L’inauguration du stade Marc Vivien Foé à Lyon s’est faite en l’absence des ministres camerounais, pourtant en mission. Une mini-émeute. Des dizaines de gamins, futurs pros, en hystérie. Une plaque : Stade Marc Vivien Foé, anciennement Stade Jules Verne. Le légendaire visionnaire français aurait-il pu prédire un tel destin à un jeune footballeur camerounais ?
Toujours est-il qu’à en croire le maire de Lyon, Gérard Collomb, « les villes et les nations reconnaissent leurs génies, leurs bâtisseurs et leurs légendes. Et Marc Vivien Foé est un fils, une légende de la ville de Lyon ». Ce n’est donc pas uniquement pour « le maillot des lions indomptables » qu’il lui a offert avec lequel il a gagné la Coupe d’Afrique », mais également pour les bienfaits à la communauté lyonnaise : un championnat de France, une coupe de la ligue et surtout la contribution marquante au retour en première zone de l’Olympique lyonnais au sein de l’élite du football français.
Malgré toute cette marque d’estime, avec un art consommé de l’improvisation et une culture irascible du retard, les Camerounais ont impressionné leurs homologues lyonnais. Aucun officiel camerounais, sinon le président Iya Mohamed de la Fecafoot et les joueurs de l’équipe nationale. Les officiels, ministres notamment, n’ont pas daigné honorer la cérémonie ou tout simplement se présenter à l’heure. Ce n’est qu’à quinze heures, soit deux heures après la fin de cérémonie qu’une importante délégation du ministère de la Culture arrivait avec bagages et costumes, à la gare de Lyon sous la conduite du ministre d’Etat, Ferdinand Oyono. Too tate.
Curieux, puisque l’on pensait qu’après le formidable concours d’improvisation et l’extraordinaire cacophonie déployée lors de la Coupe des Confédérations, les délégations du Minjes et du Mincult avaient pris la mesure des dégâts qu’entraîne l’importation des tropicalismes. A l’Unesco à Paris, il y deux semaines, en prélude au match dédié à Foé, à l’occasion du vernissage d’une exposition y relative, l’on avait cru à un début de changement : organisation parfaite, respect du timing?Hélas, il a encore fallu cette inauguration symbolique pour que la réalité nous rattrape.
Préparation
Finalement, l’hommage rendu à Marc Vivien Foé le 11 novembre dernier n’aura valu que par la participation des joueurs étrangers et par le retour sur le terrain des Lions indomptables. Le sélectionneur national ne s’y est d’ailleurs pas trompé. Winfried Schäfer a mis les petits plats dans les grands en trouvant un moyen idoine de consolidation de l’effectif en vue de la Can 2004. Les séances d’entraînement qui ont précédé le match n’avaient rien d’un prologue à un match de gala. Seuls Salomon Olembé et Rigobert Song, arrivés trois heures avant la rencontre, n’ont pu se faire aux exercices ardus et parfois harassants supervisés par le staff technique des Lions indomptables. Sérieux et rigueur au programme. Une articulation des séances entre différents compartiments de l’équipe. En attaque, Mboma, Eto’o et Mokake, nouvel impétrant venu du Canon de Yaoundé, ont donné la pleine mesure de leur bagage technique. Dans un autre registre, le jeune Lillois Makoun a été intraitable dans l’animation de jeu. En défense, la fluidité entre Tchato, Song et Mettomo tourne à l’hilarité, tant les automatismes semblent huilés et les bévues limitées. Les autres joueurs qui ont participé à la rencontre de l’amitié, notamment Patrick Suffo et Raymond Kalla, n’ont pas pris part aux séances de training, comme d’ailleurs Pierre Womé sur qui l’ire du ministre de la Jeunesse et des Sports, Bidoung Mpkatt, à la suite du conflit pré-coupe du monde 2002, semble encore vigoureusement planer.
Abdelaziz Moundé, à Lyon