Conforté par la défaite avec les honneurs contre la France (2-3) et la victoire sur le fil en Mauritanie (1-0) synonyme de qualification pour la Can 2017, le technicien belge a justifié ses choix chez nos confrères de Fifa.com. En se passant de joueurs comme Stéphane Mbia, Sébastien Bassong et Carlos Idriss Kameni, finalement rappelé mais en vain, le sélectionneur du Cameroun bâtir une équipe capable de tutoyer les mastodontes du football mondial.
C’est peut être le nouveau visage conquérant des Lions contre la France en amical le 30 mai dernier au stade de la Baujoire à Nantes, doublée de la qualification pour la prochaine Coupe d’Afrique des nations au Gabon, qui a augmenté le capital confiance d’Hugo Broos. Sinon il est fort à parier que le sélectionneur de l’équipe nationale serait aujourd’hui sous l’éteignoir, cueilli à chaud par des critiques virulentes dont seul les supporters des quadruples champions du monde en ont le secret. Dans un entretien à bâtons rompus avec nos confrères de Fifa.com mardi dernier, le technicien Belge se confie à cœur ouvert sur l’héritage que lui a légué son tristement célèbre prédécesseur Volker Finke et sur les perspectives d’avenir qu’il entend matérialiser avec le groupe qui a séduit avec un jeu simple et agréable il y’a plus d’une semaine.
Performance individuelle
Courageux, entreprenants, combattifs et très sûrs d’eux, nos Lions ont fait bloc pour éviter le naufrage comme leur avait prédit certains observateurs. De quoi donner du baume au cœur du sélectionneur, présenté comme un looser à sa désignation et vomi par une bonne partie du gotha du football camerounais. « Depuis mon arrivée, j’essaye de bien connaître les joueurs et de choisir les meilleurs pour représenter leur pays. On s’étonne parfois de mes choix mais ils sont parfaitement réfléchis. Pour obtenir des résultats, il faut d’abord constituer un groupe et choisir des joueurs capables de cohabiter sur et en dehors du terrain. Les internationaux doivent comprendre que l’objectif est la victoire de l’équipe et non leur performance individuelle », souligne l’ancien entraîneur de la Js Kabylie sur le site de la Fifa. « Nous avons désormais un groupe cohérent, comme j’ai pu le constater lors de notre dernier rassemblement à Nantes et durant le match amical contre la France », ajoute-t-il.
Travail considérable
Les joueurs absents du dernier rassemblement ont peut-être du souci à se faire. Stéphane Mbia, Idris Carlos Kameni, Sébastien Bassong, Christian Bekamenga et Cie risquent de ne plus arborer le maillot des Lions. Priorité sera désormais faite au noyau dur qui a offert le passeport gabonais au Cameroun suite à une rude bataille dans un groupe M qui rassemblait la Mauritanie, l’Afrique du Sud et la Gambie. « Notre sésame pour le Gabon n’a pas été facile à obtenir. J’ai pris mes fonctions à mi-chemin et j’ai obtenu un nul face à l’Afrique du Sud pour mon premier match », se souvient le technicien. « Je ne connaissais pas bien l’équipe et les joueurs. J’ai ensuite commencé mon travail de développement dans tous les secteurs et je pense que l’écart est énorme entre l’équipe qui a rencontré l’Afrique du Sud et celle qui a gagné face à la Mauritanie lors de la dernière journée. Nous avons effectué un travail considérable à la tête de la sélection jusqu’à présent. »
Le Cameroun a été éliminé dès le premier tour à la Can 2015 malgré de belles performances en qualifications et une large victoire face à la Côte d’Ivoire. La page est aujourd’hui tournée. Broos se dit conscient de l’enjeu et croît pouvoir compter sur le temps pour bâtir au final, une équipe dotée d’une âme de vainqueur. « La Can est dans six mois environ. Avant, il y a un dernier match de qualification pour la Can et deux matches de qualification pour Russie 2018. Nous avons beaucoup de travail devant nous et nous allons essayer de développer cette équipe dans tous les secteurs », prévient Broos. « Est-ce que le Cameroun est prêt aujourd’hui pour remporter la Can ? je répondrai qu’il est encore trop tôt pour en parler. Mais si nous poursuivons sur la lancée de ces deux derniers mois, nous le serons. »
Mondial 2018 en ligne de mire
En attendant, le Cameroun et tout le continent auront les yeux rivés vers Le Caire le 24 juin prochain à l’occasion du tirage au sort du dernier tour des qualifications de la zone Afrique pour Russie 2018. « Le Cameroun est dans le troisième chapeau et je m’attends donc à un groupe difficile », note le sélectionneur d’un Cameroun, qui n’a manqué qu’un rendez-vous mondialiste depuis 1990. « Il ne faut pas oublier que nous sommes en pleine transition et que nous construisons une nouvelle équipe. Nous nous sommes certes qualifiés pour le Brésil, mais nos performances y ont été décevantes. Il faut absolument oublier cette édition et penser à l’avenir », précise-t-il. Et d’ajouter : « La qualification pour la Coupe du monde dépendra de la rapidité des joueurs à se fondre dans le projet de reconstruction. Nous devons composer une équipe solide, capable de tenir bon face à n’importe quel adversaire. Si les joueurs appliquent les consignes que nous leur donnons à l’entraînement, tout ira bien. Maintenant, nous allons attendre le tirage au sort du 24 juin et une fois nos adversaires connus, nous saurons quelles sont nos chances sur le papier. Mon premier objectif avec cette équipe est la qualification pour Russie 2018. »
Pronostics
L’Afrique a envoyé les mêmes représentants pour les deux dernières éditions du Mondial : Cameroun, Nigeria, Ghana, Côte d’Ivoire et Algérie. Un groupe d’équipes parmi lesquelles figurent les favoris de Broos : « Je pense que l’Algérie, la Côte d’Ivoire et le Ghana sont bien placés. Ces équipes ont conservé leur niveau depuis 2014 mais tout est possible en football. Tout le monde s’attendait à une lourde défaite quand nous avons rencontré la France en amical. Or, nous avons fait un très bon match et nous sommes inclinés de justesse. Il est difficile de faire des pronostics mais, en théorie, les équipes qui se sont qualifiées pour la dernière édition ont une longueur d’avance », conclut-il. On ne perd rien à attendre.
Christou DOUBENA