Emmanuel Bityéki, l’auteur de la découverte, se bat -seul- contre la Fédération française de football et l’ancien sélectionneur français, qu’il accuse d’escroquerie et abus de confiance.
L’entraîneur de l’équipe de premier ligue anglaise, Liverpool et ancien directeur technique national et sélectionneur de l’équipe de France de football, a été entendu le 19 novembre 2002 par Claudine Enfoux, juge d’instruction au Tribunal de grande instance de Paris. Gérard Houllier est accusé d’escroquerie et abus de confiance par Emmanuel Bityéki, mathématicien (ancien élève de l’Ecole centrale de Paris) et entraîneur de football camerounais. En 1994, Emmanuel Bityéki a envoyé à Houllier, une brochure et une cassette-vidéo portant sur ses recherches sur les mathématiques appliquées au football. Lorsqu’en 1998, il demande à savoir ce que sont devenues ses recherches, la fédération française lui répond qu’elle ne sait pas de quoi il parle. Harcelée par l’ambassade de France au Cameroun – que Bityéki avait saisie – la même fédération, par Jean-Pierre Morlans, l’adjoint du Dtn, avoue à l’ambassadeur que le sieur Bityéki avait bien envoyé ses travaux à Paris, mais « à Gérard Houllier seul, sélectionneur ». Ce qui laissait croire que la direction technique des Bleus n’était au courant de rien. Or, constate alors Bityéki, Houllier était également directeur technique; il l’est d’ailleurs resté jusqu’à la nomination de Jacquet en 1998. Conclusion du scientifique camerounais: soit Houllier a détourné le contenu des recherches et il est coupable d’escroquerie soit la fédération française ment et elle n’est pas moins coupable. D’où la plainte contre Houllier et la Fff.
Après avoir entendu Houllier, le juge français veut boucler l’instruction, sans avoir entendu le Camerounais au motif évoqué qu’il n’avait pas répondu à une convocation à lui adressée en octobre dernier. A cela, Bityeki répond qu’il était malade et a bien adressé une correspondance au juge, dont un certificat médical et des documents supplémentaires, que le magistrat estime sans importance pour la manifestation de la vérité. De même elle pense qu’une instruction de Bityeki, que souhaitait son avocat, courant février n’était plus nécessaire.
L’incertaine issue
Bityeki a déjà demandé à son Conseil d’envoyer des observations au juge: l’ordonnance rendu le 8 janvier, ne dit rien sur les arguments de défense de Gérard Houllier – dont on ne cite d’ailleurs pas le nom, le juge préférant parler de « la personne visée dans la plainte ». D’autre part, Bityeki s’étonne qu’alors que la plainte vise Houllier et la Fff, mais cette dernière n’est toujours pas entendue. Ensuite, il ne comprend pas que parlant de son absence à la convocation du 30 octobre, l’ordonnance l’évoque comme un refus de se déplacer. Les inquiétudes de Bityéki rejoignent d’ailleurs celles de son avocat: « il y a lieu de penser, dit Me Catherine Rolland, au regard de sa motivation [celle du juge] qu’elle va rendre une ordonnance de non-lieu et ne donnera pas de suite à la plainte »
Bityéki craint même qu’il y ait une sorte de solidarité des Français, autour de ce dossier. D’abord rejetée, puis acceptée, la plainte contre Houllier gênerait-elle la France championne du monde ? A la fédération on aurait menacé un journaliste de Jeune Afrique Intelligent qui enquêtait sur l’affaire. Lors de ses investigations, le journaliste aurait appris d’un employé de la Fff que les recherches de Bityéki sont bien connues dans la maison, mais que personne n’oserait en parler publiquement. La plupart des médias français saisis ont refusé d’enquêter sur le sujet; même Jeune Afrique n’a jamais publié son papier.
Bityéki qui a séjourné au Centre de Clairefontaine, en 2000, croit fermement que l’armada technologique dont bénéficie l’équipe de France, a certainement permis à l’encadrement technique des Bleus de développer ses recherches, notamment, la fameuse formule de la passe qu’il a été le premier à écrire. Il pense que les médias français ou basés en France, doivent subir des pressions. Au Cameroun, l’ancien prisonnier politique, militant de l’opposition depuis 1990 (député Upc de 92 à 97) et l’un des animateurs du Sdf à Yaoundé, ne bénéficie d’aucun soutien. Ni de la fédération, ni du gouvernement qu’il a régulièrement sollicité, ni de la communauté des scientifiques du Cameroun.
Venant MBOUA