La descente du ministre des sports et de l’éducation physique, Adoum Garoua au site de construction du gymnase multisports de Douala, dont la charpente métallique s’est écroulée dans la nuit de vendredi 03 janvier n’a apporté aucun élément nouveau. Les interrogations sur les raisons du retard du chantier, ainsi que les véritables raisons de cet effondrement qui aurait pu provoquer une catastrophe humaine demeurent un mystère.
Le complexe, initié par le Président de la République du Cameroun en 2010, faisait partie d’un projet qui devait s’implanter dans les dix régions du Cameroun, accuse un retard de près d’une année et demi sur l’échéancier. Pourtant, l’enveloppe de 500 millions de francs Cfa a été déboursée pour la matérialisation dudit projet.
L’entreprise de construction, New Services TJR, basée à Yaoundé, choisie on ne sait sous quelle base et par quel critère pour ce marché, n’a jamais évoqué les raisons de la non livraison des travaux. Comme on peut le lire sur l’image de la pancarte du site, la pause de la première pierre a été effectuée le 10 mars 2011 pour des travaux qui devaient s’étendre sur 6 mois. Le 10 mars 2013, nous serons à deux années de construction. Et jusque là, rien ne permet d’espérer que le chantier pourra être livré même avec un an et six mois de retard.
La théorie de l’incident
L’un des ingénieurs en charge de ce marché, tente comme il peut de trouver des explications à ce qu’on aurait pu appeler la tragédie de Bépanda: « dans la nuit de vendredi 03 janvier, l’une des aubades censées soutenir la charpente métallique du complexe multisports du littoral a lâché, provoquant l’affaissement de la charpente ». Un scénario qui n’a convaincu personne. L’hypothèse de sabotage n’est pas exclue par les ingénieurs de New Services TJR qui veulent à tout prix se disculper aux yeux du représentant du gouvernement venu s’enquérir de la situation: « Une personne a détaché dans la nuit l’aubade qui soutenait la charpente. Nous ne savons pas si ceci a été volontaire ou accidentel ». Trop simpliste comme argumentaire aux yeux du Gouverneur de la Région du Littoral qui a répliqué du tic au tact : « Vous avez les preuves de ce que vous dites »?
Le lieu dit « camp tchadien », endroit choisi pour la construction de que l’on appelle pompeusement « Complexe multisports du Littoral », ressemble dès le premier regard à un chantier sinistré et mal articulé. La capacité de l’immeuble est déjà trop modeste pour une ville de près de 3 millions d’habitants. Les principes élémentaires de physique semblent avoir été foulés au pied par nos ingénieurs. Plusieurs masses de fer soutenu par deux aubades, qui sont fixées par de vulgaires boulons de qualité douteuse devant à leur tour soutenir des tonnes de fer. « C’est la tornade qui a soufflé pour basculer cette charpente ?» , s’exclame Beti Assomo, le Gouverneur de la Région du Littoral. Une question qui traduit bien les suspicions des autorités devant la gymnastique argumentaire de l’entreprise New Services TJR.
Maladroitement, les employés insistaient pour se faire entendre par le ministre des Sports. Adoum Garoua quant à lui a eu pour seul commentaire que l’incident se soit produit sans perte de vie humaine: «Dieu merci qu’il n’y avait personne».
Vivement que l’enquête ouverte permette d’identifier rapidement les vraies raisons de l’effondrement et que les actions soient prises afin de parachever cet infrastructure de 2000 places, qui est néanmoins très attendue dans la capitale économique.
James Kapnang à Douala