La juge française Claudine Enfoux du Tgi de Paris vient d’ordonner un non-lieu après une procédure qui confirme la culpabilité de l’entraîneur français et le complot des magistrats français. Bityéki a fait appel.
Selon l’ordonnance rendu le 27 février dernier, « il ne résulte pas de l’information des charges suffisantes contre quiconque d’avoir commis les délits d’escroquerie et d’abus de confiance », dans l’affaire qui oppose Emmanuel Bityeki, mathéma-ticien camerounais et Gérard Houllier, entraîneur de football français, autour des recherches dénommées « fondements mathématiques du football », détournés par les parties incriminées.
Devant le juge, Gérard Houllier a renié sa signature portée au bas de la lettre du 4 novembre 1993, adressée à Lambert Yodiodi Emebe, secrétaire général de l’association “Fondements mathématiques du Football” (Fmf) et sollicitant les travaux de M. Bityéki. De même, Houllier demande à Bityéki de prouver qu’il a reçu le colis (une brochure et une cassette vidéo) envoyé le 4 novembre 1993, par Dhl. Le reçu d’envoi délivré par Dhl Yaoundé, ne faisant pas foi aux yeux du tribunal, il a été demandé au plaignant de produire la décharge du colis à Paris. De même qu’il lui a été demandé de produire l’original de la lettre de Houllier. Or, ce que Houllier lui a envoyé le 3 novembre n’est qu’un fax.
D’autre part, le tribunal relève que le contenu du colis n’est pas mentionné sur le document Dhl Yaoundé. Pour toutes ces raisons, le juge a ordonné un non-lieu, sans oublier de remarquer « qu’à les supposer avérés, ce qui n’est pas prouvé, les faits d’escroquerie allégués sont déjà prescrits ».
Complot des juges
Mais le plaignant rencontré mardi matin à Yaoundé, se dit très étonné par ce verdict, ce d’autant plus que le juge a refusé de l’entendre après un premier rendez-vous manqué pour cause de maladie, régulièrement signalée au tribunal par un dossier médical signé de l’Hôpital Général de Yaoundé où il suivait des soins en ce moment-là.
En effet, cette ordonnance étonne quand on sait qu’il s’agit d’un tribunal français sensé consacrer le droit. S’agissant de Gérard Houllier, s’il renie sa signature, pourquoi le tribunal ne s’interroge pas sur le vrai signataire du document, étant donné que l’accusé reconnaît qu’au moment des faits il était bel et bien Directeur technique national à la fédération française de football (ce que la fédération lui renie dans une lettre adressée à Bityéki en 1998) ? De même, alors que la plainte de Bityéki accuse Houllier et la FFF, pour quoi n’avoir jamais entendu les responsables actuels de la fédération, notam-ment Jean-Pierre Morlans, l’adjoint de Houllier toujours en poste, qui s’est chargé de répondre aux diverses interpellations de Bityéki?
Il semble que le tribunal se soit contenté des déclarations de Houllier, même lorsqu’elles ne tenaient pas. Il apparaît même à plusieurs endroits que le tribunal veut aider Houllier. Sur le cas de la nature du colis par exemple, le documents de DHL que fournit Bityéki, indique bien FMF pour fondements mathématiques du football ; et puis de toutes les façons, dans le contexte, Bityéki n’aurait pas eu à envoyer des mangues à Houllier… Concernant la décharge DHL de Houllier qui était demandée au plaignant, ce dernier affirme que la compagnie DHL a refusé de produire ce document, estimant qu’à défaut d’être régulièrement convoquée au tribunal, elle ne peut accéder à ce genre de requête. Le juge parisien n’a jamais entendu Dhl. Même une sommation de Bityéki n’a pas fait changer d’avis à Dhl.
Silence des médias français.
Quant à la prescription des faits, elle étonne davantage les conseils de Bityéki. Déjà, affirment-ils, la doyenne des juges qui a prononcé la recevabilité de la plainte avait opposé cet argu-ment mais, à la suite des observations pertinentes des avocats du Camerounais, elle a admis que les faits n’étaient pas prescrits. Même si l’affaire se déroule en novembre 1993, c’est en 1998 que Bityéki se rend compte de l’escroquerie des Français. Il a porté plainte en octobre 2001, après une longue procédure de recherche de la vérité, auprès de la FFF et de la Fifa notamment. Rappelons que Bityéki a payé une consignation d’un montant de 1 million de francs Cfa au moment où la plainte a été jugée recevable.
A n’en pas douter, le verdict du Tgi et l’attitude de Gérard Houllier, de la fédération française de football et le silence des médias français cachent quelque chose. Devant le juge on se serait attendu à ce que Houllier nie toute valeur scientifique aux travaux de Bityéki; dans une situation normale, la FFF citée dans la plainte aurait été entendue; les médias français, si friands de scandales, ont refusé d’en parler depuis 1998. Dans cette affaire qui indique bien que dès le départ Houllier a préparé une escroquerie; il bénéficie pourtant d’une solidarité qui manque cruellement à Emmanuel Bityéki, de la part de ses compatriotes.
Venant MBOUA