Le secrétaire général de la Fédération internationale de football (FIFA), le Suisse Michel Zen-Ruffinen affirme, dans son rapport remis vendredi aux membres du comité exécutif, que « la FIFA est gérée aujourd’hui comme une dictature » et se retrouve « réduite à une Blatter organisation ».
Dans ce rapport, auquel l’AFP a eu accès, il multiplie les accusations contre son président, l’accusant d’une manière documentée d’avoir pris deux décisions « constituant un acte criminel selon le droit pénal Suisse ». Le secrétaire général affirme ainsi qu’un membre du comité exécutif a reçu, depuis août 2000, une somme de 100.000 dollars (109.000 EUR) sur ordre du président, pour des rémunérations concernant la période 19988-2000 où il n’était pas élu.
D’autre part, toujours selon les accusations du secrétaire général qui cite « des témoins identifiés », l’arbitre nigérien Lucien Bouchardeau aurait reçu un chèque de 25.000 dollars (27.260 eur) de Blatter pour apporter des informations sur Farah Addo. Ce délégué avait mis en cause Blatter lors du scrutin le portant à la présidence en 1998 à Paris.
« La FIFA n’est plus une organisation décente et structurée, elle est aujourd’hui en mauvaise posture, désorganisée, les finances ne sont saines qu’en apparence, la FIFA vit sur des revenus futurs », affirme encore Zen-Ruffinen, qui détaille longuement ces accusations.
Ainsi, toujours selon lui, la société FIFA Marketing, créée pour prendre la place de la société ISL après sa faillite, « aurait dû constituer de loin la meilleure option et elle dépense aujourd’hui près de 100 millions de francs suisses (68,74 millions EUR) par an et est en train de devenir une option bien plus coûteuse que celle avec des entrepreneurs tiers ».
En ce qui concerne les droits de retransmission pour les Coupes du monde de 2002 et 2006 attribuées à ISL puis à Kirch, Zen-Ruffinen affirme que la société américaine AIM avait offert 320 millions de dollars (348 millions EUR), soit 100 millions de dollars de plus que ISL-Kirch qui a pourtant obtenu le contrat.
Il s’étonne également de « l’abandon d’une créance de 9,474 millions de dollars (10,25 millions EUR) sans raison valable au profit de la CONCACAF », de « l’attribution d’une mercedes comme voiture de service à sa secrétaire en désaccord avec le règlement » et accuse le président « d’user et d’abuser de GOAL (ndlr: un projet d’aide d’un million de dollars aux pays en voie développement) pour ses intérêts personnels en s’en servant pour mener campagne ».
Enfin, Zen-Ruffinen conclut que « les aides financières ne sont pas transparentes »; il estime que « le bilan actuel ne reflète pas la situation financière réelle et que la perte actuelle pourrait être beaucoup plus élevée que communiquée ».
M. Blatter, qui a déjà répondu pendant plus de trois heures vendredi devant les membres du CE, a formellement démenti toutes les accusations de ce rapport, affirmant qu’il apporterait les dernières réponses la semaine prochaine.