Vendredi dernier, Gilbert Kadji faisait salle comble. Des journalistes venus de part et d’autre du cameroun ont répondu à son appel. Durant près de trois heures, l’homme à l’initiative du centre qui a sorti plusieurs Lions actuels, a échangé sur le football camerounais mais est resté vague sur ses intentions.
A la question de savoir si ou non, il sera candidat à la présidence de la fédération camerounaise de football (Fécafoot), Gilbert Kadji, pourtant très bavard sur sa « petite révolution », s’est contenté d’être évasif : « je vous ai présenté ma vision pour développer le football camerounais. Et si je ne m’abuse, sur le carton d’invitation que vous avez reçu, il est bien écrit « conférence sur la réflexion du football camerounais ». Eh bien, l’important n’est pas de savoir si Gilbert Kadji sera le n°1 ou le n°10 pour conduire ce programme. L’important ce que ces idées de développement du football camerounais soient exploitées et couronnées de succès ». Malgré l’insistance des journalistes et même des « fans clubs » présents dans la salle, Gilbert Kadji ne lèvera aucun zone d’ombre sur sa candidature.
Mais pour Mathias Tangue, dit le « Prophète de Bamboutos » venu spécialement de Mbouda pour cette conférence, « Gilbert Kadji sera bel et bien candidat ! Cela ne fait l’ombre d’aucun doute. D’ailleurs, il y a des proches de Gilbert Kadji qui sont déjà en campagne dans l’arrière pays. C’est le cas de Tchoffa qui mène des campagnes à Bamenda. C’est le cas de Fomekong à Mbouda et Tafissong à Dschang. A Bamboutos, nous attendons seulement que Kadji soit président de la Fécafoot pour réintégrer Bamboutos Fc en championnat d’élite et pour qu’on inaugure le stade de Mbouda récemment construit», prophétise Mathias « le prophète ». Ferdinand Nana Payong, présent à l’estrade lors de cette conférence soutient qu’il connaît M. Kadji il y a 25 ans alors qu’il était encore directeur commercial du groupe Kadji. « Si aujourd’hui Gilbert Kadji vient devant les camerounais pour présenter ces idées, cela veut dire qu’il les a bien analysé, mûri, virgules après virgules, avant de venir les présenter au grand public », a argué l’ex responsable du département marketing de la Fécafoot. Voici du reste la vision du football camerounais pour les quatre prochaines années.
Un budget annuel de 7 milliards Fcfa
Pour Gilbert Kadji, le football camerounais a une réputation qui fait des jaloux dans le monde. Il n’est donc pas question que la Fécafoot se contente des « miettes » avec certains partenaires. Il pense que s’il était à la tête de la Fécafoot, il voterait un budget annuel de 7 milliards Fcfa. Dans ce contexte, les 20 clubs du championnat d’élite (c’est le chiffre qu’il a avancé), auront chacun 100 millions Fcfa de subvention. Pendant que les clubs de la Mtn Elite Two auront chacun 75 millions de Fcfa de subvention. « Il y a des partenaires qui sont prêts à nous prêter jusqu’à 10 milliards Fcfa pendant quatre ans. Il faut juste que le gouvernement donne sa caution pour que nous déployons notre machine », annonce Gilbert Kadji.
Le financement du championnat
«Le football est un spectacle. Et un spectacle bien organisé avec des joueurs motivés, c’est le public qui pourra tirer son compte. Il faut dissoudre les clubs tels qu’ils existent à l’état actuel et créer des clubs populaires. Chaque région du Cameroun pourra s’identifier à un club. Du coup, tout le monde pourra se reconnaître dans ce club. Il faut donc 20 clubs. Chaque club pourra avoir son stade d’entraînement à côté de son centre de formation. Chaque région aura un stade de 5.000 places (qu’on pourra agrandir selon les besoins). Si chaque supporter paye 1.000 frs par matches sur les 19 rencontres multiplié par 5.000 places, cela 95 millions par an pour chaque club. Par ailleurs, on pourra fabriquer des maillots de supporters pour chaque club que les supporters achèteront. Les Camerounais ne boivent-ils pas 900 millions de bouteilles de bière par an ?»
Une saison étalée sur …4 ans !
«Il faut que les 20 clubs du championnat d’élite évoluent dans la même division pendant 4 ans ! Sans qu’aucun club ne monte, ni ne soit relégué en division inférieure. On fait la même chose avec la Mtn Elite Two. A la fin de cette longue saison de 4 ans, on totalise les points et les premiers de la Mtn Elite Two accède en Mtn Eltie One et les derniers du championnat d’élite sont relegués en Mtn elite Two. Quatre ans, c’est le temps qu’il faut pour qu’un véritable club soit constitué.»
Voilà l’une des propositions que Gilbert Kadji a fait avec tout le sérieux qu’on lui connaît. C’est pourtant cette proposition qui sera l’un des points qui aura suscité une chaude discussion avec les hommes de médias qui semblent ne pas bien avaler cette pilule.
La formation des jeunes
«Chaque club doit avoir un centre de formation pour former les jeunes. Il faut qu’en levée de rideau des matches, que les équipes juniors s’affrontent. Cela leur permettra de s’habituer à un « véritable public ». Par ailleurs, il faut organiser de véritables compétitions scolaires comme aux Etats-Unis.»
Le statut des joueurs
Il faut créer un véritable statut du joueur pour que les joueurs soient motivés pour offrir du spectacle. Pour M. Kadji, les 50.000 frs de salaires que proposent actuellement la Fécafoot est insignifiante. Il faut que chaque joueur du championnat d’élite gagne entre 200.000 et 250.000 frs Cfa mensuellement. Cela lui permettra de sortir de la clochardisation et l’encouragera à rester au pays. La saignée des joueurs Camerounais qu’on observe en ce moment va finir, tranche le président Kadji. Car « dans un vrai club, il faut un vrai salaire ».
La transparence dans la gestion
Pour la transparence dans la gestion, Gilbert Kadji propose qu’on évite de manipuler l’argent frais.« Il faut, dit-il que chaque joueur, les arbitres, aient un compte bancaire et que toutes les opérations se passent à travers des virements bancaires pour la traçabilité des opérations. Ou alors à défaut, on utilisera des chèques.»
La transparence dans l’arbitrage
Il faut la transparence dans l’arbitrage pour éviter les décisions qui suscitent les polémiques. Pour M. Kadji, la diffusion des matches à la télé réduiront de manière conséquente les tricheries des arbitres. De plus, il faut des séminaires de recyclage des arbitres.
Le football féminin
Le football féminin ne doit pas être négligé. Il doit calquer sur le même modèle que le football masculin.
Et autres…
En dehors des points suscités, Gilbert Kadji dit que plusieurs points n’ont pas été abordés. Ceci est juste un canevas qui mérite une profonde réflexion. Et « rien ne dit que toutes ces idées sont a priori bonnes. Mai l’objet de ce débat est de trouver de véritables solutions. Qu’on commence à bouger les lignes car les choses paraissent impossibles mais lorsqu’on démarre on se rendra compte que rien n’est impossible », a insisté Gilbert Kadji.
Eric Roland Kongou à Douala