Nommé au poste d’entraineur des Lions indomptables du Cameroun le 22 mai 2013, Volker Finke (66 ans) a passé son vingt troisième mois à la tête de la sélection nationale le 22 Avril 2015. Avant janvier, il ne s’en était certainement pas rendu compte, tant il avait entièrement la tête à la Coupe d’Afrique des nations «Guinée Equatoriale 2015». La réalité l’a probablement rattrapé par la suite.
L’Allemand préparait la deuxième sortie des Lions indomptables contre la Guinée (1-1) en match de poule (D) après une première manquée contre le Mali (1-1) le 20 janvier. Contre le Sily national, Volker Finke dirigeait son 26e match à la tête des Lions indomptables depuis son arrivée. La rencontre était déterminante pour les équipiers de Stéphane Mbia qui aspiraient à une qualification pour le deuxième tour. Malheureusement, elle s’était soldée également par un score de parité, 1-1. Et c’était là son dixième match nul, qui consacrait une série de six matchs nuls, respectivement contre la Côte d’ivoire (0-0) en éliminatoires de la CAN2015, contre la RD Congo (1-1), l’Afrique du Sud (1-1), le CF Mounana du Gabon (0-0), en matchs amicaux, puis face au Mali (1-1) et face à la Guinée (1-1) en Coupe d’Afrique des nations.
Ces résultats stéréotypés tranchaient avec l’embonpoint des Lions au sortir d’une participation calamiteuse en Coupe du monde, et aussi avec leur regain de forme marqué par d’importantes victoires. Notamment contre la Côte d’Ivoire – finalement championne d’Afrique – en match aller des éliminatoires de la Coupe du monde (4-1). C’est sans doute l’une des plus belles victoires jamais enregistrée par Volker Finke, surtout à un moment où l’on ne vendait plus cher la peau du…lion. Il y aussi et surtout la belle victoire face à la Tunisie sur le même score à Yaoundé en 2013, celle qui expédiait le Cameroun au mondial. Le technicien allemand a connu aussi des victoires, certes moins importantes sous la bannière vert-rouge-jaune mais, avec la même joie. Face à la RD Congo (2-0) au match aller à l’aube de la campagne qualificative à «Guinée Equatoriale 2015». Le même résultat enregistré par ses poulains contre la Sierra Leone au match retour de ces éliminatoires. Par après, il aura passé pratiquement six mois sans renifler l’odeur d’une victoire, même si les deux victoires contre des adversaires très moyens en Asie sans la manière le mois dernier ont gonflé de sommairement ses chiffres.
Deux gros échecs, aucun titre
En prenant la succession de Jean-Paul Akono en mai 2013, Volker Finke avait la lourde responsabilité de conduire les Lions en Coupe du monde 2014. Ce qui a été fait sans ambages. Mais le rendez-vous brésilien aura été l’un des plus tristes de l’histoire du football camerounais, un déluge. Les Lions quittaient la compétition après trois défaites aussi humiliantes les unes que les autres en trois sorties, avec à la clé neuf buts encaissés pour un seul marqué.
Le Cameroun avait échoué, et Volker Finke était sur les braises ardentes. On lui redoutait un limogeage. Il s’y est battu férocement, produisant des rapports qui incriminaient et ses proches, et ses capitaines. Du melting pot nauséeux de la préparation à cette compétition, le technicien allemand en a profité pour créer le doute sur ses capacités réelles. Et les décideurs ont mordu à son hameçon. Il sera maintenu à son poste avec pour mission de qualifier sa sélection pour la CAN2015. Là aussi, il fait du bon boulot et réussit même à placer les Lions indomptables parmi les fauves les plus redoutables du continent juste avant le coup d’envoi.
Avec ses nouveaux «lions», Volker Finke est craint sur le continent, surtout qu’il a procédé à un cisaillement en profondeur, laissant ceux qu’il juge récalcitrant sur le côté pour ne laisser la place qu’aux jeunes entreprenants et aux appétits aiguisés. Ceux-ci sont soutenus par seulement dix joueurs (Moukandjo, Nkoulou, Bedimo, Aboubakar, Enoh, Mbia, Choupo-Moting, Djeugoue, Loe, Salli et plus tard Chedjou), rescapés de la Coupe du monde, considérés comme piliers de la reconstruction.
En dépit de tout, le scénario du mondial se reproduit en Guinée Equatoriale, avec une élimination précoce au premier tour, comme cela n’était plus arrivé avec le Cameroun depuis 19 ans, soit depuis la Coupe du Monde 1996 en Afrique du Sud.
Cette fois-ci, Samuel Eto’o n’était plus là pour se faire mettre le blâme. Cette fois-ci, l’allemand n’a plus d’échappatoire. Ses approximations tactiques, sa versatilité dans les choix, n’ont cessé de surprendre au fil des rencontres, prêtant même le flanc à des soupçons d’«affairisme dans la tanière».
Sous contrat avec la Fédération camerounaise de football jusqu’en mai 2015, le destin de Volker Finke s’inscrit plus que jamais en pointillés à la tête des Lions, après 28 matchs disputés pour 10 victoires, 11 nuls et 7 défaites. Sous son règne, 27 buts ont été inscrits et 28 encaissés. Il a utilisé une cinquantaine de joueurs pendant son règne mais, a régulièrement offert du temps de jeu à 46, aussi bien en compétition officielle qu’en matchs amicaux.
Raphaël Onambélé