Président de l’ASASB 93, Didier Patio nous présente l’amicale qui organise le « deux-zéro » à Aulnay, en région parisienne. Celui qui a évolué en division professionnelle nous parle de l’importance du football dans l’intégration, tout en assumant son ambition de gagner le tournoi de Düsseldorf.
Vous êtes le Président de l’association que nous présenterons comme le « 2-0 » d’Aulnay. Pouvez-vous nous faire un bref historique de votre association.
On peut dire que c’est une aventure qui a eu trois phases depuis sa création en 1996. Au début, des Africains (Camerounais, Congolais, Maliens) de la Seine-St Denis (et de Aulnay en particulier) se sont dits qu’il fallait s’organiser autour du foot. Il y a eu une volonté d’utilisation du football comme catalyseur pour une socialisation active. Mais, il n’y avait pas encore d’existence légale, au sens administratif. En 2008-2009, l’idée selon laquelle il fallait affilier affilier l’association, sous la loi 1901. Pour éviter des conflits liés à la gestion du groupe, nous avons fait rédiger des statuts et définir les critères d’adhésion. C’est ainsi que naît officiellement l’Amicale Sportive Aulnay sous Bois (Asasb). Il y a trois ans, en 1994, nous décidons de nous réorganiser et de recoller le numéro du département pour démontrer notre volonté d’être plus que des personnes d’Aulnay. C’est ainsi que ça devient Asasb 93. ça se fait sous la conduite de Moïse Leman, et nous prenons la décision que le Président a un mandat de deux ans non renouvelable. C’est ainsi que je deviens le président de l’association en mars dernier pour les deux prochaines années, après avoir été Directeur sportif pendant six ans.
Quels objectifs avez-vous aujourd’hui ?
Nous avons aujourd’hui 80 adhérents, dont 40-45 joueurs. Les autres, ce sont des anciens, comme je le dis, c’est depuis 1996. On va dire que ce sont des Africains, même si en grande majorité, ce sont des Camerounais qui adhèrent. En ce qui concerne notre projet, je pense pouvoir dire que les notions que défend la Fifve sont en accord avec les nôtres. Nous avions même voulu porter cette idée au départ en Île-de-France , puis en France. Je pense que c’est la suite logique du Challenge, dont j’ai fait les premières éditions. Il était porté par des étudiants qui sont devenus des vétérans aujourd’hui, je pense que si on regarde bien le bureau de la Fifve, nombre d’entre eux sont passés par le Challenge. On va profiter de ce week-end pour suivre les avancées de la Fifve.
Pour revenir à notre association, on va dire que nous avons trois grands axes : 1- Rassembler les communautés africaines en Europe, 2- Développer des actions sociales en vue de pérenniser notre association (on pense notamment au numérique, avec des classes numériques dans les établissements de nos villes, et même la construction de toilettes dans des établissements primaires dans les villes de Douala et Yaoundé), 3- Travailler sur des problématique de sécurité dans notre ville. Nous voulons utiliser le football pour que nous vétérans puissions travailler sur la sécurité, et l’intégration ainsi que les problématiques liées à l’immigration. Nous devons reconnaître quand même quelques difficultés, le bénévolat a des limites, notamment en termes de temps, et nous sommes encore assez jeunes pour bénéficier du sponsoring des autorités territoriales.
J’ai vu que vous avez été professionnel. Le Vétéran X-Change doit vous parler.
Je suis arrivé en France pour le football, après avoir été détecté par un agent, qui a été gourmand après un test réussi en Allemagne. Je suis arrivé en région nantaise, mais il était tard pour les détection au FC Nantes, j’ai évolué une saison à St Sébastien/Loire où j’ai été détecté par le club du Mans. Une génération où il y avait en attaque les Daniel Cousin, Didier Drogba, Dagui Bakari. Je me suis cassé la jambe deux fois et il n’était plus question de haut niveau pour moi. Je pense aussi que je n’avais pas la même éducation sportive que les autres. Comme j’étais scolarisé, et que le centre de formation du club n’avait pas une grosse taille, j’étais chargé d’aider les jeunes en formation dans leurs devoirs. On m’a proposé ensuite d’intégrer l’encadrement, mais je n’en avais pas envie. Si je n’étais pas footballeur, ma destinée n’était pas d’être encadreur. J’ai continué mes études, je suis aujourd’hui ingénieur télécom. Je dois reconnaître l’apport du foot dans mon intégration, même pendant les entretiens, les personnes qui m’évaluaient me demandaient comment j’avais fait pour concilier sport et études. Je pense que c’est possible d’avoir un projet après le football. Nous allons y participer.
Quel sera votre objectif sportif à Düsseldorf ?
A Düsseldorf, nous avons pour premier objectif de respecter nos adversaires, et ensuite de remporter le tournoi. Nous avons déjà démontré que nous avions des qualités, en terminant en finale à Berlin. Nous avons également remporté un tournoi à Bruxelles, donc nous avons une belle délégation (environ vingt-six personnes), et nous viendrons pur nous amuser, et essayer de remporter la compétition, mais plus que tout, je pense que nous présenterons une belle image de la communauté camerounaise et africaine d’Île de France..