Annoncés à grand renfort de publicité, Palais, Académie de Sport et Centre technique n’ont toujours pas été édifiés. Entre autres retombées de la visite du président de la République Paul Biya en Chine, il y a la signature de l’accord d’un prêt sans intérêts de 50 millions de Yuans, soit 4,250 milliards de F Cfa destinés à la construction d’un palais des sports. Cette signature est la suite d’une procédure entamée en 2001.
1. Le palais des sports chinois
Le 23 septembre de cette année, le Chef de l’Etat habilite le ministre des Investissements publics à signer, avec le gouvernement de la République populaire de Chine, un accord pour la construction d’un palais de sports de 5.000 places à Yaoundé. L’annonce est faite par le ministre assistant au ministère chinois du Commerce extérieur et de la Coopération économique, He Xiao Wei, en visite au Cameroun. Montant du financement : 14 milliards de F Cfa. D’après la convention, la Chine apporte son soutien financier et son expertise technique tandis que, de son côté, le Cameroun est chargé de mettre à la disposition des Chinois un terrain adéquat pour l’implantation dudit projet et leur faciliter les procédures administratives en ce qui concerne le transport des engins devant servir à la construction.
Après moult tergiversations, les Chinois optent finalement pour le site de Warda, au lieu de celui d’Olembé, de Madagascar ou encore de Mvan qui leur étaient proposés. Et contrairement à ce qu’on aurait pu penser, le site marécageux de Warda offre plutôt l’avantage, disaient alors les techniciens chinois venus expressément au Cameroun en fin d’année dernière, d’être adapté au type de construction envisagé. Seulement, depuis le troisième trimestre de 2002 au cours duquel le site a été sécurisé, plus rien. Aucun son d’engins, ni de trace humaine faisant croire à un début de travaux. Au contraire, les planches servant de barrière de fortune ont commencé à être détruites par endroits par les populations riveraines. Des ouvertures qui laissent entrevoir une broussaille haute de plusieurs mètres. Toutes choses qui ont fait croire que le projet de construction d’un palais de sports à Yaoundé avait été étouffé dans l’oeuf ou alors classé au rang des chantiers abandonnés de la République; jusqu’à la récente visite de Paul Biya en Chine.
D’après le directeur des Affaires générales (Dag) du ministère de la Jeunesse et des Sports (Minjes), Pierre Noungui, la partie camerounaise a fait son travail : « La suite est entre les mains de nos partenaires chinois. Après la reconnaissance du site, les experts chinois ont effectué des prélèvements qu’ils ont amené chez eux pour des analyses minéralogiques approfondies, afin de savoir quels types de matériaux seraient adaptés au sol pour la construction du palais des sports ». Par ailleurs, poursuit-il, « il était question qu’après les résultats des analyses, un appel d’offres soit lancé. Ce n’est qu’après la sélection d’un entrepreneur que l’on allait parler de la construction proprement dite. Seulement voilà, l’épidémie de pneumonie atypique est survenue en Asie et les Chinois n’étaient plus autorisés à sortir de leur territoire ».
La construction pourrait débuter au lendemain du retour de Paul Biya de la Chine. Ce d’autant plus que les 4,250 milliards de F Cfa accordés lundi dernier au Cameroun par la Chine et concernant la construction de l’infrastructure sportive sont un avenant à la dotation initiale des Chinois qui était de 10 milliards de F Cfa. D’après Pierre Noungui, une étude du projet entre experts chinois et camerounais avait permis de se rendre compte de ce que les 10 milliards annoncés au moment de la signature de la convention en septembre 2001 ne pouvaient suffire pour la construction d’un tel projet : « Compte-tenu de la réalité locale et de la qualité du site choisi, il devait se poser des problèmes supplémentaires. » Les travaux sont prévus pour durer deux ans et demi à compter de la pose de la prémière pierre. Le projet de construction d’un palais des sports comprend un complexe sportif couvert de 5.000 places assises et qui compterait des aires de jeu pour une variété de disciplines sportives. On pourra y retrouver un terrain de handball, de basket-ball, de volley-ball et des espaces aménagés pour des disciplines telles le judo, la gymnastique, le tennis de table…
2. Le centre technique de la Fécafoot
Lors du conseil d’administration de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) tenu le 25 janvier dernier à Yaoundé, le président Iya Mohamed annonce l’achat « d’un terrain de 6 hectares pour plus de 100 millions de F Cfa sur la route de Nsimalen, en vue de construire [un] centre d’entraînement ». La construction de l’infrastructure est partiellement financée par le projet Goal de la Fifa « et éventuellement des dons, le tout pour un coût total prévisionnel de l’ordre de 400 à 450 millions de F Cfa ». En son temps, cette annonce a été bien appréciée par le grand public qui ne cesse, chaque jour, de déplorer l’absence d’infrastructures dignes de ce nom dans le pays des quadruples champions d’Afrique. Ce d’autant plus qu’Iya Mohamed faisait la promesse selon laquelle « [Le] centre doit être opérationnel au plus tard à la fin de l’exercice en cours ».
A quatre mois de la fin de leur échéance (décembre 2003), on ne peut pas dire qu’entre l’annonce de la construction du centre (en janvier) et maintenant, Iya et ses lieutenants aient beaucoup avancé. Et chose curieuse, c’est au niveau de la Fécafoot que ça coince. « Dès que la clôture sera élevée, les travaux de construction de l’édifice vont débuter », affirme Alioum Aladji, le chef du département des Finances, qui assure en outre que les financements sont disponibles « à la Fédération internationale de football association (Fifa) ». En effet, le Cameroun fait partie des pays (avec le Tchad, le Liberia…) ayant bénéficié, cette année, du projet Goal, une subvention ponctuelle accordée par la Fifa au pays nécessiteux en vue du développement du football. Ce qui devrait se traduire, sur le terrain, par la construction d’infrastructures sportives et des bâtiments de cours d’instruction. L’enveloppe du projet Goal, chiffrée à 400.000 dollars Us (soit environ 260 millions de F Cfa), est en ce moment retenue par la Fifa qui voudrait s’assurer de l’effectivité des travaux avant de débloquer l’argent.
