La situation dans laquelle se trouvent actuellement les Lions Espoirs dans la course pour la qualification aux Jeux Olympiques d’Athènes est la résultante de la très mauvaise organisation du football camerounais dès la base.
La qualification des Lions Espoirs pour le tournoi de football des Jeux olympiques d’Athènes en août 2004 passe par Bamako au Mali. Pour obtenir le ticket devant lui permettre d’aller à Athènes défendre la médaille en or par elle remportée aux Jeux olympiques de Sydney en 2000, l’équipe nationale olympique du Cameroun devra faire un bon résultat face à son homologue malienne dimanche 28 mars à Bamako. Il faudrait aux Lions Espoirs une victoire ou un nul au pays de Salif Keita. Une défaite face au Mali serait synonyme d’élimination pour les poulains de Jean-Paul Akono et Emmanuel Ndoumbè Bosso qui, après la sortie en demi-teinte du dimanche 14 mars face à la Rdc(1-1) au stade Omnisports Ahmadou Ahidjo de Yaoundé, ont directement regagné leur camp d’entraînement à Limbe dans la province du Sud-Ouest. “Nous ne voulons pas nous rendre à Bamako en victimes résignées. C’est pourquoi nous avons au plus vite remobilisé et battu le rappel des troupes”, confie Emmanuel Ndoumbè Bosso, entraîneur adjoint des Lions Espoirs.
Fidèles à leur logique qui consiste à “vaincre à tout prix et par tous les moyens”, les autorités sportives camerounaises ont décidé de déployer l’artillerie lourde pour assurer la victoire, sinon un nul face à la modeste équipe olympique malienne. Pierre Ismaël Bidoung Mkpwatt, le ministre de la Jeunesse et des sports (Minjes) a, en début de semaine, dépêché en Europe une délégation de quatre personnes conduite par Robert Dzana, directeur des sports au Minjes et chef de la cellule de gestion administrative provisoire des équipes nationales de football au Cameroun, pour négocier la libération de Samuel Eto’o Fils (Mallorca, Espagne), Eric Djemba Djemba (Manchester Utd, Angleterre), Marcus Mokake (Sedan, France), Idriss Carlos Kameni (Le Havre, France), Jean Makoun II (Lille, France), Modeste Mbami (Psg, France), et autres professionnels camerounais de renom ayant encore officiellement l’âge leur permettant de faire partie de l’équipe nationale olympique. Comme quoi, c’est la sélection nationale fanion du Cameroun qui fournit en joueurs de qualité l’équipe olympique. Un grand paradoxe quand on sait que c’est cette dernière qui doit en principe être un réservoir de talents pour les Lions Indomptables.
Foot camerounais à la dérive
Pourquoi et comment le Cameroun est-il arrivé à cette situation déplorable ? Tout simplement parce que les responsables du football camerounais à tous les niveaux, ne pensent pas sérieusement l’avenir. Pour eux, seules les victoires comptent. Quelle que soit la manière avec laquelle elles sont obtenues. Jean-Paul Akono, l’entraîneur des Lions Espoirs n’a-t-il pas, pour préparer chaque match des éliminatoires zone Afrique du tournoi de football des Jeux olympiques 2004, convoqué 45 joueurs parmi lesquels près de 30 vrai-faux professionnels évoluant dans des pays tels le Qatar, la Tchétchénie, la Bosnie, etc. ? Des joueurs qui n’ont jamais fait leurs preuves au Cameroun avant de s’envoler pour l’Europe ou l’Asie. Nombre d’observateurs avertis parmi lesquels Winfried Schäfer, l’entraîneur national des Lions Indomptables, pensent que le Cameroun ne serait jamais arrivé à cette situation où elle n’a vraiment pas d’équipe olympique stable et digne de ce nom, si les responsables du football avaient structuré la discipline et les compétitions nationales dès la base.
Au cours d’un débat à la télévision camerounaise dimanche 14 mars, l’inorganisation du football camerounais a été évoquée par toutes les personnes qui étaient autour de la table, aux côtés de Winfried Schäfer. Ce dernier, proposant des solutions pour remédier à la situation, a exprimé sa volonté de bâtir un football camerounais dès la base, en présentant un plan de travail devant permettre l’évolution et le suivi des jeunes footballeurs, de la catégorie minime aux seniors, en passant par les cadets, les juniors, les espoirs et les A’. “Ainsi, il ne sera plus question qu’un footballeur prétende entrer chez les Lions Indomptables sans être passé par des catégories inférieures de l’équipe nationale”, conclut le technicien allemand Winfried Schäfer.
Nécessaire organisation
La proposition de Winfried Schäfer pour sortir de l’ornière le football camerounais, approuvée par de nombreux techniciens, pourrait considérablement réduire l’exode massif des jeunes footballeurs vers l’Europe ou l’Asie où ils évoluent, pour la majorité, dans des clubs de seconde zone, dans des pays où le football n’est pas pratiqué avec envergure. Cette proposition qui ne pourrait permettre qu’aux jeunes footballeurs ayant fait leurs preuves dans les championnats (minimes, cadets, juniors et seniors) camerounais de rejoindre l’Europe ou l’Asie pour des carrières professionnelles, est un moyen de revalorisation du football camerounais. Car, seuls des footballeurs aguerris et sollicités pourraient partir du Cameroun. Comme c’était le cas à l’époque des Milla, Mbida, Nkono, Bell…
Enfin, cette proposition de Schäfer pourrait mettre fin, sinon réduire la mise à l’écart par des clubs professionnels en Europe ou en Asie, des joueurs camerounais, pour insuffisance de rendement. Comme ce fut le cas pour Nicolas Alnoudji, Jean-Marie Tchango, Mebenga, Bouli, Tchameni, et autres vrai-faux professionnels camerounais qui sont rentrés au bercail et évoluent actuellement dans des équipes du championnat de D1.
Honoré Foimoukom, Le Messager