Avec un bénéfice de 338 millions de dollars sur la période 2011/2014 pour un chiffre d’affaires de 5,7 mds USD, grâce en grande partie aux revenus du Mondial-2014 au Brésil, la Fifa est une institution prospère, assise sur des réserves de plus d’1,5 milliard USD.
– Des revenus en hausse: Grâce à une augmentation significative des droits TV et de marketing, la Fifa a très sensiblement augmenté ses revenus par rapport à la période précédente, selon le rapport que vient d’adopter vendredi le comité exécutif. Mais dans le même temps, les dépenses, soit 5,4 mds USD, se sont fortement accrues, en raison notamment du surcoût du Mondial brésilien qui a coûté au total 2,2 Mds USD.
La Fifa a financé intégralement à hauteur de 453 M USD le comité d’organisation de la Coupe du monde remportée en juillet dernier par l’Allemagne, prenant ainsi en charge le transport (64 M USD) ou la sécurité (45 M USD). Elle a dû faire face à des coûts « imprévus ». Ainsi, parallèlement, l’enveloppe consacrée aux coûts de production TV a-t-elle explosé à 370 M USD.
« Les exigences de la production TV sont toujours plus élevées et le Brésil est un pays très cher », explique Markus Kattner, le directeur financier de la Fifa, qui avance aussi comme explication « la volatilité de la devise brésilienne ».
– les deux tiers de l’argent vont au foot: 72% de l’argent dépensé est « investi directement dans le football ». Ainsi, sur les 2,2 mds USD consacrés au Mondial-2014, 476 M USD ont été reversés aux 32 équipes (dont 35 M USD au pays vainqueur et 8 M USD à une équipe éliminée au 1er tour). De plus, sur la période, la Fifa a dépensé un peu plus d’1 milliard USD dans des programmes de développement du football, chacune des 209 fédérations affiliées recevant une part.
– un fonds de 100 millions de dollars pour le Brésil: Comme en Afrique du Sud quatre ans plus tôt, un fonds doté de 100 M USD a été créé pour « garantir l’héritage » du Mondial au Brésil. Environ 60% de cet argent ira au « financement d’infrastructures et 15% au développement du football féminin », explique Cyril Loisel, directeur des programmes de développement de la Fifa, précisant que les dépenses sont strictement contrôlées et soumises à des audits.
– un matelas de 1,52 Md USD: La Fifa a accru ses réserves de 141 M USD sur la période, pour disposer au total de 1,52 Md USD. Ces réserves « garantissent notre indépendance financière et peuvent nous permettre de réagir à des événements imprévus », assure M. Kattner ». « On critiquait M. Blatter quand nous n’avions pas de réserves et on le critique maintenant qu’elles sont élevées… », ajoute M. Kattner. « Les réserves actuelles représentent approximativement un tiers de nos dépenses sur notre cycle financier de 4 ans. D’un point de vue financier, cela me semble raisonnable au vu de notre grande exposition aux risques avec un modèle qui repose entièrement sur une compétition qui se déroule tous les quatre ans », ajoute-t-il.
– Une institution qui paie des impôts mais ne révèle pas le salaire du président: Contrairement aux idées reçues, la Fifa, comme association, « paie des impôts en Suisse au taux officiel pour des associations, environ 13% », souligne M. Kattner. Si la Fifa se veut transparente sur ses dépenses de personnel (397 M USD sur quatre ans, pour 474 employés fin décembre 2014), elle ne révèle pas en revanche les émoluments de son président Blatter. « Simplement parce que contrairement à une entreprise cotée en Bourse, nous n’y sommes pas obligés », explique M. Kattner.
– Un budget prévisionnel de 5 mds USD pour la période 2015-2018: le budget 2015-2018, adopté en 2013, prévoit 5 Mds USD de revenus pour 4,9 Mds USD de dépenses, dont 2,2 Mds USD pour le Mondial-2018 en Russie. « La crise en Russie aura un effet mais il n’y a pas de modification des prévisions de budget concernant le Mondial 2018 », assure M. Kattner.
Par Eric BERNAUDEAU