Joseph Blatter, seul candidat à sa succession, devrait être réélu à la tête de la FIFA pour un 4e mandat mercredi à Zurich. Sur fond de scandales.
Cette fois, Sepp Blatter n’a pas nié la réalité de la crise qui secoue la FIFA. Lors de l’ouverture du congrès électif à Zurich, mardi, le président sortant a changé de discours. Lundi, pressé de questions sur les accusations de corruption et les enquêtes internes qui minent l’institution, le patron du foot mondial avait joué les ingénus en lançant «la crise ? quelle crise ?». A la tribune, il a fini par reconnaître la gravité de la situation en estimant que «la pyramide de la FIFA est en train de vaciller sur ses bases». Au point de remettre en question sa réélection par les 208 délégués arrivés en Suisse des quatre coins du globe ?
Vraisemblablement non. Jusqu’ici, l’élection a été maintenue contre vents et marées. Mardi matin, la Fédération anglaise, suivie par l’Ecosse, a demandé un report mais ses chances d’être entendue par une majorité de délégués est quasi-nulle. C’est plutôt une petite vengeance, puisque Blatter, la veille, avait classé sans suite une enquête parlementaire britannique sur les conditions d’attribution du Mondial 2022 au Qatar. Autre candidate malheureuse, l’Australie a également fait entendre sa voix, réclamant une «réforme profonde et à tous les niveaux» de la FIFA. Plusieurs délégués de la Confédération asiatique (AFC), dont le chef de file, Mohammed Bin Hamman, a été contraint de retirer sa candidature, ont eux quitté Zurich.
Les sponsors s’en mêlent
Même si elle a monté ces dernières heures, cette grogne anti-Blatter ne devrait pas suffire à empêcher le Suisse de commencer à 75 ans un quatrième mandat. Son seul adversaire, Mohammed Bin Hammam, suspendu le temps d’une enquête interne sur une fraude présumée liée au scrutin, est hors-course. Une sanction vécue comme un «outrage» par les membres de l’AFC. Les délégués qui sont restés au congrès devraient manifester leur mécontentement tout en prenant part au vote, à la demande de Bin Hamman. Ses opposants reprochent notamment à Blatter un «don» d’un million de dollars à la Concacaf juste avant le scrutin. Corruption contre corruption, en quelque sorte.
La fin de la récréation pourrait être sifflée par les grands argentiers de la FIFA : les sponsors. Ces partenaires économiques se sont inquiétés mardi de la cascade de scandales qui touche les plus hauts dirigeants du football mondial et ternit l’image de leur sport. Sans pour autant aller jusqu’à reconsidérer leur soutien. Les plus virulents sont les Américains de Coca-Cola, liés à la FIFA depuis la Coupe du monde 1978, et désireux aujourd’hui de voir leur partenaire mettre sans tarder de l’ordre dans ses affaires: «Les allégations actuelles sont angoissantes et très mauvaises pour le sport, a déclaré le porte-parole de la marque. Nous nous attendons à ce que la FIFA trouve une solution à cette situation de manière adéquate et complète.» Il y a du travail.
Rédaction (avec AFP)