Les Lions Indomptables devront remonter deux buts cet après-midi contre le Cap Vert pour se qualifier. Dans l’histoire des rencontres à élimination directe, trois fois, les Camerounais ont dû remonter un déficit de plus d’un but lors d’un match retour qui se déroulait à domicile. Au bilan, une qualification et deux éliminations. Retour sur ces rencontres…
1979, contre la Guinée (0-3, 3-0) : Milla héros malheureux
En 1979, malgré la domination sur le plan continental de ses clubs, le Cameroun n’est pas encore la sélection réference comme dans les années 1980. La preuve, depuis la CAN 1972 organisée à Yaoundé et Douala, la sélection qui n’a d’Indomptable que le nom n’a plus participé au rendez-vous continental. Dans cette ambiance, la défaite à Conakry contre la Guinée (0-3), si elle est très lourde n’est pas en soi une surprise.
Quinze jours plus tard pourtant, Roger Milla, arrivé la veille au Cameroun promet d’inscrire trois buts et d’offrir ainsi la qualification à la CAN 1980, qui se déroule au Nigeria voisin. En une mi-temps, il réalise sa promesse en inscrivant un hat-trick. La seconde mi-temps sera vierge au tableau d’affichage. A égalité sur les deux rencontres, les équipes seront départagées aux tirs au but. Roger Milla, ratera le sien et n’en tirera plus avec l’équipe nationale jusqu’en 1986 et un tir au but réussi contre l’Egypte en finale de la CAN.
1983, contre le Mozambique (0-3,4-0) : La motivation ministérielle
Au sortir d’une Coupe du monde plutôt réussie, les Lions Indomptables se font surprendre à Maputo (0-3), avant de prendre leur revanche et de se qualifier trois semaines plus tard. Joseph Kamga, explique les raisons de cette revanche. « Au match aller à Maputo, nous les avions pris de haut, on avait un complexe de supériorité. On a joué ce là avec quatre attaquants (Ebongué, Eyobo, Nguea et Djonkep). De plus, nous avions des joueurs qui nous avaient quitté pour le professionnalisme, notamment Mbida et Nkono. Au match retour, nous avons fait le rappel des troupes pour renverser la vapeur, avec Nkono dans les buts. Et le Ministre des sports Ngongang Ouandji était venu nous remettre une prime exceptionnelle de 300 000 à l’hôtel du Progrès pour nous motiver. Pour lui, c’était inconcevable, qu’une équipe qui venait de jouer le Mondial ne puisse pas se qualifier pour la CAN. Nous avons mis le paquet et nous avons gagné la rencontre 4 buts à 0. »
Pour ce qui concerne le match d’aujourd’hui, l’ancien milieu de terrain est confiant : » Je pense qu’on va gagner. C’est un groupe expérimenté et ils ont les moyens de gagner par trois buts d’écart. Je suis confiant. »
1985, contre la Zambie (1-4, 1-1) : Les 102 bières des Lions
En avril 1985, les champions d’Afrique en titre commencent leur campagne éliminatoire pour la Coupe du monde avec un groupe rajeuni où apparaissent pour la première fois en rencontre officielle les frères Biyik. A Lusaka, ils subissent une lourde défaite (1-4, avec un 0-4 à la mi-temps). Trois semaines plus tard, malgré le rappel de tous les pros de l’époque (Milla, Nkono, Mfédé, Aoudou, Ekeké), le Cameroun doit se contenter d’un match nul (1-1). Pour André Kana-Biyik, l’adversaire était très fort : « C’était chaud là-bas, on avait été surpris, surclassés, ça allait très vite. Je me rappelle qu’Abel Mbengue (journaliste qui suivait l’équipe nationale dans ses déplacements) avait dit que les Lions avaient bu 102 bières. Sa manière à lui d’exprimer que nous avions été baladés, sonnés. Au match retour, malgré le rappel de tout le monde, on n’a pas pu les battre. Il faut dire que la Zambie de cette époque n’était pas facile à jouer, c’était une belle équipe et je pense que s’ils n’avaient pas eu leur catastrophe aérienne, ils auraient connu des succès internationaux beaucoup plus tôt. »
Concernant la rencontre de ce soir, l’ancien Havrais est confiant, malgré l’ironie qui pointe dans ses propos. « Si on a besoin d’une mobilisation générale maintenant pour battre le Cap Vert, que le Premier Ministre, l’Etat se mobilisent parce qu’on tremble avant de les affronter, ce n’est pas la peine. Le Cameroun devrait remporter ce match, ce qui ne doit pas nous empêcher de travailler. Ce n’est pas en changeant d’entraîneur tous les ans, avec les mêmes gens qui reviennent sous différents titres qu’on fait des progrès. »