Six mois ont suffi à la nouvelle équipe dirigeante de l’Union Sportive de Douala, conduite par Franck Happi son PCA, pour marquer l’histoire du club au million de supporters, 22 ans après le sacre obtenu en 1990. C’est un président ému, mais déjà fixé sur les objectifs du club la saison prochaine, que nous avons rencontré ce lundi, au lendemain du sacre de dimanche.
Camfoot.com : Félicitations pour votre titre de champion…
Franck Happi : Merci
Camfoot.com : Pourquoi avez-vous changé le slogan du club dès votre prise de fonction (Nassara Kamakai devenu Nassara Gamakai) ?
Franck Happi : C’est en fait une correction. Pendant longtemps cette appellation a été tronquée. C’est comme un nom qui est mal écrit devant l’officier d’état civil. Gamakai est un cri de ralliement dans le Nord du Cameroun, qui signifie en avant les étrangers, en avant les blancs. Vous savez l’Union tire ses origines dans le septentrion. Nous avions juste voulu rétablir la vérité.
Camfoot.com : Quel est votre sentiment après ce sacre, à peine arrivé à la tête du club ?
Franck Happi : C’est un sentiment de soulagement pour avoir accompli une mission. Mon équipe et moi que je félicite d’ailleurs, nous nous étions fixés pour objectif de donner un titre de champion du Cameroun au club tous les deux ans et une place en champions league africaine toutes les années durant les 4 ans que durera notre règne. Dès la première année nous avions obtenus le titre et c’est bénéfique pour nous.
Camfoot.com : Etre champion c’est une chose, mais se maintenir en est une autre. Quels sont les moyens que vous mettrez en jeu pour rester au sommet les prochaines saisons ?
Franck Happi : Une chose est sûre, tout n’a pas été parfait dans notre travail. Je ne vous dirai pas ici ce qui n’a pas fonctionné. Nous allons nous mettre en question afin d’améliorer nos performances. Secrètement, nous formulons le vœu de terminer la saison avec 13 victoires en autant de match. Nous allons renforcer notre effectif puisqu’il en faut afin de rivaliser avec la même performance sur les quatre fronts auxquels nous serions confrontés la saison prochaine (championnat, coupe, coupe de la ligue en création la saison prochaine et la champions league). Nous aurons de nombreux challenges à relever d’où un effectif conséquent et de qualité.
Camfoot.com : Vous êtes portés en triomphe par les joueurs en fin du match pour un tour de stade. Que ressent-on à un moment pareil ?
Franck Happi : Ils le font parce que vous avez réussi à leur redonner du sourire, du plaisir. Face à ceci je ne peux qu’être satisfait. C’est une fierté, un privilège. Tous ceux qui ont la chance de diriger l’Union, doivent garder à l’esprit que ce ne sont pas les dirigeants qui font l’équipe à l’Union de Douala, c’est l’équipe qui les fait ! Si je suis populaire aujourd’hui, c’est grâce à l’Union. C’est une équipe qui a une assise populaire énorme et qui donne une plate-forme exceptionnelle à toute personne qui accepte et qui aime faire les choses correctement.
Camfoot.com : Depuis 2008, Union de Douala est devenu un club cinquantenaire. Vos prédécesseurs attendaient un titre afin de célébrer les 50 années de vie de l’Union. Nous sommes tentés de vous demander à quand le cinquantenaire ?
Franck Happi : Le cinquantenaire est galvaudé. En fait l’Union est née en 1957 et à accédé en première division en 1958. Logiquement le cinquantenaire devrait être célébré en 2008. Malheureusement à cette époque je n’étais pas à la tête de l’Union, j’étais conseiller et rien n’a été fait dans ce sens. Nous verrons comment faire autre chose. Mais pour le cinquantenaire, il est un peu tard.
Camfoot.com : Quelles stratégies vous a permi d’obtenir ce titre ?
