Bonjour à tous, Monsieur le président, moi, je suis prêt, parce qu’il ne faut pas seulement être prêt sur le plan physique, mais aussi dans la tête pour se préparer à la Coupe du Monde. Ce n’est pas seulement une Coupe du Monde, mais c’est une Coupe du Monde au Brésil.
Au Brésil, on aime vraiment le beau jeu. On aime le football comme on le voit souvent au Fc Barcelone et au Bayern de Munich. Comme on aime le football au Brésil, c’est comme cela qu’on l’aime aussi au Cameroun et c’est pour cela que je suis là.
Quand je prends cette responsabilité, je dois être sincère pour travailler sérieusement. Quand il y a beaucoup d’entraîneurs, c’est une très bonne chose, mais il faut faire attention. Moi, je suis là pour le football et rien que cela, avec tout ce qui est lié à la culture camerounaise. J’ai déjà fait quelques voyages pour découvrir les autres coins du Cameroun. Là-bas, je me suis rendu compte que tout le monde est derrière les Lions Indomptables. Ce qui nous interpelle à plus de travail.
Nous serons quatre entraîneurs Allemands à cette Coupe du Monde. Il y a Jürgen Klinsman, l’entraîneur des Etats-Unis, qui habite à 100Km de Friburg. Ottmar Hitzfeld est à 20Km de Friburg et Joachim Löw, l’entraîneur de l’Allemagne. On pourra de temps à autres nous rencontrer pour jouer aux cartes.
Pour cette rencontre, j’ai préparé quelque chose que j’aurais pu présenter par Internet. Mais, les conditions techniques ne me l’ont pas permis. Je vais commencer par les conditions de travail.
Les raisons du choix de Vitoria comme site d’hébergement des Lions Indomptables
Voici la carte du Brésil (dessinée sur un tableau qu’il déroule). Nous avons ici Natal, le lieu du premier match. Le coup d’envoi du match ce sera à 13h, et à ce moment là, on sera à 30°C. Il y a une humidité de 60%. Au mois de juin, il y pleut pendant 25 jours. Le deuxième match contre la Croatie à Malaus, ce sera à partir de 18h, avec un peu plus de 35°C. L’humidité est à 80%. Ce sera difficile. Mais, aussi difficile pour la Croatie. Il faut réfléchir un peu. Le troisième match contre le Brésil à Brazilia sera à la hauteur de Vitoria où nous serons logés. Ce sera un climat pas trop chaud. Mais pas aussi trop frais.
Pour trouver un camp de base, nous avons discuté avec beaucoup de médecins et spécialistes sur le comportement à avoir par rapport à tel ou tel autre climat. On a entendu que pour s’acclimater, il faut être là deux ou trois semaines avant le début de la compétition. C’est impossible. Tous les médecins sérieux d’Allemagne ont confirmé mon avis, qui consiste à être au lieu du match la veille pour se reposer. Les 90 minutes de jeu seront difficiles. Mais, tout le monde devra s’y adapter.
Nous avons visité Vitoria, qui était le deuxième choix. Le premier était celui pris par la Suisse, au Nord. C’est un cadre propice à la récupération entre deux matchs. La température à Vitoria est généralement à 25°C. La position du camp de base de la Croatie est la même que nous. Ils auront à parcourir les mêmes distances que nous, sinon 20 minutes de plus. On ne pouvait pas aller à Porto Allègre ou à Sao Paulo où il fait trop froid et c’est trop loin. Vitoria que nous avons choisi est le juste milieu où il ne fait ni trop chaud, ni trop froid.
Les chances du Cameroun dans le groupe A
La poule A comporte, le Mexique, la Croatie, le Brésil et le Cameroun. Le Brésil – et je vais être d’avis avec le président (Joseph Owona, ndlr) – il ne faut pas avoir trop peur du Brésil. Le Brésil est une grande nation de football que je respecte et je lui tire un coup de chapeau. Mais, il faut savoir que le Brésil est en ce moment 10ème au classement Fifa, avec l’Espagne en première position, l’Allemagne deuxième, ainsi de suite. Le Mexique, 21ème, la Croatie 16ème et le Cameroun 50ème. 50ème, cela veut dire qu’il faut faire des choses possibles. Il ne faut pas toujours avoir l’excuse pour dire qu’on est 50ème. Il y a six ou sept mois, le Cameroun était 71ème dans le classement Fifa. Il y a trois ans, en 2010, le Cameroun était 11ème à ce classement avant la Coupe du Monde en Afrique du Sud.
Je peux dire que j’ai gagné quatre matchs. A Kinshasa, c’était défaite interdite. Après, c’était à la maison contre la Lybie, défaite interdite. Après le match aller contre la Tunisie. En première mi-temps, on a fait un match incroyable. On a mal joué et en deuxième mi-temps, c’était ok, et on pouvait aussi marquer de buts. Et on a fait match nul. Le quatrième match était le retour contre la Tunisie. L’équipe a refusé la défaite, avec un tout petit peu l’esprit de gagneur, d’une équipe qui travaille ensemble.
Je suis d’accord avec le président (Joseph Owona, ndlr), pour dire qu’il y a de bons joueurs. Mais, il y avait des conflits qui ont laissé des traces. Le président a parlé du fighting spirit. Je suis d’accord avec lui. Et le football moderne a changé. Ce n’est plus le football avec un n°10 et un libéro comme on a connu longtemps avant. Aujourd’hui, le football nécessite beaucoup d’individualités et chacun doit être un très bon joueur pour mettre son talent au service de l’équipe. C’est ça le football du Barça, du Bayern de Munich. Lors des quatre derniers matchs, on a vu un peu le jeu. Pas toujours de longues balles, la possession du ballon. Le football a changé et même celui des Lions. Je ne travaille pas seul. Je suis toujours avec les joueurs et les autres personnes qui composent le staff. Et c’est aussi quelque chose de bien, parce qu’il faut toujours travailler ensemble.
