L’entraîneur de football fait une lecture du jeu des Lions Indomptables face aux Libyens ce dimanche et parle des solutions à mettre en place pour juguler les soucis offensifs.
Les Lions Indomptables ont battu la Libye par un but à zéro et du coup se sont qualifiés pour le dernier tour éliminatoires de la Coupe du Monde zone Afrique, Brésil 2014. Quelle appréciation faites-vous du jeu des Lions face à la Libye ?
Le Cameroun s’est retrouvé face à une équipe qui a joué très compacte en défense au cours de la première période. Les Libyens ne sortaient pratiquement pas ou alors, c’est un seul attaquant qui sortait de temps à autre. Ça fait quand dans cette configuration en défense renforcée les Lions ont eu beaucoup de difficultés à approcher la surface de réparation libyenne. Il y a eu un déficit dans la création du jeu et dans l’exploitation des couloirs latéraux, parce qu’on n’a pas vu des centres en retrait. Gaétan Bong est y est allé quelques fois. Mais Dany Nounkeu sur le côté est resté totalement statique. L’animation des couloirs excentrés n’a pas été efficace. Le passage dans l’axe se faisait dans un jeu assez décousu. Ça n’a vraiment pas été facile. Mais, en seconde période les Libyens étaient obligés de sortir, parce qu’ils étaient menés par un but à zéro. On a tout de même vu quelques enchaînements qui démontrent que quelques joueurs ont du talent au niveau individuel. Il y a encore beaucoup du travail à faire, parce qu’en quatre matchs les Lions n’ont inscrit qu’un seul but.
Quel regard jetez-vous sur le jeu par compartiment chez les Lions ?
En ce qui concerne le gardien de but, Charles Itanje a essuyé deux actions chaudes des attaquants libyens. C’était des actions de but sur le jeu aérien. Donc, en dehors d’une ou de deux interventions dans les pieds des attaquants libyens, Itanje a passé une soirée assez tranquille. Cela est dû au fait que sur le plan défensif, l’axe central de la défense des Lions a paru tellement robuste et conquérant, parce que Chedjou et Nkoulou ont été plus autoritaires. Nounkeu ne montait pas trop, a joué l’essentiel, c’est-à-dire conserver l’imperméabilité de son flanc droit. Bong de temps en temps s’est essayé dans des montées où il perdait des ballons et parfois il faisait des centres qui prenaient toute l’attaque à contre-pied. Ça fait que les Libyens ont profité pour passer de son côté, parce que son retour était un peu difficile.
Dans l’entre-jeu, Matip, Alexandre Song et Makoun (pour le quart d’heure qu’il a joué), ça n’allait pas très bien. Makoun essayait même de porter le ballon. Mais, après sa sortie, le milieu de terrain des lions est resté non seulement orphelin, mais on eu l’impression qu’il y a eu un problème de responsabilité entre Song et Matip. On ne savait plus qui était le vrai récupérateur devant la défense. Chacun jouait le rôle de l’autre et cela a fait en sorte que de ce point de vue, les joueurs se marchaient sur les pieds. Globalement, au niveau de la récupération, ça été assez efficace avec Enoh Eyong aussi bon dans la récupération. Sauf qu’au niveau de la relance, le milieu n’a vraiment pas joué son rôle. Après la sortie de Makoun on a senti que ça a plongé.
Sur la Ligne d’attaque, je ne sais pas pourquoi Volker Finke a joué avec deux attaquants tournants. Il sait bien que Choupo-Moting joue en décrochage. Il n’est pas ce genre d’attaquant qui reste dans la charnière défensive adverse, ainsi qu’Eto’o, qui n’a plus ses 20 ans où, quand il revient, il décroche pour aller chercher le ballon avant de se projeter encore vers l’avant. Quand Choupo et Eto’o décrochaient pour s’excentrer, il n’y avait plus personne dans la charnière centrale adverse. C’est pour cette raison qu’en d’autres temps on a pensé à la titularisation des joueurs comme Webo ou un véritable attaquant de fixation pour garder cette défense centrale afin qu’elle ne joue pas assez libre comme elle l’a fait.
Quant aux remplaçants, Mbia est entré à la place de Jean II Makoun. C’est un remplacement qui m’a laissé un peu interrogatoire, parce que le jeu de Makoun était plus en technicité. Lorsqu’on le sort, on perd en cette qualité et il aurait fallu qu’un autre joueur de la même qualité vienne compenser cette technique. Mbia ne pouvait pas le faire et c’est pour cette raison qu’on a eu des problèmes techniques au milieu de terrain. Zoua a remplacé Eto’o, qui a été rudoyé par un défenseur adverse. Jacques Zoua a été complètement perdu au niveau de l’attaque. On a l’impression qu’il n’a pas été préparé psychologiquement. Landry Nguemo est venu pour préserver le résultat. Sur le plan tactique, c’était bien vu.
Selon vous, quelles sont les clés pour jouer et se qualifier définitivement face à l’adversaire du dernier tour ?
Quand nous regardons les potentiels adversaires des Lions, il y a le Ghana, une équipe très offensive. Elle est très solide et stable. Le Nigeria nous a montré un beau visage au cours de la dernière Coupe des Confédérations, qui est une équipe solide, avec un bon collectif. La Côte d’Ivoire et l’Algérie sont des équipes assez offensives, mais fébriles sur le plan défensif, sans oublier l’Egypte, qui est une équipe assez complète. Il faut résoudre les problèmes offensifs chez les Lions, parce que défensivement les Lions n’ont pas assez de problèmes. Surtout que lorsqu’on va récupérer des joueurs comme Assou Ekotto, Jean Armel Kana Biyik, Bedimo ou Allan Nyom, sur le plan défensif, il n’y a pas de problème. On a des problèmes sur le plan offensif, parce qu’Alexandre Song, Matip Nguemo et Eyong jouent leur rôle, il faut chercher à marquer des buts. Le staff technique peut, en l’absence d’un véritable N°10, animer le jeu sur les côtés avec deux milieux excentrés, qui sont offensifs. Il y a des joueurs comme Aboubakar Oumarou, Fabrice Olinga, Dongou, qui peuvent jouer sur les couloirs. Il y a des attaquants comme Choupo. Mais, il faut aligner deux milieux excentrés qui sont complémentaires des latéraux afin que les Lions aient le maximum de centres en retrait. C’est ça la solution. Nos futurs adversaires, pour la plupart sur le plan tactique, sont disciplinés. Ce sont des équipes qui marquent. Mais, qui peuvent également avoir des failles sur le plan défensif. Lorsque le tirage va être effectué, le match aller sera à Yaoundé et il faudra prendre une bonne avance de deux ou trois buts pour être en sécurité au retour. Sinon, ça va être difficile. Une victoire de un but à 0 à Yaoundé à l’aller par exemple face à une équipe comme le Ghana ou l’Egypte, on ne peut pas, au retour espérer quelque chose. Il faut mettre le sérieux sur l’offensive.
Entretien mené par Antoine Tella à Yaoundé