« Comment les Camerounais font — ils pour être de si bons footballeurs sans infrastructures appropriées ? » Ainsi s’étonnait un confrère burkinabé lors de la dernière Coupe d’Afrique militaire disputée récemment à Yaoundé. Une interrogation proche des propos d’un autre à Brazzaville en décembre 2003, lors de la Coupe de la CEMAC remportée par les Lions A’. » Ces Camerounais seraient presque intouchables en Afrique s’ils avaient des infrastructures appropriées « , faisait-il remarquer. C’est connu, le palmarès du football camerounais tranche avec la pénurie de ses infrastructures sportives.
Trois stades omnisports. Et dans quel état ? Le constat est là. Implacable. Le championnat de première division se joue sur les aires de jeu d’une autre époque de Mathusalem. Parler d’un développement du football camerounais s’arrime obligatoirement avec une restructuration des infrastructures sportives. Le Cameroun a besoin aujourd’hui, d’au moins, dix stades viables au moment où l’on parle d’un championnat de première division à 14 clubs.
La rénovation du stade omnisports de Yaoundé est aujourd’hui un acquis. Cette réhabilitation devrait entraîner une prise de conscience sur l’exigence de la construction de nouvelles infrastructures. Quatorze stades avec des aires de jeu adéquates. Un rêve impossible ? Assurément pas. Tout réside dans la volonté des dirigeants de la Fécafoot à vouloir effectivement aller jusqu’au bout des sentiments qui semblent les animer depuis le 6 juin dernier : moderniser le football camerounais. Où trouver les financements? L’organisation d’une compétition internationale de la trempe d’une Coupe d’Afrique des nations de football serait la solution idoine. Prenons l’exemple de l’Allemagne qui a profité de l’organisation de la dernière Coupe du monde pour se doter d’un ensemble de stades de très haut niveau. La Bundesliga en a vite mesuré les effets puisqu’elle tourne à 40.000 spectateurs en moyenne par match. Autant que la qualité du spectacle, le confort des enceintes sportives est devenu un élément essentiel de leur fréquentation. Quand on entre dans un stade comme on pénètre dans hôtel luxueux, on est forcément tenté d’y revenir.
Par ailleurs, il appartient également aux clubs, et pas uniquement aux pouvoirs publics de trouver des financements nécessaires pour faire de leurs enceintes, des pôles modernes de spectacles, de loisirs et pourquoi pas de commerce. Augmenter les recettes aux guichets, tel pourrait être l’enjeu de ce vaste et indispensable chantier. La compétitivité du football camerounais est à ce prix. Pour faire entendre sa voix en Afrique et dans le monde, il ne suffira pas uniquement de monter de belles équipes. Il faudra aussi construire de beaux stades.
Louis MATEA