Le football est un sport qui charrie les passions, comme rarement. Ce n’est pas un scoop, mais carrément une lapalissade. Les deux ans de normalisation que nous venons de vivre à la Fédération camerounaise de football ont prouvé, s’il en était encore besoin, que ça va bien au-delà de la passion. Le football, c’est d’abord et avant tout une affaire d’argent. Beaucoup d’argent. L’exemple venant d’en haut, les scandales qui éclaboussent la Fifa le confirment.
D’autant, que ce n’est que la partie visible de l’iceberg que constitue cette mafia.
Dans tous les cas, pour comprendre toutes les batailles qui ont court à Tsinga depuis quelques années, il faut d’abord assumer qu’aucun de ces personnages se réclamant « acteurs du football » ne pense aux footballeurs si ce n’est comment il va se faire des sous sur le dos de ces pauvres sportifs. Comment comprendre autrement que Mayebi, Essomba, Mveng et autres, les architectes dans ce qu’est devenu cette institution, qui se sont retirés dans la controverse la plus totale, soient prêts à tout, et ils sont même accusés d’user de faux, pour rester autour de la table ?
C’est peut-être naïvement que certains pensaient qu’ils s’étaient engagés dans la bataille pour le bien de ce sport. Dès que l’occasion s’est présentée, ils ont allègrement lâché leurs compagnons de combat, Abdouraman Hamadou notamment, autre ancien de la maison, pour avoir un bout de gâteau, un bout à eux. Un bout, juste un bout, suffit visiblement à rassasier le plus glouton d’entre eux. Ils vont s’empiffrer et venir nous jurer, la main sur le cœur, qu’ils se battent avant tout pour le renouveau du football camerounais. Parce qu’ils feront du renouveau, avec les mêmes qui ont géré le cirque depuis bien des années.
De l’autre coté, il y a celui à qui le gâteau est visiblement promis. D’ailleurs, Tombi à Roko a déjà tout prévu pour la répartition de la friandise à ceux qui le soutiennent, ceux-là qui se battent depuis deux ans pour que le système mis en place à Tsinga se perpétue. Ceux là qui se pavanent en attendant d’avoir officiellement le droit de se goinfrer. Dans le fond, Tombi à Roko ferait-il un si mauvais président ? Difficile de penser le contraire quand on voit tous les loups qui l’entourent, le poussant jusqu’au bout à arracher cette place tant convoitée. C’est bien le plus important non ?
Si l’espoir d’un changement de fond ne réside plus du côté des élections, on va espérer que le vent qui souffle du côté de la FIFA emporte ces prébendiers de grand chemins. L’État aurait pu justement profiter du changement de garde au Secrétariat Général de la FIFA pour balayer et nettoyer sans aucune gêne cette fédération désuète. Jérôme Valke, ce français corrompu qui a toujours menacé le pays de Roger Milla d’une suspension certaine ayant été écarté, le cirque de Tsinga aurait dû être stoppé.
Au fond, qu’est ce qui leur restera à gérer quand ils auront fini de mettre ce football encore plus bas que terre ? Quand les sélections nationales ne pourront plus se qualifier pour aucune compétition et donc, qu’il n’y aura plus de retombées d’une competition à se partager ? Ah oui, peut-être encore les juteux montant de transferts de joueurs qu’ils ne transmettent pas aux clubs formateurs de jeunes, peut-être le marchandage des certificats de transfert aux agents de joueurs, peut-être les juteux jetons de présence aux réunions, peut-être les millions de FCFA des joueurs que la FIFPRO remet année après année à David Mayebi et au SYNAFOC.
Jean Cyprien Ekoko