En pleine période des transferts, la valse des millions d’euros est à la une de tous les médias. Un homme d’affaires casse sa tirelire pour s’offrir un club. Des stars changent d’horizons et encaissent des fortunes. Mais ces paquets de billets ne génèrent-ils pas un effet pervers inattendu ?
On constate que des footballeurs professionnels, par exemple, en arrivent à détester leur métier, ou du moins à s’en désintéresser au point de ne jamais regarder un match à la télé. Le magazine « Sport et Vie » cite le cas de Gérald Cid (ex-Bordeaux, Bolton, Nice) qui a mis un terme à sa carrière à 27 ans en 2010. Il lui restait un an de contrat et il faut savoir qu’un joueur de L1 empoche généralement 40.000 euros par mois.
L’explication qu’il livre est intéressante : « J’avais perdu la flamme, la passion : chaque jour, le négatif de la profession prenait sur le positif. J’avais l’impression de faire la même chose tous les jours (…) Je supportais mal d’évoluer dans un monde où le moindre événement prend aussitôt une ampleur incontrôlée. (…) Ma décision a fait réfléchir d’autres joueurs qui sont dans le même état que moi. (…) La plupart des joueurs se lancent dans ce métier par passion puis l’aspect financier devient prépondérant et la passion s’estompe (…) Je ne regarde plus les matches à la télé : le foot me barbe. »
Le magazine cite aussi le cas de Benoît Assou-Ekotto (Tottenham) pour qui le foot est un travail, pas une passion ou un plaisir. Il y a bien longtemps, Björn Borg rangea sa raquette de tennis à 26 ans, usé par les voyages, le stress, la fatigue, les impératifs du sport professionnel.
Pierre Bilic