Geremi Njitap, ancien joueur du Real Madrid et de l’équipe nationale du Cameroun, est le vice-président du syndicat international des footballeurs professionnels, la FIFPro. Le Camerounais s’inquiète pour le sort des joueurs en Afrique face à la pandémie de coronavirus. Il salue toutefois l’arrêt des compétitions sur le continent. Entretien.
RFI : Geremi Njitap, y a-t-il des championnats nationaux qui se poursuivent en Afrique ?
Geremi Njitap : À ma connaissance, toutes les compétitions africaines, tous les championnats nationaux en Afrique, sont arrêtés. Cette pandémie fait des ravages. Aucun État ne souhaite exposer ses populations. Les dernières informations indiquent que 43 pays en Afrique sont touchés par le Covid-19. Il faut vraiment faire attention.
Soutenez-vous cet arrêt des compétitions ?
Je suis entièrement solidaire des décisions prises par la Fédération internationale de football (FIFA), la Confédération africaine de football (CAF), la FIFPro, l’Organisation mondiale de la santé et les États, pour protéger les vies humaines, et notamment celles des footballeurs. Ce sont ces mesures qui ont conduit à l’arrêt des compétitions en Afrique et partout dans le monde. Le football est une activité qui mobilise de grandes masses de personnes. Donc, il était important de tout arrêter.
Les footballeurs ne vont plus toucher de salaire durant plusieurs semaines. Êtes-vous inquiet pour leur situation financière ?
Votre question rappelle la condition salariale des footballeurs du continent. En effet, les joueurs ne sont pas toujours payés convenablement dans des circonstances normales. L’actualité du Covid-19 est venue renforcer cette situation. L’arrêt des compétitions est synonyme d’arrêt de travail pour les joueurs. Nous savons que les gouvernements n’ont pas encore défini les mesures nécessaires pour accompagner les clubs et les organisateurs de championnats. Il est normal que je ressente des frayeurs concernant la situation financière. Mais cette pandémie ne touche pas que le football et les footballeurs. Elle touche toutes les couches sociales, politiques et économiques du monde.
Est-ce que les footballeurs en Afrique vous semblent suffisamment sensibilisés aux risques liés au coronavirus ?
Avant d’être footballeurs professionnels, ce sont des citoyens et des chefs de famille. Je ne pense pas qu’être footballeur procure un sentiment d’invincibilité face à une pandémie aussi dévastatrice, qui a déjà causé la mort de milliers de personnes. Donc, oui, les footballeurs sont conscients de la menace. C’est la raison pour laquelle, à la FIFPro, au nom de la défense des joueurs, nous sommes invités dans tous les groupes de travail chargés de réfléchir aux impacts que cette situation aura sur les championnats et les autres compétitions de la saison 2019-2020.
La FIFPro Afrique a-t-elle mis en place des actions de sensibilisation concernant le coronavirus ?
Au niveau de l’Afrique, nous avons interpellé nos anciennes gloires, les légendes africaines, puisque ce sont des modèles qui peuvent véhiculer facilement des messages, sensibiliser aussi bien les footballeurs que le reste de la population africaine. Ils peuvent aider à faire respecter les consignes d’hygiène instaurées par les experts de la santé et par les États. Beaucoup de ces anciennes gloires ont répondu et ont passé à leur niveau des messages, et ce dans toutes les langues. Espérons que les gens vont respecter ces conseils.
Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?
Si vous le permettez, je voudrais aussi profiter de l’occasion pour m’adresser aux auditeurs de RFI. J’aimerais d’une part transmettre mon soutien et ma compassion à toutes les familles éprouvées par ce virus. Je souhaite aussi inviter les populations à respecter scrupuleusement les recommandations des autorités publiques.