Depuis la retraite internationale de Samuel Eto’o, Henri Bedimo (30 ans) est devenu le doyen d’une sélection camerounaise en tête de son groupe des éliminatoires de la CAN 2015 avec quatre points d’avance sur la RDC et la Côte d’Ivoire. Avant d’affronter justement ces deux adversaires, dès samedi, le latéral gauche de l’Olympique Lyonnais se montre confiant.
RFI : L’équipe camerounaise a été considérablement rajeunie depuis le Mondial. Ces belles victoires contre la RDC (2-0 le 6 septembre) et la Côte d’Ivoire (4-1 le 10 septembre) pour débuter les éliminatoires de la CAN 2015 vous ont-elles surpris ?
Henri Bedimo : C’est vrai ! Lors de notre premier match en RDC, je pensais que notre groupe pouvait ramener un match nul. Mais une telle victoire, brillante, m’a bluffé.
Vous disputez vos deux derniers matchs de ces éliminatoires face à ces mêmes adversaires qui sont au pied du mur. Y a-t-il un risque que votre sélection craque, avec son inexpérience, sous la pression ?
Non ! On a encore un petit matelas, certes pas très confortable, mais un matelas quand même (quatre points). Avec ce premier match à domicile (contre la RDC samedi), s’il l’on garde cette même ligne de conduite, notre qualification peut être en poche. Mais il faut rester humble et rigoureux pour bien gérer cette rencontre.
Le Cameroun a manqué les deux dernières éditions de la CAN, mais aussi son Mondial avec une élimination au premier tour. Comment expliquez-vous ce retour en grâce ?
Notre groupe est jeune. Il n’a pas vécu ces derniers déboires. Beaucoup de joueurs, aujourd’hui, ont tout à prouver. Voici, peut-être, l’explication.
La retraite internationale de Samuel Eto’o a-t-elle libéré certains joueurs ?
C’est certain ! Lorsqu’on a un tel joueur dans un groupe, on se dit qu’en cas de difficulté, il prendra le match à son compte. Sans lui, le groupe s’est retrouvé dos au mur et a dû prendre ses responsabilités.
Avec son fort caractère, Eto’o ne prenait-il pas trop de place ?
Il prenait son rôle, en tant que capitaine et ancien, vraiment à cœur. Trop de place ? A chacun d’en juger.
Et vous, avez-vous à présent de nouvelles responsabilités ?
Forcément. J’ai un peu plus de bouteille que les jeunes et j’essaye d’être irréprochable sur et en-dehors du terrain. Ensuite, la nouvelle génération suivra.
Avez-vous songé à arrêter la sélection nationale après la Coupe du monde ?
Cela m’a traversé l’esprit. Surtout après cet échec autant sportif qu’humain. Je pense que l’on n’a pas montré un beau visage. Mais pour des raisons personnelles et après une discussion avec le coach (Volker Finke), j’ai décidé de continuer.
Lors du Mondial, on vous a vu souvent amer, déçu, notamment après les deux premiers matchs passés sur le banc. Avez-vous digéré cette compétition ?
Digéré, oui. Sinon, je ne serais peut-être pas revenu. Nous avons beaucoup parlé avec le sélectionneur. Il m’a expliqué ses raisons. Une discussion d’hommes, entre quatre-z-yeux. Pendant deux semaines et demie, durant mes vacances, j’ai pu réfléchir et tirer une conclusion suite à cet échange.
La Confédération africaine de football a décidé de maintenir la CAN 2015 aux dates initiales (17 janvier – 8 février) malgré la demande de report du Maroc, pays organisateur, suite au virus Ebola. Qu’en pensez-vous ?
C’est une bonne chose. La CAN perdrait de sa saveur si on la déplace à une autre période. Selon la CAF, il n’y aurait aucun risque de contamination. Je ne refuserai pas de participer à cette compétition.
Votre club de Lyon vous donne-t-il des consignes de sécurité particulières ?
Il y a des échanges mais c’est tout. Les médecins de la sélection sont également qualifiés et professionnels. Personne n’a essayé de me dissuader d’aller en Afrique.
« Les propos de Willy Sagnol ? Je préfère garder mon opinion pour moi »
Alors que Willy Sagnol avait créé la polémique et suscité de multiples réactions la semaine dernière suite à ses propos sur « le joueur typique africain », Henri Bedimo a préféré cacher son avis, tout en le laissant sous-entendre. A-t-il été blessé ? « Je n’ai aucun commentaire à donner. Je risque de dire des choses brutales. Je préfère garder mon opinion pour moi. Y répondre donnerait de l’importance à tout ça ».
Par David Kalfa, RFI.fr