« Le président de la Fédération touche 1 million et moi je suis président d’honneur, j’ai mis ce football au haut niveau, je n’ai que 300 000 francs » dixit Roger Milla dans une interview accordée à nos confrères de la Nouvelle Expression. L’ambassadeur itinérant s’exprimait à l’occasion de l’assemblée générale de sa fondation. L’intégralité ….
Excellence, vous avez proposé une pétition à signer aux membres de l’Assemblée générale de votre Fondation, à adresser au Chef de l’Etat. C’est parce que si c’est lui qui le fait, la Fifa pourrait frapper pour ingérence politique ?
Ils font croire au peuple camerounais que si on essaie d’enlever Iya, la Fifa va retirer l’agrément ou suspendre le pays. Chose que nous ne voulons pas, parce que si on enlève l’agrément à notre fédération, on n’aura plus de football, on ne pourra plus aller au stade ; chose que nous ne voulons pas. Mais nous voulons quand même que les gens réfléchissent, que les gens s’assoient et qu’ils comprennent que notre football est en danger. Nous ne voulons chasser personne, mais nous voulons que ces gens eux-mêmes comprennent que le travail depuis 10 ans est mal fait, qu’il faut changer. La pétition est faite pour que tout camerounais qui aime ce pays et qui aime ce football, qui continue à aimer ce football, participe à nos mouvements, qu’il signe ce document qui ira à la Haute hiérarchie. Et ce sera à la haute hiérarchie de décider de ce qu’il faudra faire. Nous sommes juste là pour amener les Camerounais et les camerounaises à comprendre que le football est malade et si nous continuons de cette manière nous seront enterrés.
Et si les membres de la Fondation n’adhéraient pas à votre vision, serait-ce de la trahison pour vous ?
Ce n’est pas obligé qu’il soit signé. En plus je leur ai dit que le document n’est pas une obligation. Celui qui se sent camerounais et qui aime le football le signe. Et puis, c’est bien écrit «pétition et engagement». Donc la personne qui veut s’engager s’engage. On n’oblige personne.
Peut-on dire que vous avez choisit la voie de la rue ?
Pas du tout. Nous ne sommes pas des bruts ; nous ne sommes pas des sauvages. C’est notre travail. Nous avons joué ce football. Et c’est grâce à nous que ce football est ce qu’il est aujourd’hui. C’est grâce à nous que le Cameroun est ce qu’il est aujourd’hui. Nous ne pouvons pas continuer à voir notre pays tomber. Nous ne pouvons pas accepter cela. Et personne ne peut l’accepter. Ça peut être dans la culture, ça peut être dans le commerce, ça peut être dans la santé et n’importe où. Si vous marchez aujourd’hui et vous voyez la santé en train de couler, allez-vous croiser vos bras ? Non! C’est un peu la discipline qui a fait connaître notre pays dans tout le monde entier et qui peut d’ailleurs continuer à faire connaître ce pays dans le monde entier. Nous voulons l’assistance de tout Camerounais qui croit encore à ce football, qui croit encore à nos joueurs qui sont à l’étranger et qui peuvent encore remonter cette pente parce que nous avons un potentiel énorme. Mais du moment où il n’y a pas une bonne organisation, du moment où il n’y a pas une bonne discipline, du moment où il y a des querelles déjà comme on a divisé les joueurs, il faut faire quelque chose.
Est-ce que vous êtes toujours président d’honneur de la Fédération camerounaise de football ?
Tant que la Fédération ne m’a pas démissionné, je suis toujours président d’honneur, je ne voudrai pas leur donner le bâton pour me fouetter.
Mais vous pouvez aussi démissionner…
Vous vous rendez compte qu’il y a eu bagarre pendant 3 ans pour que je sois président d’honneur, et le président Iya ne peut pas le nier. Il partait de chez moi à une heure du matin, parce qu’il voulait que je sois président d’honneur. J’ai accepté d’être président d’honneur en pensant qu’il devait y avoir un changement. Je leur disais que j’accepte d’être président d’honneur, mais s’il y a malversation quelque part, je serais obligé de réagir. Ils n’ont pas cru en ce que je leur disais. Je ne peux pas voir le football que nous-nous sommes tués pour être ce qu’il est aujourd’hui. Même ceux qui sont présidents de clubs aujourd’hui se taisent seulement parce qu’ils ont peut-être peur de revendiquer, qu’ils ne veulent pas seulement réagir, mais ils ont mal. Voilà le professionnalisme qu’ils ont mis en place. Vous acceptez qu’un joueur professionnel aujourd’hui gagne 10 000 Fcfa ? Il y a 40 ans, nous avons été amateurs : par mois, j’avais au moins 400 000F dans ma poche, que les dirigeants me donnaient. Je parle des années 70. Regardez ce que ça veut dire 400 000 francs en 70, aujourd’hui. Je crois qu’il faut apporter un soutien à nos footballeurs. Ils ne peuvent pas payer l’école et soigner leurs enfants. Il faut qu’ils le comprennent. Il faut que j’agisse.
Est-ce que vous continuez à toucher votre salaire de président d’honneur ?
Je ne sais pas. D’ailleurs je vais aller mercredi à ma banque pour voir si le virement continue toujours de passer. Je ne peux pas refuser si le virement passe, parce que je suis toujours président d’honneur. Le jour où ils vont me démissionner, je n’aurais plus ce salaire. Et puis, je dis que c’est honteux quand quelques individus de cette Fédération vont çà la télévision ; à la presse pour dire que Roger Mila touche 500 000 francs je dis que c’est faux. C’est 300 000 francs qu’on verse dans mon compte à Ecobank. Vous pouvez aller vérifier. On va vous dire que c’est 300 000 francs qu’on verse dans mon compte. Par contre, le président de la Fédération touche 1 million et moi je suis président d’honneur, j’ai mis ce football au haut niveau, je n’ai que 300 000 francs. Donc vraiment je suis désolé. Le football est pour tous les Camerounais. J’ai déjà dit ça à tous mes collaborateurs de l’assemblée. Un président de la Fédération peut sortir du marché. Il peut sortir de n’importe quel endroit pour être président de la Fédération camerounaise de football. On ne choisit pas un président. C’est pour ça que nous voulons que les élections soient transparentes. Parce qu’à l’heure actuelle, même le chef de l’Etat, s’il met sa candidature pour être président de la Fécafoot, il ne gagnera jamais. Parce que tout a été verrouillé. Et nous ne voulons pas ça. Ça c’est du banditisme, c’est du voyoutisme et nous ne voulons plus ça.
Source: LNE