La réception de l’ouvrage était initialement prévue le 13 octobre 2013. Plus de deux semaines après la date butoir librement arrêtée par les autorités camerounaises il y a un an, les travaux piétinent. L’immeuble supposé servir de catalyseur du football camerounais vers le professionnalisme peine à sortir de terre.
Au moment de la pose de la première pierre, le 13 novembre 2012, à Yaoundé, l’ancien président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), Iya Mohammed, avait clairement indiqué que le chantier serait livré le 13 octobre 2013. Malgré ces assurances, c’est plutôt le statut quo. Pour tout dire, les travaux n’ont véritablement pas évolué.
Seuls le laxisme et l’incompétence avérés des autorités sportives camerounaises peuvent expliquer l’incroyable retard qu’accusent le chantier. Et pourtant, tous les financements étaient disponibles puisque issus essentiellement des retombées de la participation du Cameroun à la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. L’argent cantonné dans un compte de la Fifa en Suisse peut être utilisé à tout moment, à condition que la fédération fasse la demande.
Le coût de construction de cet immeuble de cinq étages sur une surface de 2500 m2, soit 1 milliard 786 millions de Fcfa, n’a pas mis fin aux souffrances des employés du chantier qui crient à la maltraitance. Récemment entrés en grève, ces «Misérables» réclament plusieurs mois d’arriérés de salaire à Guimar Cameroun S.A, l’entrepreneur. Conséquence, ils ont rangé pelles, brouettes et autres truelles. En même temps, les populations autochtones expropriées posent d’autres problèmes d’indemnisation.
Nous avons appris, de sources internes à la Fecafoot, que si l’entrepreneur ne paye pas ses ouvriers régulièrement, c’est parce qu’il n’a plus reçu le moindre copeck de la Fecafoot depuis belle lurette. Selon la même source anonyme, les premiers 400 millions décaissés pour la première phase des travaux auraient été déjà utilisés. Personne, à la Fecafoot, n’est en mesure de dire quand sera débloquée la deuxième tranche pour relancer les travaux.
Ce chapelet de revendications contraint le président du Comité de normalisation de la Fecafoot, Joseph Owona, à effectuer, dans les prochains jours, une descente sur le site de Warda pour s’enquérir de la situation. Mais, il ne faudrait surtout pas s’attendre à ce qu’il apporte des solutions miracles pour le nouveau siège de la Fecafoot.
Car, cet ancien ministre de la Jeunesse et des Sports et ex secrétaire général de la présidence de la République nommé par la Fifa dans un contexte de crise en juillet, a, essentiellement, au-delà de la gestion des affaires courantes, pour mission principale la relecture des textes querellés de la fédération camerounaise de football et l’organisation de nouvelles élections à la date butoir du 31 mars 2014.
Ainsi, au grand dam des Camerounais, ce nouveau siège de la Fecafoot qui devait comprendre des bureaux, une salle de conférence de 200 places, un restaurant de 52 places, des locaux techniques de 30 mètres carrés, un rez-de-chaussée et des parkings, reste hypothétique.
Cette situation rappelle le triste souvenir encore frais dans les mémoires, du Programme national de développement des infrastructures sportives (Pndis). Lancé en 2007, ce projet d’infrastructures modernes prévoyait la construction du Grand stade Paul Biya de 66000 places couverts à Yaoundé et d’autres stades de football modernes dans tous les chefs-lieux de régions et départements, grâce à l’apport financier d’Exim bank China, pour un coût total de 272 milliards de Fcfa.
Malheureusement, les premiers stades du Pndis, qui devaient être inaugurés en 2012 sont également tombés dans une profonde léthargie. A l’image du nouveau siège de la Fecafoot, le Pndis agonise. Preuve évidente dans ce pays gouverné depuis trois décennies par des slogans, que l’émergence à l’horizon 2035 ne passera pas par le développement des infrastructures sportives. Le bout du tunnel est encore loin. Très loin même !
Par Jean Robert Fouda, à Yaoundé