont pas très fournis », souffle une source.
Selon d’autres indiscrétions, la cherté des travaux pour conduire à terme ce projet, se justifierait par l’absence totale des dossiers techniques. « Pour qu’un entrepreneur accepte continuer les travaux, il doit au préalable voir ce qui était prévu au départ pour pouvoir évaluer ce qui reste à faire. Aussi cela permettrait à l’entrepreneur de ne pas avancer dans l’inconnu. Or aucun document du stade de Tocket n’est retrouvable », ajoute une autre source.
Entamée au milieu des années 70, la construction du stade omnisports de Bafoussam Tocket a connu un arrêt brusque alors qu’il était déjà presqu’achevé. L’on estimé le taux d’avancement des travaux à 80%. « Quand j’étais petit, nous allions admirer la verdure du gazon, ainsi que la beauté de la piste d’athlétisme de ce stade », se souvient un habitant de la ville de Bafoussam. A ce jour, ces éléments qui faisaient son charme ont totalement disparu. L’aire de jeu a été envahie d’herbes ; la piste d’athlétisme, elle, est devenue méconnaissable. Quant aux gradins et vestiaires, ils sont devenus le refuge des malfrats qui y agressent même pendant la journée.
L’espoir de voir cette infrastructure se muer à la faveur de la CAN 2019, devrait vraisemblablement être renvoyé aux calendes grecques.
Gael Tadj