A cette enveloppe, s’ajoute l’aide financière annuelle de la Fifa aux associations nationales qui s’élève à 175.000 de dollars Us (environ 110 millions de F Cfa). Bref, les avoirs de la Fecafoot dans les comptes de la Fifa basés à Zurich avoisineraient, d’après Alioum Aladji, 435 millions de F Cfa destinés à la construction du centre d’entraînement d’Odza. Il ne devrait donc, en principe, se poser un problème de finances. Puisque par ailleurs, la Fifa a mis à la disposition de la Fécafoot un plan et un expert. Ce dernier sera chargé de coordonner les travaux de construction de l’édifice « qui pourrait changer en fonction des réalités locales, explique Alioum Aladji. Mais l’architecture de base restera telle que définie par la Fifa ». A savoir : 2 à 3 terrains de football, un bâtiment administratif et des dortoirs (pour filles et garçons). Même s’il y a tout de même lieu de s’inquiéter du retard pris par les travaux. Car la clôture qu’il est question d’élever est prévue pour être prête d’ici décembre, date de la fin de l’exercice en cours, et période fixée par Iya Mohamed pour voir le centre opérationnel. Le site a tout de même pris les allures d’un chantier : les arbres et arbustes ont été déracinés et le terrain aplani.
3.L’académie sous-régionale de la Caf
L’académie sous-régionale de sports est le dernier projet d’infrastructure en date dont on a entendu parler. C’était le 1er avril dernier. Le comité exécutif de la Confédération africaine de football (Caf) réuni à Johannesburg (Afrique du Sud) annonçait son intention de construire six académies sur le continent, afin d’assurer la continuité du développement du football africain. Celle-ci seraient reparties d’après un découpage sous-régional. Quelques mois plus tard, le Cameroun était choisi pour abriter l’académie sous-régionale de l’Afrique Centrale, au détriment de la Guinée Équatoriale et du Gabon, pourtant disposés à fournir le terrain demandé par la Caf. Il aura pourtant fallu l’entregent du président de la Caf, Issa Hayatou, auprès des hautes autorités de l’Etat pour que celui-ci mette (enfin !) à la disposition de la Caf le site de Mbankomo, d’une superficie totale de 23 hectares. La Caf va également solliciter de l’Etat la viabilisation du site (route, voirie, électrification, approvisionnement en eau potable et si possible branchement du téléphone). De son côté, elle supporte le budget du projet évalué à environ un milliard et demi de F Cfa. Les populations expropriées ont d’ores et déjà été indemnisées pour environ 10 millions de F Cfa. Les premières études techniques ont été entreprises sur le terrain par les services compétents de la Mefou et Akono : Cadastre, Urbanisme, Domaines, Mines, eau et énergie, travaux publics…
La pose de la première pierre était fixée au mois d’août. Une suggestion du président de la Caf à qui le projet tient à coeur. D’ailleurs, M. Hayatou aurait souhaité que les travaux débutent plus tôt. Mais le décès de Marc Vivien Foé, le 26 juin dernier, avait retardé les choses. Les prévisions de Yaoundé-Mbankomo ne seront alors jamais respectées. La pose de la première n’aura pas lieu en août. Même pas au mois de septembre. « Le problème ne vient pas de nous, s’exclame de fait Appolinaire Ngangué du bureau Caf de Yaoundé, puisque les financements sont là! Il s’avère que le dossier administratif n’a pas encore abouti ». Pourtant, poursuit son collègue Abel Mbengue, « Le dossier foncier complet et régulier a été déposé au ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat. Les contacts informels sont entrepris auprès des ministères impliqués en vue d’accélérer les différentes procédures ». Ainsi, malgré l’accord du chef de gouvernement, Peter Mafany Musonge, qui a assuré au président de la Caf (lors de l’audience à lui accordée en juillet dernier) de sa disponibilité à appuyer la concrétisation de cet important projet, on ne peut pas dire qu’au Cameroun, on mesure l’ampleur et l’importance d’un tel projet.
Certainement la raison pour laquelle ce dossier n’est pas traité avec célérité comme le souhaite Issa Hayatou, ou le chronogramme initial qui prévoyait le début effectif des travaux le 1er octobre 2003. Même si par ailleurs, La réalisation du projet n’a pas encore été attribuée à un entrepreneur. « Compte-tenu de son importance, le président de la Caf souhaite confier ce projet à une entreprise confirmée », ajoute M. Mbengue. Toutefois, le terrain a été mis à nu, et les travaux de sondage ont débuté. Les académies de la Caf auront pour mission, explique son secrétaire général, l’Egyptien Mustapha Fahmy, « de parfaire la formation des experts de notre continent dans les différents aspects de notre sport à savoir : l’entraînement, l’arbitrage, l’administration, la médecine du sport, le marketing et les nouvelles technologies ». Chaque académie devrait comprendre outre un bâtiment administratif abritant des bureaux, les salles de travail, un réfectoire et une ou plusieurs salles de cours, deux terrains de football (dont un en gazon naturel et un deuxième en gazon artificiel), ainsi qu’un terrain multi-sports. Mais avec le don supplémentaire de 3 hectares (au lieu de 20 comme précédemment demandés par la Caf), d’autres bâtiments pourraient voir le jour, d’ici à fin 2004 début 2005. « Inch Allah », s’exclame alors Issa Hayatou.