Le buteur camerounais du FC Zurich Franck Etoundi suivra avec attention les performances des « Lions indomptables » au Brésil et tout particulièrement celle de son frère Stéphane Mbia. L’attaquant est revenu pour RTSsport.ch sur sa première année zurichoise et a livré ses impressions sur le Mondial, où il croit que le Cameroun et la Suisse sont capables de réussir quelque chose.
A l’image du FC Zurich, Franck Etoundi a connu un excellent début d’année 2014 ponctué par le sacre en Coupe de Suisse face au « grand » FC Bâle. Le Camerounais de 23 ans vibrera bien sûr pour les « Lions indomptables » à la Coupe du monde brésilienne.
Et pour cause, son frère aîné Stéphane Mbia, fort d’une saison pleine avec le FC Séville, sacré en Europa League, sera l’une des cartes maîtresses du sélectionneur Volker Finke.
« Cinq-six mois compliqués »
RTSsport.ch: Le FC Zurich a connu une première partie de saison plutôt chaotique, mais grâce à un bon début d’année et une Coupe de Suisse, il a bien su redresser la barre. Quel bilan vous tirez?
FRANCK ETOUNDI: Notre saison est aboutie au vu de notre début de championnat. Il était important d’être européen et nous le sommes grâce à cette Coupe. Je dirai que le bilan est positif, même si une équipe comme Zurich doit se trouver à l’une des trois premières places du classement.
RTSsport.ch: Et comment avez-vous vécu cette première saison avec le FCZ?
FRANCK ETOUNDI: Cela a été difficile dès mon arrivée parce qu’il fallait que je m’intègre et dans un club comme celui-ci, on n’a pas énormément de temps, les résultats doivent suivre. Les cinq-six premiers mois ont été compliqués. Mais j’ai continué à travailler, à persévérer et cela a commencé à payer. Les dirigeants, les coéquipiers m’ont donné leur confiance et c’est allé mieux. Je ne suis pas satisfait, car j’aurais pu marquer bien plus vu le temps de jeu qui m’a été accordé. Je suis néanmoins très fier de moi vu ce que j’ai traversé en début de saison
RTSsport.ch: On peut donc dire que désormais vous vous sentez bien?
FRANCK ETOUNDI: Oui, je suis bien ici. C’est une très belle ville. Quand vous jouez, vous vous sentez bien, et quand vous travaillez, donnez tout pour réussir de bonnes performances, c’est encore mieux. Je suis de mieux en mieux intégré dans l’équipe, c’est important. Je suis un joueur qui fonctionne avec le coeur. J’ai besoin de sentir la confiance autour de moi pour être libéré et prendre du plaisir. J’espère encore faire beaucoup mieux en 2014/15.
« Le Cameroun a une bonne équipe »
RTSsport.ch: Où serez-vous le 13 juin à 18h00 pour Mexique-Cameroun?
FRANCK ETOUNDI: Sans doute ici, car on aura déjà repris l’entraînement. A Zurich donc, très certainement devant ma télévision à supporter à fond l’équipe du Cameroun. Je pense que cela va bien se passer, on a une très bonne équipe cette année (ndlr: le Cameroun est dans le groupe A avec le Brésil, le Mexique et la Croatie).
RTSsport.ch: Justement, quelles équipes vont briller là-bas?
FRANCK ETOUNDI: L’Uruguay me semble vraiment bien armée. Le Brésil, on les attend, ils ont d’excellents joueurs, mais l’Espagne est là aussi. Beaucoup pensent que c’est la fin d’un cycle, je ne le pense pas pour ma part. Stéphane Mbia Etoundi avait déjà participé à la Coupe du monde 2010. [Frank Augstein – Keystone]Stéphane Mbia Etoundi avait déjà participé à la Coupe du monde 2010. [Frank Augstein – Keystone] Les Espagnols seront sans doute dans le dernier carré au minimum. De manière générale, ce sera très serré. Le niveau est vraiment très élevé.
« Comme s’il y avait une barrière »
RTSsport.ch: Est-ce qu’une équipe africaine va enfin franchir les quarts de finale? Comment vous expliquez ces échecs?
FRANCK ETOUNDI: Parfois, on manque de confiance, on nourrit un petit complexe. C’est comme s’il y avait une barrière. On a de très bons joueurs, des équipes d’excellentes qualités, mais on ne parvient pas encore à s’en libérer. Néanmoins, tout peut se passer au Brésil, en foot tout peut arriver.
RTSsport.ch: Votre frère joue pour le Cameroun. Vous avez sans doute un regard particulier sur ses performances…
FRANCK ETOUNDI: Quand il joue, je suis… ouf… très nerveux (rires). Pour être sincère, même si je suis un fan inconditionnel du Cameroun, c’est comment il joue qui est important.
RTSsport.ch: Vous en avez sans doute parlé avec lui de cette Coupe du monde…
FRANCK ETOUNDI: Oui, bien sûr. Il préfère aller étape par étape, il ne se prend pas la tête.
« Le football c’est du business »
RTSsport.ch: Pensez-vous aussi à l’équipe nationale, à la prochaine Coupe du monde?
FRANCK ETOUNDI: J’y pense oui, mais pas forcément au Mondial. Pour moi, l’objectif est avant tout d’avoir l’honneur de porter le maillot national. J’aimerais parvenir à décrocher une sélection au moins dès la saison prochaine.
RTSsport.ch: On peut donc imaginer voir les deux frères réunis en équipe nationale?
FRANCK ETOUNDI: Bien sûr. On peut l’imaginer. Cela va arriver si tout se passe bien, si Dieu le veut.
RTSsport.ch: Au-delà de l’aspect sportif, il est également question de tout l’argent investi dans des stades, des structures pour le Mondial, plutôt que dans des infrastructures d’utilité publique. Qu’en pensez-vous?
FRANCK ETOUNDI: C’est triste, vraiment triste pour des pays qui ont besoin d’hôpitaux, d’écoles et de beaucoup d’autres choses encore. Hélas, comme on dit, le football c’est du business. C’est désolant, mais c’est la réalité.
« Il faut que la Suisse y croie »
RTSsport.ch: Pour en revenir à l’aspect sportif, pensez-vous que l’équipe de Suisse peut réussir quelque chose au Brésil?
FRANCK ETOUNDI: Elle le peut oui. J’en suis sûr à 100% même, il faut qu’elle y croie. Croyez-moi, elle a un effectif de fou, elle a de très bons joueurs! Je vois la Suisse aller au minimum en quarts de finale.
RTSsport.ch: Vous côtoyez notamment Mario Gavranovic au FC Zurich…
FRANCK ETOUNDI: Mario, c’est la classe. Avec lui, je ne peux qu’apprendre. C’est un joueur très intelligent.
RTSsport.ch: Quel regard vous portez sur le niveau du football en Suisse?
FRANCK ETOUNDI: Le niveau est bon. Il y a une très bonne formation. De l’intérieur, on voit tout le travail. Il est vraiment remarquable. Regardez tous les joueurs suisses qui partent à l’étranger, ils ont tous énormément de qualités. Je remercie le Seigneur d’être arrivé en Suisse, c’est une excellente école de formation.
Des propos recueillis par Ludovic Perruchoud