Les pouvoirs publics sont disposés à décaisser ces fonds qui représentent la subvention de l’Etat à l’organisation des championnats professionnels camerounais. Mais un obstacle réside quant à l’identité du bénéficiaire légitime, entre la Ligue de Football Professionnel et la Fécafoot.
Reprendra, reprendra pas. La question du redémarrage des championnats de football professionnel se pose dans tous les milieux du football au Cameroun. Mais les présidents de clubs n’ont pas l’intention de reprendre le chemin des stades, tant que la subvention de l’Etat ne leur est pas reversée. Et pourtant, instruction a déjà été donnée au ministre des Sports et de l’Education physique (Minsep) de libérer les fonds publics. Dans une correspondance frappée du sceau de la confidentialité datée du 8 juin 2021, Ferdinand Ngoh Ngoh instruisait le Pr Narcisse Mouelle Kombi de décaisser la totalité des 560 millions destinés au financement du football professionnel. Aiguisant les appétits des parties qui se disputent la tâche de l’organisation des deux compétitions. A la Fécafoot, on attend impatiemment ladite manne pour relancer ce qu’on a engagé. Au siège de la Ligue de Football Professionnel du Cameroun (LFPC) dissoute par la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) mais qui résiste grâce à des décisions du Tribunal arbitral du sport (TAS) et de la justice camerounaise, on avance que les fonds sont destinés à la LFPC.
Avant cet épisode, le gouvernement avait déjà lui-même entretenu le flou sur la question. Dans un premier temps, le Premier ministre avait instruit le Minsep de mettre les moyens à la disposition de la Ligue, pour le démarrage de la saison ; en février, Dion Ngute se rétractait et demandait au Minsep de mettre à la disposition de la Fécafoot les moyens nécessaires au démarrage de la saison. Si Narcisse Mouelle Kombi s’est exécuté en libérant les stades, il s’est montré plus regardant sur les fonds. Dans la foulée, le Premier ministre définissait le montant exact de la somme en question : 350 millions de francs. Un montant qui coïncide avec celui dédié au fonctionnement de la LFPC. Les 560 millions de francs querellés demeurent l’objet de la polémique. Entre temps, les championnats professionnels sont à l’arrêt. « En refusant de débloquer les fonds votés par le parlement, et pour lesquels il a reçu des instructions ferme de sa hiérarchie, c’est-à-dire du Chef de l’Etat, le ministre des Sports bloque les championnats, puisque les clubs ont suspendu les championnats pour revendiquer cet argent », accuse Parfait Siki, le chef du département communication de la Fécafoot. « Vous n’allez pas en vouloir au ministre des sports qui est un juriste pur, qui a le souci de respecter la réglementation en vigueur, surtout la réglementation de la gestion financière des ressources de l’Etat », répond Faustin Domkeu, président de New stars de Douala. Mouelle Kombi a consenti à céder mais promet 200 millions de francs à reverser en deux semestres, contre compte-d’emploi préalable. « Ce qui veut dire que pour la saison en cours, il ne va donner que 100 millions », minimise-t-on à la Fécafoot. Ici, on a encore saisi la présidence pour obtenir la totalité des 560millions mais le Minsep n’entend pas remettre les fonds à une entité qui a perdu la bataille judiciaire.
Fécafoot – Ligue ou instruction vs décision de justice
L’avocat du Minsep ne veut pas se laisser distraire : « quand vous avez décidé que vous n’allez plus vivre ensemble avec votre épouse, vous n’oubliez pas qu’elle vous a quand même fait des enfants et vous pensez à lui donner au moins une chambre pour qu’elle y habite avec les enfants, en attendant qu’on dise que c’est vous ou elle qui a droit à tous les biens… Je veux dire que quand la Fécafoot a décidé de manière illégale de reprendre l’organisation des compétitions, elle aurait dû penser à tout cela », tacle-t-il. Estimant que même en situation normale, «il était impossible qu’on terminât ce championnat avant la date du 30 juin ».
Pendant qu’on y est, le délai d’engagement des clubs aux compétitions africaines expire ce 30 juin. Le Cameroun court la menace d’une élimination sur papier des clubs camerounais des compétitions interclubs de la CAF pour la saison prochaine. Les championnats professionnels sont à l’arrêt depuis la fin de la phase aller ; la Coupe du Cameroun se trouve à l’étape des quarts de finale. En théorie, le Cameroun n’aura pas de représentants en compétitions africaines. Mais à la Fécafoot, on ne compte pas accepter cet autre échec qui fournirait des arguments aux adversaires. « Dans tous les cas le Cameroun aura des représentants en compétitions africaines », assure Parfait Siki. Ces ambassadeurs seront qualifiés depuis les bureaux de la Fécafoot. « A l’impossible nul n’est tenu », se désole-t-il. Toujours est-il que « on s’accordera avec les acteurs pour désigner les représentants du Cameroun », promet-il.