Amateurisme. A chaque sortie des Lions Indomptables, la délégation est toujours truffée de membres de la Fécafoot, sans mission claire.
Pendant le tournoi de la Lg Cup qui a pris fin la semaine dernière au Maroc, des journalistes présents dans la délégation camerounaise ont dénoncé les effectifs « pléthoriques » de la Fédération camerounaise de football.
« Il y a ici, 20 officiels qui occupent 20 chambres, expliquait Bouba Ngomena, l’envoyé spécial de Radio Siantou. Ceux qui jouent sont à l’étroit et des gens oisifs sont bien logés. Que font-ils ? Ils sont pour la plupart en villégiature à Marrakech. Pendant que certains font des emplettes, d’autres sont là, à écumer les couloirs de l’hôtel. On peut citer le Vice-président Francis Mveng, le secrétaire général Tombi à Roko, Aboubakar Alim Konaté, Pierre Batamack, Etienne Tamo, il y a aussi Abanda Stéphane allias le « billeteur ». Ils sont nombreux et on ne sait pas ce qu’ils font ici à Marrakech. »
Le scénario est le même lors de toutes les compétitions internationales de football. En juin 2010, en Afrique du Sud, les bureaux de Tsinga s’étaient désertés. La Fécafoot s’était pointée à la Coupe du Monde avec une délégation de 50 personnes. Le chiffre n’était pas loin de celui-là quelques mois plus tôt en Angola, lors de la Coupe d’Afrique des Nations. Rien n’échappe à ces dirigeants de la Fécafoot, même pas les matchs amicaux.
Ce sont des individus mis en mission, sans aucune feuille de route. Une fois sur place, ils n’assistent même pas aux matchs des Lions, mais s’illustrent dans les virées nocturnes, s’installent dans les restaurants et bars de leurs lieux d’accueil, font du shopping, harcèlent des joueurs, draguent à tout va, font de la délation, du commérage, etc. Exemple : après le match aller des éliminatoires de la Can 2012 au Sénégal, le ministre des Sports est monté au créneau pour dénoncer des « responsables » qui n’avaient pas prêché par le bon ensemble en envahissant l’hôtel des Lions la veille du match en compagnie de péripatéticiennes.
Avec des délégations aussi encombrées, le cafouillage est garanti. Des journalistes présents à la Lg Cup au Maroc révèlent que les représentants de la Fécafoot à cette compétition étaient si nuisibles que le nouveau sélectionneur, Denis Lavagne, a failli en venir aux mains avec le vice-président Francis Mveng. Idem pour Tombi à Roko, qui a eu une prise de bec avec Blaise Omgba du ministère des Sports.
La présence de tout ce monde dans les délégations qui accompagnent les Lions Indomptables est simple, dit un ancien cadre de la Fécafoot. Pour s’assurer la fidélité, voire l’assujettissement de ses collaborateurs, confie-t-il, Iya Mohammed, en plus de l’argent qu’il distribue, dispose d’une arme redoutable : les missions et tous les frais qui les accompagnent. C’est Iya Mohammed qui décide de qui voyage ou non. A la moindre incartade, vous êtes écarté. C’est le cas du vice-président de la Fécafoot, David Mayebi, en rupture de ban avec son président. Il ne voyage quasiment plus.
Selon le responsable de la communication de la Fécafoot, Junior Binyam, il est excessif de parler de délégation pléthorique s’agissant des dirigeants de la Fédération qui accompagnent les Lions. « Plusieurs personnes dans les délégations sont souvent invitées par la Fifa. Je crois que chacun a toujours eu un rôle dans la délégation, même si je pense que tout le monde n’est pas indispensable. Il y en a qui ne sont pas nécessaires », affirme Junior Binyam.
Dans cette galaxie des « voyageurs » de la Fécafoot, il y a des inconditionnels. Ils sont pratiquement de tous les voyages. Qui sont-ils ? Que font-ils ? Portraits de ceux qui encombrent l’environnement des Lions Indomptables.
Jean-Bruno Tagne