Un amendement à la règle sur la double nationalité est en discussion. La commission du statut du joueur de la Fédération internationale de football association a ouvert ,la semaine écoulée, une réflexion sur la double nationalité. Réunie à Zurich, elle a donné son quitus au réexamen de l’article 18 alinéa 2 du règlement d’application des statuts de la FIFA.
Pour de nombreux observateurs, cet article apparaît inadapté à la situation actuelle dans le football international. Il condamne de nombreux talents à la déperdition .Jusqu’à ce jour, l’article en question dispose que tout footballeur qualifié pour jouer pour plus d’une association nationale(parce que possédant une double nationalité) sera considéré lié à une association déterminée au sens de ce qui précède, seulement lorsqu’il aura disputé son premier match international (même partiellement) dans une compétition officielle, à n’importe quel niveau pour ladite association. D’après les termes de cet article, le joueur peut être amené à choisir dès l’âge de 15 ou 16 ans les couleurs nationales qu’il souhaite défendre, sans avoir la possibilité de jouer pour un autre pays plus tard. C’est ce dernier point qui est vivement controversé et sur lequel la commission a tablé. Cette initiative a également rencontré l’adhésion de la commission du football de la FIFA, qui est favorable à un amendement de la règle sur la double nationalité. Ainsi à l’avenir, il est question d’autoriser les jeunes joueurs bénéficiant de la double nationalité de changer de sélection nationale jusqu’à l’âge de 20 ou 21 ans . Le seul obstacle étant qu’ils n’aient pas encore été sélectionnés en équipe nationale A et pour un match international.
Si d’aventure les dispositions de l’article 18 venaient à être réaménagées, l’on pourrait assister à une véritable révolution dans le football international et notamment africain. En effet, ils sont nombreux les jeunes joueurs africains qui se sont retrouvés devant un choix cornélien au moment d’étrenner leurs premiers galons d’internationaux. Et très souvent leur choix ne s’est pas avéré le meilleur. L’on a en mémoire le cas de Roger Boli, qui pour sept petites minutes jouées sous le maillot français, n’a pas pu être champion d’Afrique en 1992 avec la Côte-d’Ivoire alors qu’il l’aurait souhaité. Pascal Nouma , Camerounais de sang a évolué dans toutes les sélections françaises de jeunes, sans jamais franchir le cap de l’équipe A. Il aurait donc pu servir le Cameroun. Jean Alain Boumsong est dans la même situation aujourd’hui. Joseph Désiré Job au contraire est devenu champion d’Afrique 2000 avec le Cameroun après avoir décliné une sélection en équipe de France Espoirs. Compte tenu d’une organisation plus pointue, notamment au niveau des équipes des jeunes, les pays européens enrôlent dès leur jeune âge, des joueurs d’origine africaine. Plus tard ces jeunes ne peuvent pas faire machine arrière pour jouer dans les équipes africaines. C’est pour donner une seconde chance à ces joueurs que l’amendement des dispositions actuelles est à l’examen. Il ne reste plus qu’à souhaiter que les textes soient revisés avant la rédaction des nouveaux statuts de l’instance faîtière du football mondial qui entreront en vigueur en 2004. Et au moment où l’on parle reconstruction de l’équipe nationale du Cameroun, les Lions indomptables pourraient bien récupérer quelques éléments de valeur.
Simon Pierre ETOUNDI