Dimanche matin, c’est un Fred Siewé fatigué, qui nous reçoit dans le restaurant de l’hôtel Mercure où la Fifve a installé les délégations venues au tournoi de Düsseldorf. S’il se montre satisfait du week-end qui vient de se dérouler, le président du mouvement vétéran est conscient que beaucoup de choses restent à faire pour mettre en place des solutions de formation pour les joueurs en fin de carrière.
On est actuellement à la fin du week-end que la Fifve a organisé, avec entre autres la conférence sur l’intégration, un tournoi, et la soirée-concert. Que ressentez-vous au moment du premier bilan ?
Le premier sentiment est la satisfaction. Réunir dix-sept équipes le temps d’un week-end, pour la première fois comme ça, c’est quelque chose de formidable. Toutes les équipes ont répondu présent et on a vu depuis la conférence jusqu’à la soirée, en passant par le tournoi, les choses se sont passées dans de bonnes conditions. On n’a pas eu à déplorer de blessés au stade, en ce qui concerne le tournoi et nous souhaitons à la Fifve que toutes les délégations rentrent saines et sauves chez elles. Sinon, je suis satisfait.
Dans l’intitulé de la Fifve, il y a le football vétéran. On a vu la présence de beaucoup d’anciens Lions, d’anciens joueurs. Déjà à la conférence, ensuite sur le terrain et à la soirée, quel accueil ont-il fait, celui qui ressort lors de vos échanges ?
L’accueil est divers et varié. Nous avons des gens qu’ils veulent comprendre quels sont les mécanismes qu’on pourrait utiliser pour pouvoir finalement former les anciens footballeurs. Comment nous comptons faire, parce qu’ils trouvent que ça va nous demander beaucoup de moyens pour y arriver. Des moyens que nous n’avons pas. Et les gens veulent savoir comment ça pourrait se financer et où nous trouverons les moyens pour faire financer ces actions et ce sont des questions que nous nous posons tous les jours au niveau de la Fifve. Parce que nous pensons que c’est un projet porteur et c’est à nous de trouver les financements et mécanismes pour avoir les premiers footballeurs qui peuvent en bénéficier.
On parle ici de formations. On a vu quand même dans le panel d’invités que certains ont déjà commencé à se former. Est-ce qu’on a eu l’impression d’une stimulation pour les autres, au moins pour ceux qui sont déjà là ?
Bien-sûr. Ils nous ont été d’une très grande contribution. Parce que certains ont des expériences concrètes, qui sont dans l’entraînement, le sport, l’humanitaire. Ça démontre que les conversions sont diverses et qu’il y a plusieurs types de paramètres en jeu lorsqu’on veut parler de reconversion. Cette année pour le début, nous avons pensé à faire le recensement de tous les footballeurs camerounais. À ce jour, de toutes nos associations, nous sommes déjà à 650 footballeurs recensés et après, nous allons avoir un travail de tamis, qui va consister à voir quel âge a le footballeur, quelles sont ses qualifications actuelles, est-ce qu’il est capable de suivre encore une qualification, qui va peut-être durer six mois. Bref, tout un programme sur lequel nous sommes en train de réfléchir pour que dans les prochaines semaines, nous passions à l’acte.
Justement 2018 est déjà demain. Vous avez annoncé que ce serait à Liège, ce ne sera pas facile de maintenir le niveau… Quelle est l’ambition pour Liège ?
C’est vrai, nous sommes nous-mêmes conscients, comme on dit chez nous, que le niveau était élevé à Düsseldorf. Je pense que le défi sera le même pour 2018. Je crois dur comme fer que Liège va pouvoir relever le défi. J’y crois.
La CAN 2019 devrait arriver au Cameroun. C’est peut-être l’opportunité d’une plate-forme supplémentaire de débats et d’échanges pour la Fifve.
La CAN dans notre pays ne saurait être un événement où nous ne puissions pas donner notre contribution. Nous pensons avoir des choses à apporter pour que la CAN puisse se dérouler au Cameroun et que ce soit de fort belle manière. Je pense que les deux jours qui viennent de se dérouler ont démontré notre capacité de mobilisation au niveau de la diaspora, avec les anciens footballeurs, les passionnés de football, issus de divers milieux de la société. Donc, pour la CAN 2019, nous pensons que nous saurons la réussir et que la Fifve y apportera sa modeste contribution.
Comment est née l’idée, l’envie de la création de la Fifve et de tout cet événement auquel nous avons assisté ?
L’idée part de Cologne, où nous organisions déjà des tournois vétéran entre quelques équipes d’Allemagne. On avait des tournois de trois-quatre équipes, et il y a trois ans à Charleroi, on a pensé que les différentes équipes qui s’affrontaient très souvent, ce serait bien qu’on mette sur pied une plate-forme. On s’est dit que nous pouvions faire autre chose que jouer au ballon lors de nos rencontres. C’est vrai qu’on prend du plaisir, qu’il y a des retrouvailles, mais est-ce que ça seulement ça suffit ? J’ai posé cette problématique aux autres responsables de délégation, en faisant remarquer que dans certaines délégations, on retrouve des anciens footballeurs, et vous en avez parfois qui sont dans la précarité. Personnellement ça m’a toujours touché et ma motivation était comment nous pouvons aider ceux qui sont dans la précarité. L’idée est venue, les différents clubs qui avaient rejoint notre mouvement se sont dits qu’il faudrait qu’on crée un mouvement fédéral, constitué des différentes associations de vétérans légalisées dans leur pays. Vous ne pouvez pas avoir un « 2-0 » qui passe le temps à taper dans le ballon, et on en fait une équipe membre de la Fifve. Il faut être enregistré, avoir des statuts reconnus par l’administration. Et c’est seulement à ce moment que vous pouvez recevoir une carte de membre pour l’association. Aujourd’hui, nous en avons dix-sept, les équipes qui ont répondu présentes au tournoi. Nous avons des demandes, mais nous ne pouvons pas prendre tout le monde dans un premier temps. Ça demande du temps de gestion et n’oubliez pas que nous le faisons sur notre temps libre, dans nos espaces de temps privé.
Pour terminer notre entretien, quel serait le souhait de la Fifve pour les cinq à dix prochaines années ?
Notre souhait est que nous puissions produire des formateurs, des gens avec qui on peut former ceux qui vont pouvoir apporter une formation académique à nos jeunes enfants dans les différents pays africains. C’est notre rêve, on pense qu’il y a un problème de formation des hommes, que ce problème sérieux, et qu’il faut y apporter une touche professionnelle. Mon rêve actuellement est de trouver des financements pour la Fifve, pour que d’ici 2019, nous ayons un premier lot d’encadreurs, de formateurs professionnels.