Franck Happi : La recette pour être champion avec l’Union de Douala cette saison, rien de plus simple : Notre technique fondamentale a été de redonner l’équipe aux supporters, c’est-à-dire renouer le contact avec la base. Avoir un staff compétent et s’occuper des joueurs. Qui respecte les joueurs prend en compte les engagements contractuels, dans les paiements et dans les rapports avec eux.
Camfoot.com : Après chaque but marqué par vos joueurs, vous aviez une célébration spéciale (il frappe d’une main son avant bras et embrasse les artifices de l’Union). Que signifiait ce geste ?
Franck Happi : (Rire) ça veut dire que l’Union de Douala est une affaire de filiation profonde. On naît dans l’Union de Douala. Vous savez l’histoire a une manie particulière de rétablir la vérité. Il y a environ une année j’ai été, de façon abjecte, mis à l’écart du comité de gestion de l’Union de Douala. Pour la simple raison que j’avais des divergences d’opinion avec l’ancien président. Que juste une année après l’histoire me bégaie et que je sois champion du Cameroun en battant l’équipe de l’ancien président… Cette célébration était une manière pour moi d’expliquer tout ceci. Vous êtes journaliste, vous avez passé des interviews, vous avez vu ce qui a été dit sur mon nom, vous avez vu comment le nom de l’Union de Douala a été trainé dans la boue. Aujourd’hui la vraie vérité est la vérité du terrain. A un moment donné il faut ceci. Les vrais supporters de l’Union comprennent mon message. Parce que les vrais supporters de l’Union n’ont jamais changé. Ils peuvent se mettre en berne, entrer en hibernation à un moment donné, prendre de la distance par rapport à l’équipe. Mais ils ne comploteront jamais contre leur équipe, jamais ! Nous n’avions jamais vu des vrais supporters de l’Union comploter contre cette équipe ou vouloir instrumentaliser les défaites de cette équipe. C’est pour ceci que je tenais à passer ce message, que l’Union, on l’a dans le cœur. L’Union n’est pas une équipe de mercenaires. On ne vient pas à l’Union pour vendre des joueurs et partir. On vient dans l’Union pour construire. Quand on vend des joueurs c’est pour que l’équipe en profite. Ce n’est pas pour s’en glorifier en partant.
Camfoot.com : Vous parliez de faire une bonne prestation en compétition africaine. Pouvez-vous préciser?
Franck Happi : Oui, je vais vous le dire clairement. Notre objectif est de passer en phase de poule. Ceci facilitera le financement et l’autonomie financière du club. Il faut passer à ce stade. Pour ce faire, nous avons prévu renforcer l’équipe en créativité et en vivacité. Car nous avons besoin de plus d’imagination pour faire de belles prestations en compétitions africaines.
Qui veut aller loin doit ménager sa monture
Camfoot.com : Aurez-vous les moyens de votre politique quand on sait que les clubs vendent leurs meilleurs joueurs pour renflouer les caisses ?
Franck Happi : (Sourire) Qui veut aller loin doit ménager sa monture. Nous ferons les efforts qu’il faudrait. Puisque je vous dis que la priorité pour nous la saison prochaine est de passer au moins la phase de poule de la champions league. Ceci nous importe plus que de remporter le titre de champion de Cameroun pour la 2ème fois d’affilée. Le plan de mon mandat à la tête de l’Union était pendant quatre années au moins deux titres locaux, donc au moins un championnat. Nous en avons déjà un. Après une coupe du Cameroun ce ne serait pas mal. Les quatre prochaines saisons. Nous allons être en champions league. Nous avons pour objectif principal l’année prochaine de terminer au moins 2ème pour être assurer de jouer la ligue des champions et de sortir de la phase de poule. Ce sont des objectifs à notre portée et nous ferons tout pour les réaliser. Car la champions league permet le développement de l’équipe afin de donner une bonne plate-forme à l’Union et nous permettre d’avancer dans ce que nous voulons faire. La coupe des confédérations pour moi n’est pas un objectif. Maintenant si la mayonnaise prend et qu’on a un autre titre qui nous tend la main, nous le prendrons.
Propos recueillis par James Kapnang