On va jouer contre l’Allemagne et le Portugal en matchs amicaux. Ce sont des équipes qui sont dans le Top Ten. L’Allemagne et 2ème et le Portugal 5ème. Mais, nous n’allons pas seulement jouer contre ces grandes équipes, parce que ça peut produire de l’irritation. C’est sûr qu’après les deux matchs, on peut voir quelques manquements. Si on fait un bon match contre le Portugal, il faut confirmer contre l’Allemagne. Jouer bien une fois, ce n’est rien. C’est déjà du passé. Il faut toujours être prêt pour le prochain match.
« Le travail, c’est aussi le programme chez Volker Finke »
Il faut travailler très bien chaque jour. J’ai ici une liste de 42 joueurs que je supervise. C’est par ordre et le premier nom, avec A, c’est Aboubakar Vincent, et le dernier avec Z, c’est Jacques Zoua. Les joueurs savent qu’ils sont toujours sous contrôle à chaque match. Depuis six mois, je sais qui a joué quel temps, qui a été remplaçant, ainsi de suite. C’est un travail pour préparer quelque chose. Ce sera jusqu’en avril. Après le mois d’avril, il faut se concentrer sur ceux qui seront susceptibles d’aller au Brésil.
Il y a aussi des joueurs pour l’avenir. Mais, les deux derniers mois avant la Coupe du Monde, il va falloir se concentrer avec les 25 ou 30 joueurs retenus.
Ensuite on fera une observation et la recherche. Sur nos adversaires, nous y travaillons depuis la fin du tirage au sort. Nous avons déjà analysé les deux derniers matchs du Mexique, du Brésil et de la Croatie. Nous sommes en train de tout faire pour avoir le maximum de renseignements sur les adversaires.
La chance donnée aux joueurs locaux
En février, il y aura un stage de quatre jours pour les meilleurs joueurs locaux. C’est moi-même qui ai proposé cela. Je n’ai pas besoin qu’on me le dise. J’ai vu beaucoup de matchs. Après le match retour contre la Tunisie, je suis resté à Yaoundé pendant les dix jours qui ont suivi. J’ai élaboré le programme de préparation que j’ai laissé avant de quitter, à l’attention du président du Comité de Normalisation et au ministre des Sports. Ne pas toujours croire que je suis en Europe tous les jours pour m’amuser. J’aime le foot pour m’amuser ; mais, je fais le travail et après. J’ai écrit au ministre pour ce stage du 3 au 6 février. On verra. Il y a des gens qui s’occupent de la préparation de ce stage.
Le prochain regroupement, c’est le 5 mars et c’est confirmé, c’est le match en France contre le Portugal. En avril, intensification du travail pour les 30 joueurs, parce que le 13 mai, je dois faire une liste de 30 joueurs pour la Fifa. La Fifa aura besoin de cette liste et ce sont des joueurs qui auront besoin d’un petit repos. On tient compte d’éventuels blessés qu’on peut avoir et procéder à leur remplacement par des joueurs qui sont sur cette liste que demande la Fifa.
Le programme
Du 20 au 31 mai, on sera en stage en Autriche, avec deux matchs amicaux. On a déjà trouvé une possibilité et c’est sûr. On jouera contre une équipe de l’ex-Yougoslavie. Cela veut dire une équipe semblable à la Croatie comme la Bosnie, la Slovénie, la Macédoine, qui ont la même philosophie de jeu. Ce sera le 26 mai. Mais, il faut trouver le dernier. En Autriche, ce sera un travail très important, parce qu’au Brésil, ce sera la récupération pour attendre le prochain match. Ici, on va visiter avec une petite délégation. On jouera aussi un match contre une équipe latino américaine. Il y en a qui seront là-bas et beaucoup de fédération qui se battent pour jouer contre ces pays. Il ne faut pas être le premier avec le programme. Il faut trouver les meilleures solutions.
Le 31 mai, départ pour Mönchengladbach, pour jouer contre les allemands. Je suis un peu heureux que tout le monde va regarder le match, parce que je suis sûr qu’on aura la retransmission gratuite de cette rencontre au Cameroun. On a trouvé un accord avec les droits télé seront gratuits pour le Cameroun. Et après ce match, le 2, 3 ou 4 juin, il y aura un repos pour les joueurs. On va les libérer pour deux ou trois jours en famille. Beaucoup ont de la famille au Cameroun et certains en ont en Europe. Mais toute l’équipe devra se retrouver le 4 juin pour effectuer un entraînement ouvert au public, parce qu’avant de partir, il faut dire merci et au revoir.
Le public a été fantastique contre la Lybie et contre la Tunisie. Le public a véritablement joué le rôle de douzième joueur. On peut gagner quand tout le monde est ensemble et les joueurs doivent faire une démonstration, mouiller le maillot. Ils doivent se battre. Ils doivent être là pour le Cameroun. Je crois qu’avec des matchs difficiles, le public va se rendre compte du travail qui est fait et se mettre derrière son équipe. J’insiste que j’ai beaucoup aimé que les joueurs reviennent ici pour dire au revoir avant le départ.
Le 2 juin, départ pour le Brésil avec les 23 joueurs retenus. La Fifa veut avoir cette liste des 23 à cette date. Sur la route pour le Brésil, on va jouer un match amical contre un pays latino américain. Pour arriver à Vitoria six jours avant, pour préparer le premier match contre le Mexique, le 13 juin à Natal.
Je vous remercie.
Rassemblés par Antoine Tella à Yaoundé