Samuel Eto’o et Rigobert Song l’avaient totalement humilié lors de la CAN 2023 en Côte d’Ivoire. C’était un bis repetita de la masterclass de l’humiliation de Qatar 2022 deux ans quatorze mois plus tôt. Malgré une saison totalement ratée, Onana et Man United ont sauvé leur année. Même si le manager ten Hag ne résistera peut-être pas à la furie des investisseurs, la finale de la FA Cup a été la démonstration du modèle de jeu du néerlandais.
Une heure après la victoire contre l’ogre Man City, Onana et man United étaient encore sur le terrain. Certains joueurs ont soulevé le trophée comme un trésor de guerre. D’autres l’ont serré contre eux comme si c’était leur bébé. Il fut un temps où Manchester United remportait ces finales, posait pour des photos et disparaissait. Cela fait bien longtemps, lorsque le club remportait des trophées de manière successives.
Erik ten Hag était le plus heureux de tous. Il se peut que le meilleur jour de sa carrière avec Manchester United ait été le meilleur de son séjour. Le manager, à la fin de cette rencontre contre Man City, est allé vers les deux buteurs de la soirée. En réalité, beaucoup d’hommes se sont révélés lors de cette rencontre. Du brutal Bruno Fernandes à l’inspirant Lisandro Martínez en passant par l’indomptable André Onana. Mais Ten Hag voulait être seul avec Alejandro Garnacho et Kobbie Mainoo. Des joueurs de ballon, des buteurs en finale de coupe, des héros de Wembley, des adolescents. Ten Hag leur a caressé les oreilles, leur a ébouriffé les cheveux, les a regardés comme un père fier sur le point de s’en aller à la guerre.
Onana et Man Utd font le blocus pour se sortir de la qualité de Man City
En y pensant, c’est peut-être à ce moment-là que la ligne entre présent et l’avenir de United a été tracée. Et au milieu de l’exaltation, il y avait aussi une qualité dissonante de valétudinaire, le sentiment d’une fin. Selon certaines informations, Ten Hag pourrait être sur le point d’être licencié. Il pourrait bien s’agir de son dernier acte en tant qu’entraîneur de United. Ce qui, bien sûr, soulève un certain nombre de questions connexes, mais aussi contradictoires.
La première : comment peut-on finir comme ça ? Car il ne s’agit pas seulement d’une grande victoire, mais d’une grande performance de United. Et peut-être même – compte tenu de son sens de l’opportunité et de sa valeur de surprise – l’une des grandes performances de United. Il y avait du flair, de la verve, du rythme et de la détermination. Cette performance ressemblait au type de football auquel un club comme United devrait aspirer en 2024.
On a entendu qu’il serait ridicule que l’on porte un jugement sur Ten Hag sur la base d’un match à élimination directe. N’est-ce pas ainsi que la plupart des matches de football, de la Coupe du monde à la Ligue des champions, sont décidés ? La nature même du sport est qu’il y a des moments où tout est en jeu. Non seulement des trophées et des médailles, mais aussi des carrières et des héritages. Gagner dans ces moments n’est pas la panacée. Mais il est ridicule de prétendre qu’ils ne comptent pas.
La deuxième question : pourquoi United ne peut-il pas jouer comme ça toutes les semaines ? Toute la saison, Ten Hag a blâmé les blessures de Martínez, Raphaël Varane, Luke Shaw, et il l’a encore fait ici. « Quand les joueurs sont en forme, nous pouvons jouer un bon football », a-t-il déclaré. Mais les blessures arrivent et, de toute façon, cela n’explique pas à lui seul pourquoi United a si souvent semblé déficient mentalement et techniquement, dépassé non seulement en termes de tactique mais aussi d’envie.
Erik ten Hag, le chant du cygne ?
Jouer comme ce samedi chaque semaine serait, d’une certaine manière, l’antithèse même du fonctionnement de Manchester United. C’est un club construit pour les hauts et les bas, un véhicule de divertissement commercial en tenue de sport. Ce club parfois peut battre les quadruples champions d’Angleterre et parfois s’effondrer dans un tas contre Crystal Palace. Ten Hag l’a implicitement reconnu lorsqu’il a annoncé son intention de faire de United la meilleure équipe de transition au monde. Cela a tendance à mieux fonctionner lorsque vous avez de l’espace pour faire la transition. Tous les matches ne se dérouleront pas contre Manchester City avec une possession de balle de seulement 27 %.
Malgré tout, lorsque Ten Hag a parlé de « jouer selon notre identité », on a enfin compris ce qu’il voulait dire. Si le premier but de Garnacho était un coup de chance, le second de Mainoo – un étonnant jeu de passes longues et courtes, à droite et à gauche, de Marcus Rashford à Garnacho à Fernandes à Mainoo – en était le schéma directeur. Même le siège en fin de match – les arrêts d’Onana, les blocages désespérés, les tirs à bout portant – a semblé authentiquement United, un cours magistral sur la détermination et la confiance en soi, et sur le fait de simplement faire ce qu’il faut faire. C’est aussi ce que l’on appelle au Cameroun, le Hemlè.
Quelle sera la prochaine étape ? Il y a une équipe dirigeante côté football, une nouvelle campagne européenne à mener. Et même si les Glazers continuent à empester les lieux, à assécher le bilan et la joie, il y a au moins la sensation d’un renouveau. De nouveaux visages dans les coulisses, de nouvelles recrues cet été, peut-être même le retour de Jadon Sancho (mais s’il vous plaît, pour l’amour de toutes les choses sacrées, pas Mason Greenwood).
Et bien sûr, il reste à voir si cet avenir radieux a une place pour Ten Hag. Quoi qu’il en soit, il a laissé un héritage plein d’espoir : un style de jeu lisible, deux jeunes de 19 ans qui entreraient dans la plupart des clubs du monde, des souvenirs en or et un savoir-faire en matière de conquête de trophées qui avaient pu être perdus pendant une décennie. Cela ne suffira peut-être pas à sauver son poste. Mais Ten Hag a redonné à United une partie d’eux-mêmes.