L’actuelle crise de gouvernance camerounaise n’est pas la première qui fasse sortir la FIFA de ses gonds. A chaque fois, le gouvernement camerounais a reculé face aux menaces de suspension brandies par l’instance mondiale.
1998, le trafic de billets d’Onana
La volte-face la plus spectaculaire date de 1998. Joseph Owona, alors ministre des Sports fait emprisonner Vncent Onana, Président élu de la Fécafoot, pour un trafic de billets de la Coupe du monde 1998. Dans le cafouillage, Joseph Owona s’immisce dans la gestion de la Fecafoot dans l’objectif de mieux la contrôler. Informée par les lieutenants de Vincent Onana, la FIFA somme le ministre de ne pas interférer dans les affaires d’une de ses associations membres. Dans la foulée, la FIFA et la CAF proposent un plan de sortie de crise. Le patron du sport camerounais fait la sourde oreille. La résistance va durer près de six mois. Finalement, la FIFA prononcera en janvier 1999 une suspension du Cameroun de ses activités pour une durée indéterminée. Pris de panique, Peter Mafany Musonge, le Premier ministre d’alors, va désavouer son ministre des Sports en écrivant à la FIFA pour lui faire savoir que son plan d’action, visant à doter la Fédération d’un nouveau bureau directeur élu, serait scrupuleusement appliqué. Cette volte-face du gouvernement camerounais va amener l’instance du football mondial à annuler sa sanction. Ainsi, dans ce cheminement, une cellule exécutive provisoire de 12 membres dont 8 désignés par la FIFA et 4 issus de la société civile et désignés par le gouvernement camerounais sera mise en place, avec pour président Iya Mohammed. Cette cellule provisoire va organiser les élections qui aboutiront à la reconduction de l’homme d’affaires au poste de président de la Fécafoot.
1994 (1) : la controverse Maha Daher
Bien avant 1998, la FIFA et le Cameroun s’étaient déjà opposées quatre ans plus tôt, précisément à la veille de la phase finale de la Coupe du monde 1994 aux Etats-Unis. Maha Daher, fraîchement élu président de la Fédération camerounaise de football dans des conditions très controversées, voit le ministre des Sports remettre en cause le processus qui a conduit à son élection. En réaction, la FIFA y voit une ingérence du politique. Elle donne une semaine au gouvernement camerounais pour se retirer, tout en brandissant une menace de suspension susceptible de coûter aux Lions Indomptables, leur qualification aux Mondial 94. Sans attendre la date butoir fixée par la Fifa, le Premier ministre d’alors, Simon Achidi Achu, s’empresse d’envoyer une lettre au président de la FIFA via la Fécafoot pour lui signifier la reconnaissance du nouveau bureau directeur de la Fecafoot conduit par Maha Daher. La FIFA prendra acte et retirera sa menace.
1994 (2) : l’épisode de la CPG
De retour de la phase finale du Mondial USA, le football camerounais va replonger dans une nouvelle crise qui va amener Joseph Marie Bipoun Woum à l’époque ministre des Sports, à suspendre le bureau de Maha Daher au profit d’une Cellule provisoire de gestion (CPG) dont la présidence est confiée à Emmanuel Mvé, ancienne gloire des Lions Indomptables. Comme il fallait s’y attendre, Maha Daher et son équipe vont se plaindre à la FIFA. Comme il fallait s’y attendre encore, cette dernière va sommer le gouvernement camerounais a ramener aux affaires le bureau élu. Apres des mois de résistance, le gouvernement est obligé de se plier surtout qu’entre temps, la FIFA a refusé d’enregistrer l’engagement des Lions Indomptables pour les éliminatoires de la Coupe du monde 1998. Le ministre des Sports va donc reculer finalement, permettant à Maha Daher et son équipe de revenir aux affaires.
Paul Nana, à Douala