Hugo Broos est décidemment sur l’offensive et pourtant, les derniers résultats de l’équipe nationale qu’il dirige sont catastrophiques, peut-être tous des accidents de parcours. En 10 matchs post-CAN2017, le bilan est de 2 victoires, 5 défaites spectaculaires, et 3 matchs nul. Et pourtant, le coach vit encore pleinement dans sa bulle victorieuse du Gabon en février dernier.
Les raclés contre la Colombie, l’Allemagne et maintenant contre le Nigéria ne l’ont toujours pas réveillé. Il a servi ce dimanche matin à travers une interview impromptue une leçon de patriotisme aux camerounais. Verbatim…
Coach, aux lendemains de la défaite du Cameroun contre le Nigéria, vous demeurez bel et bien le coach des Lions Indomptables?
Certainement. Je n’ai jamais compris pourquoi cette nouvelle est apparue dans les journaux. Ce n’est pas la première fois que nous sommes dans une situation qui n’est pas bien. Je me souviens au mois de novembre après le match contre la Zambie, je me souviens encore l’année dernière après les deux matchs contre la Zambie. Ce n’est pas une raison pour dire que je m’enfuis. C’est une motivation pour dire à tous ceux qui critiquent maintenant et qui démolissent l’équipe qu’ils ont adoré il y a six mois, qu’ils ont tort. Chaque fois j’ai réussi et je vais réussir maintenant aussi.
Concernant la sélection des joueurs, vous êtes le seul responsable et ne subissez aucune pression dans vos choix ?
Je n’ai aucune pression. J’ai pleinement confiance en mes joueurs. On peut cataloguer le match de vendredi dernier comme un accident de parcours. Naturellement. C’est un accident qui est grave, parce qu’on est éliminés de la Coupe du monde de l’année prochaine. On a sept points de retard et il reste encore trois matchs. On doit gagner les trois matchs mais le Nigeria doit perdre. Donc ce ne sera pas évident. On encore une toute petite chance. C’est naturellement grave, très grave même. De l’autre côté, ce sont des matchs difficile à prévoir. On n’avait aucun signe la semaine dernière qui disait que les joueurs n’étaient pas bien, moralement et physiquement. On avaient pleinement confiance aux joueurs. J’ai eu des entretiens avec les joueurs et personne ne m’a dit… oui coach ci, oui coach ça. Tout le monde avait le focus sur le match. On savait que c’était un match très important, mais ce qui est arrivé sur le terrain est presque inexplicable.
Avec un peu de recul, aux lendemains de la CAN, le Cameroun a subi de grosses contreperformances. Quelle est la lecture que vous faites de la situation actuelle du Cameroun ?
Il ne faut pas oublier qu’après ce qu’on a vécu au Gabon, et vous avez vu comment le pays a réagi, il y a toujours une décompression. C’est tout à fait normal. On a été adoré, on a été applaudi, on était les héros du pays et après c’était très difficile de « changer à nouveau le bouton » (de repartir, Ndrl…). On a eu ça aussi un peu à la Coupe des Confédérations où le focus n’était pas vraiment. Les joueurs étaient très sollicités par leur prestation. Donc le moment n’était pas vraiment idéal pour nous d’aller jouer en Russie pour la Coupe des Confédérations. Mais après, les joueurs ont pris tout en main, et je le redis encore une fois. Je ne sais pas si je peux expliquer pourquoi nous avons joué comme ça, pourquoi on a livré une prestation comme ça. Je ne sais pas quoi vous dire. Je peux peut-être vous donner dix raisons et chaque raison va être discutée. Mais c’était un match vraiment désastreux. On n’a pas reconnu la vraie équipe camerounaise, pas de collectivité, pas de combattivité, tout ce qui a été à la CAN et pour laquelle on a été vraiment applaudi où il y avait une équipe, un bloc sur le terrain. Il n’y avait rien de tout cela contre le Nigéria et c’est pour cela que je dis que c’est vraiment un grave accident de parcours parce qu’on est conscients qu’en perdant ce match, ce n’est pas seulement le fait de le perdre, mais le score est vraiment inacceptable.
Alors coach, au niveau des critères de sélection des joueurs, pouvez-vous nous dire sur quels critères justement vous vous basez ? est-ce que c’est vous qui assumez les sélections à l’équipe nationale ? Est-ce que écoutez à gauche, est-ce que vous tenez compte des propositions …
Il n’y a qu’une personne qui est responsable pour les sélections et c’est moi et moi seul. Il n’y a personne, personne qui essaie de m’influencer. C’est tout à fait naturel que j’en parle avec mon staff. J’ai Alex Belinga qui regarde ici le championnat local. Il y a Sven Vandenbrook et moi qui allons visionner les joueurs en Europe. Et tous les trois on discute sur les possibilités, et à la fin c’est moi qui décide les 23 joueurs. Voilà. C’est simple comme ça. Et toutes les remarques vraiment ridicules et malsaines que j’ai lu à propos des joueurs qui appartiennent à la région de Tchami le Manager de l’équipe, mais écoutez, où est-ce que les gens vont chercher ça? Ils sont vraiment malsains et incorrects. Et je ne vois pas le but. Parce qu’en faisant ça, ils essaient de manipuler, de perturber l’équipe. Est-ce que ces gens là veulent que l’équipe joue mal? Est-ce que ces gens là veulent qu’il y ait de mauvais résultats? Alors là ce ne sont pas de vrais camerounais parce qu’ils travaillent contre l’équipe et ça c’est grave. C’est encore plus grave que de perdre 4-0 au Nigéria.
Vous dites au sujet de votre séjour avec les Lions Indomptables que non la démission n’est pas à l’ordre du jour. Vous êtes là jusqu’à quand avec les Lions Indomptables ?
Jusqu’au moment où je sens que c’est mieux de partir. Moi je n’ai aucune raison de partir maintenant. Mais si les gens qui ont maintenant beaucoup à dire et qui disent beaucoup de mensonges continuent, peut-être à un certain moment, ça deviendra impossible de travailler dans la sérénité. Et alors là, on va voir. On va se mettre à table et voir si c’est encore possible de continuer. Mais pour l’instant, il n’y a aucune raison, mais aucune raison de démissionner. Dommage pour les gens qui espèrent peut-être que je m’enfuis maintenant.