Accidents par ci, matchs amicaux et virées nocturnes par là. Voici comment les professionnels camerounais en général et les Lions en particulier passent leurs vacances au Cameroun.
Nous sommes samedi après-midi. Des jeunes avancent seuls ou par groupes vers le stade de l’Ensa à Nkolbisson. Sur le terrain, rien à se mettre sous la dent. L’aire de jeu est pleine de bouse de bœufs. Seules l’arrivée des spectateurs et la présence de nombreuses belles cylindrées au bistrot d’à côté montrent qu’une manifestation aura bien et bel lieu à cet endroit. On n’attendra pas longtemps. Les premiers joueurs entrent sur le terrain. Ils font partie de l’amicale » Variétés club de Yaoundé « , une association de jeunes cadres et entrepreneurs de la capitale camerounaise. Ils tapent dans le ballon, courent, s’embrassent. L’ambiance est chaude. Mais on cherche vainement les Lions indomptables. Soudain, un attroupement autour d’un joueur attire l’attention des autres spectateurs. C’est Geremy Njitap qui chausse ses godasses. De nombreux enfants l’entourent, le touchent et lui sourient. Simultanément, un adulte lui passe un interrogatoire musclé : » Mais pourquoi, vous aussi, vous nous avez déçu comme çà ? » lui demande t-il. Njitap s’explique sans hausser le ton. Le spectateur continue : » Est-ce que c’est même vrai qu’on vous avait donné les 30 millions que vous réclamiez à Paris ? » Le vice-capitaine des Lions lui répond par l’affirmative. Puis se lève pour aller rejoindre les autres joueurs sur le terrain où se trouve déjà Ngom Kome Daniel dont l’arrivée a été tout aussi discrète que celle de son coéquipier de l’équipe nationale. Vers 16h 10mn, le match amical commence. L’équipe de Ngom Kome est vêtue du maillot de la sélection nationale espagnole tandis que Njitap et ses coéquipiers optent pour le torse nu.
Une dizaine de minutes plus tard, Patrick Suffo arrive également sans tapage. L’attaquant des Lions porte une casquette rouge, un tee-shirt de même couleur et un pantalon marron. Il se dirige vers le petit terrain de basket-ball et s’amuse, avec deux gamines, à mettre le ballon orange dans le panier. Après une trentaine de minutes, Suffo revêt son short, se met torse nu et demande à entrer sur le terrain de football. Un joueur lui cède volontiers sa place. Ici, les professionnels sont prioritaires. Abdurraman, ancien joueur de Coton de Garoua, Tonnerre de Yaoundé, Canon de Yaoundé et sociétaire d’Impôts FC de Yaoundé actuellement, un club de deuxième division, n’a pas le même privilège. Depuis le début de la rencontre, il veut jouer mais sa demande reste sans suite. Suffo, Njitap et Ngom Kome se donnent à fond pour le plaisir de leurs fans. On ne dirait pas une partie de » deux-zéro « . » Nous avons aussi accueilli Song Bahanag et Eto’o Fils ici à Nkolbisson depuis leur retour de la coupe du monde. Avant de devenir des stars, ils jouaient avec nous. Cela est tout à fait normal qu’ils reviennent s’amuser ici. » déclare Willy Kepedem, l’un des membres de Variétés club. En réalité, les footballeurs professionnels sont très courtisés et satisfont tous ceux qui les sollicitent. C’est ainsi que la semaine dernière, Patrick Suffo jouait tous les soirs avec des vacanciers au lycée de la Cité Verte de Yaoundé. Daniel Wansi, ancien footballeur de Cintra de Yaoundé, crack d’or 2000- 2001 et sociétaire de l’Etoile du Sahel retrouve ses amis sur le même terrain tous les samedis. Après les matchs de football, les » Pros » et leurs amis se retrouvent autour d’un pot et parfois la journée s’achève dans une boîte de nuit ou par des ballades où on perd sa voiture dans un accident. Ce fut le cas de Joël Epale samedi dernier puis de Njitap dimanche.
Les vacances s’achèvent. Ngom Kome repart en principe demain en Europe où l’attendent deux propositions (France et Espagne) tandis que Njitap retourne à Madrid à la fin du mois.