Les affaires n’ont pas eu raison du Suisse Sepp Blatter, réélu président de la Fédération internationale de football pour quatre ans aux dépens de son rival, le Camerounais Issa Hayatou, président de la Confédération africaine
Blatter, qui avait succédé à la tête de la Fifa au Brésilien Joao Havelange en 1998, a obtenu 139 voix contre 56 à son adversaire lors d’un vote à bulletins secrets organisé lors du congrès ordinaire de la Fifa, à deux jours du coup d’envoi du Mondial 2002.
« Le peuple du football ne ment pas », s’est réjoui Blatter.
« Je prends note de votre confiance, en la Fifa et en ma personne. »
« Je dois installer la paix dans cette famille et je le ferai, je le ferai », a-t-il martelé.
« Vous avez fait honneur à votre continent. Je vous remercie et vous félicite », a dit Blatter au vaincu.
« Je me joins à vous pour vous dire à monsieur Blatter ‘félicitations’ et qu’il peut compter sur ma collaboration comme par le passé pour exercer sa présidence », a pour sa part déclaré Hayatou au Congrès.
La campagne a été marquée par de virulentes allégations à l’encontre du patron suisse de l’organisation, accusé de malversations et de détournements de fonds par plusieurs hauts responsables de la Fifa réunis autour de Hayatou.
Blatter, contre lequel une plainte a été déposée devant un tribunal suisse par 11 des 24 membres du comité exécutif de la Fifa pour mauvaise gestion des finances, a quand même pu compter sur le soutien des fédérations nationales.
Sur les 204 membres de la Fifa, 202 étaient présents au Congrès et selon les règles de l’organisme responsable du football international, 197 d’entre eux disposaient du droit de vote mercredi.
Avant le scrutin, Blatter, élu une première fois en 1998 après avoir battu le président de l’UEFA Lennart Johansson avec 111 voix contre 80, avait assuré au Congrès avoir « la conscience tranquille ».
ZEN-RUFFINEN, PREMIERE VICTIME PROBABLE
Au début du mois de mai, Johansson avait demandé à Blatter de démissionner, afin de préserver la bonne image de la Fifa.
« Il doit s’en aller pour le bien de la Fifa, pour maintenir l’intégrité de la Fifa », avait-il alors déclaré en réaction à un rapport présenté par le secrétaire général de la Fifa Michel Zen-Ruffinen.
Dans un dossier de 21 pages, Zen-Ruffinen détaillait les possibles actes délictueux dont Blatter se serait rendu coupable durant son mandat de quatre ans à la tête de la fédération.
Nul doute que Zen-Ruffinen sera la première victime de la réélection de Blatter.
Une commission d’audit interne avait été mise en place début mars par le comité exécutif de la Fifa, pour sonder sa santé financière.
Ses créances s’étaient sérieusement détériorées depuis la faillite de son partenaire commercial ISL-ISMM, qui avait enregistré des dettes de 300 millions de dollars.
Blatter avait interrompu l’enquête de la commission mi-avril, estimant que sa manière de travailler représentait une rupture de confidentialité.
Mardi, la crise a atteint son paroxysme quand Blatter a été hué par certains délégués présents au congrès extraordinaire réuni à Séoul pour examiner les finances de la Fifa, tandis que Zen-Ruffinen a tout bonnement refusé de prendre part à la réunion.
Au cours d’une scène sans précédent dans les meetings traditionnellement policés de la Fifa, des délégués en colère ont sifflé avec virulence le président sortant.