Des bandits armés ont rendu visite à l’équipe nationale cadette à Ombé.
Les quatre costauds agents de Shepherd security and consultancy international, une société de gardiennage locale, ont l’air particulièrement nerveux. Postés à l’entrée principale du Centre de développement des ressources humaines de Aes-Sonel de Ombé, petite localité de la province du Sud-ouest, ils auraient vraisemblablement reçu l’ordre de » ne pas laisser entrer n’importe qui « . Malgré la fine pluie qui arrose la ville ce dimanche matin, 20 juillet 2003, la plupart des visiteurs n’auront donc pas le droit de franchir le portail. » N’insistez surtout pas, nous ne faisons que notre travail « , rappelle t-on au reporter de Mutations qui souhaite rencontrer les dirigeants de l’équipe nationale de football des moins de 17 ans qui, depuis le début de la semaine dernière, y peaufinent la mise au vert de leurs poulains en vue de la participation du Cameroun au prochain championnat du monde prévu du 17 au 31 août prochain en Finlande…
Dans la nuit de jeudi à vendredi derniers en effet, une bande de gangsters armés de pistolets automatiques et de fusils de fabrication artisanale a fait irruption dans la cage des Lionceaux. » Il était environ 2 h du matin, et nous dormions profondément. Nous nous sommes brusquement réveillés lorsque la porte de notre dortoir a été cassée. Trois messieurs sont ensuite entrés, armes au poing… « , témoigne le joueur Atangana Barnabé Patrick, venu s’entretenir un instant avec quelques amis bloqués, comme tous les visiteurs, à la guérite du Centre. » Comme le ministre était là le matin (jeudi, 17 juillet 2003. Ndlr) pour nous confirmer notre stage en Allemagne avant la coupe du monde, les gars croyaient qu’il avait laissé l’argent des primes à nos responsables. Et c’est ce qu’ils calculaient certainement « , ironise le capitaine Momo, qui dit cependant avoir reçu des consignes, avec ses coéquipiers, de ne pas faire de déclarations sur cette affaire…
Revenons au forfait. Il se trouve, selon toute évidence, que les malfrats connaissaient parfaitement les lieux. Ils étaient, semble t-il, tout aussi bien renseignés sur la légèreté de la sécurité aux alentours du Centre : une dizaine d’agents seulement, pour un espace large de plusieurs milliers d’hectares! Haute de moins de deux mètres, la barrière de contournement surmontée par des grilles n’est pas infranchissable non plus. C’est donc de la palmeraie et des broussailles, qui ornent l’arrière des bâtiments de leur verdure, qu’arriveront les cambrioleurs. Une vingtaine, selon les témoignages. Premier arrêt : la directrice du restaurant, à qui ils délesteront, » sans attirer le voisinage « , la somme déclarée de 750.000 francs Cfa.
Entre temps, les coins stratégiques du Centre sont quasiment encerclés. Sam, le chef cuisinier, est la seconde victime. A lui, les criminels arrachent un téléphone portable et la somme de 40.000 francs Cfa.
Ce dernier profitera d’ailleurs d’un petit instant de distraction des visiteurs pour prendre ses jambes à son cou, en criant en direction des joueurs. Rien n’y fait, pas de secours annoncé, et les bandits ont déjà assiégé le dortoir des dirigeants des Lionceaux. Tour à tour, le coach principal, Anatole Abe’e, est pris dans la nasse : 40.000 francs Cfa, un téléphone portable et quelques coups. Même sort pour son adjoint couché dans la chambre en face : 100.000 francs déclaré et un téléphone portable. Réveillé par le bruit, l’entraîneur des gardiens de but, Mbarga, tente de sortir lorsqu’on lui pointe un pistolet à la tempe, avant de lui assener un coup de cross sur la nuque. Ses deux téléphones et son argent (non évalué) lui seront soutirés dans la foulée. Le médecin des Lionceaux, Dr Mboa, est le seul dit-on, à avoir tenté de tenir tête aux assaillants. Cet acte de bravoure lui son téléphone et 800 dollars ; il s’inclinera malheureusement, face au déséquilibre des forces.
Activisme
Moins de deux quarts d’heure auront suffit aux malfrats, pour réussir leur délit. Passablement éloignés des dortoirs, les vigiles en poste cette nuit-là n’y ont vu que du feu. Pareil pour le voisinage direct de Esukè Old Camp. Pas la peine de parler du poste de police ou de gendarmerie le plus proche : il se trouve à… Mutengene ! Rapidement alerté par les responsables du Centre, le gouverneur de la province du Sud-ouest est nuitamment descendu sur les lieux, en compagnie d’une escouade de forces de l’ordre. Thomas Edjakè Mbonda y restera même jusqu’au petit matin, question de soutenir moralement le groupe des champions d’Afrique cadets. Première décision aux aurores : la mise aux arrêt, à la brigade de gendarmerie de Buea, de tous les vigiles de Shepherd security and consultancy international en service au Centre dans la nuit du vol. Secundo, le dispositif de sécurité tout autour des installations de Aes-Sonel de Ombé, est, depuis lors, discrètement renforcé (dans la brousse arrière notamment) par des militaires, des gendarmes et des sentinelles de la société Wackennut. Et, pour finir, une enquête a été initiée par les autorités administratives et de maintien de l’ordre de la province du Sud-ouest, afin de mettre la main sur ces braqueurs.
Eugène Dipanda, à Ombé