Eux, c’étaient les futurs Milla, les successeurs d’Eto’o ou encore les prochains Thomas Nkono. A coups de superlatifs et de compliments, ils font sensation en faisant une entrée fracassante à l’équipe nationale. Ils ont été encensés, portés aux nues… pour finalement ne jamais tenir la promesse des fleurs. On les appelle les éternels espoirs.
Ces joueurs qui font preuve d’un talent certain, et parfois hors du commun, mais qui explosent en plein vol. L’histoire du football mondial en est parsemée, celle du Cameroun également.
En tout cas, sur les six dernières années, on en a vu passer un certain nombre dont on attend encore beaucoup. Dans ce sens, la cuvée 2014, avec l’opération « reconstruction » des Lions indomptables a fait miroiter des bijoux au public camerounais.
Fabrice Ondoa se montre sûr de lui pour ses premiers pas en équipe fanion à seulement 19 ans ; Jérôme Guihoata montre de bonnes dispositions sur ce côté droit où l’ombre de Geremi Njitap plane toujours. Et il y a surtout ce Clinton Njie, trouvaille du sélectionneur de l’époque, qui met la Côte d’Ivoire à genoux au stade Omnisports de Yaoundé. Le pays s’enflamme et croit tenir une génération dorée prête à prendre la relève de celle des années 2000.
Deux ans après, le retour sur terre est plutôt douloureux. Ondoa continue de donner le meilleur de lui avec les Lions mais semble voué à jouer les seconds rôles en deuxième division espagnole avec son club. Guihoata s’est perdu dans les méandres des prêts à Nîmes. Quant à Njié, il vient de vivre une saison cauchemardesque à Tottenham, ponctuée par les blessures, après un transfert qui avait fait couler beaucoup d’encre en raison de son coût (plus de 11 milliards F avec les bonus).
Et des exemples de ce genre, on en a à la pelle avec les Franck Songo’o et autres Joseph Minala. Mais le cas le plus singulier reste celui de ceux qu’on surnomme « enfants d’Eto’o ». Ces jeunes issus de la Fundesport qui ont intégré le meilleur centre de formation du monde, la Masia du FC Barcelone.
Impressionnants dans les divisions inférieures, prometteurs à leurs débuts professionnels avec le FCB, tout était fait pour tomber dans le panneau. Mais de la quinzaine de joueurs formés depuis 2008, seul William Kaptoum a convaincu les dirigeants catalans. Les autres, dont la plupart ont remporté la UEFA Youth League en 2014, ayant été bradés à travers le monde. Qu’il s’agisse de Jean-Marie Dongou, Franck Bagnack ou encore Lionel Enguene. Considéré comme l’attaquant de l’avenir, Fabrice Olinga constitue également un cas sur lequel on pourrait soupirer de dépit. Devenu le plus jeune buteur de l’histoire de la Liga à 16 ans avec Malaga, le joueur de 20 ans joue désormais au Royal Mouscron-Péruwelz (Belgique après notamment un passage à Chypre et en Roumanie. Ses débuts prometteurs sous les couleurs nationales n’ont pas non plus porté de fruits.
A croire que l’exemple de leurs aînés chez les Lions n’a pas servi. On se rappelle, en effet, que des joueurs comme Modeste Mbami ou encore Achille Emana n’ont jamais réussi à percer malgré des débuts
prometteurs. L’exemple le plus patent restant celui d’Eric Djemba Djemba, ancien pensionnaire de Manchester United qui est aujourd’hui fier, à 35 ans, d’évoluer chez les Voltigeurs de Châteaubriant, en
championnat de France amateur. Mais, on ne va certainement pas perdre espoir et continuer d’espérer
enfin le déclic pour ces talents victimes de blessures récurrentes, de manque de travail, d’une trop grande pression, de mauvais choix de carrière ou tout simplement de malchance. Il n’y a qu’à voir la résurrection du Français Hatem Ben Harfa, crack à 17 ans qui s’est perdu dans les méandres du succès à cause d’un entourage douteux, et qui a retrouvé des couleurs à Nice (France). Il suffit juste de comprendre que le talent, c’est l’équilibre entre un bon mental, un physique au top et un peu (beaucoup) de chance.
Josiane R. MATIA