Installé officiellement le 31 décembre dernier, le nouveau secrétaire général de la Fédération camerounaise de football, outre la coordination de l’action administrative dans cette fédération qui sort d’une longue traversée du désert, devra relever plusieurs défis dont l’un des plus urgents reste celui de laver l’image de la Fécafoot ternie par une série de crises interminables.
Laver l’image de Bad Boy
Passés les youyous, les flonflons et les agapes qui ont coloré la cérémonie solennelle d’installation de Blaise Moussa au palais des Sports de Yaoundé il y’a quatre jours. Après la fête, l’heure est au travail ; et ce serait un doux euphémisme que de dire que le nouveau patron de l’administration de la Fécafoot a hérité d’un champ de mines. L’environnement tendu dans lequel il a été recruté est suffisamment éloquent. Il a donc du pain sur la planche. Le premier défi à relever sera tout d’abord de contribuer à polir l’image de bad boy que la plupart des acteurs du football camerounais ont collé à la « Tour de Tsinga » et à tous ceux qui y occupent des postes de responsabilités. Avec raison assurément parce que Tombi à Roko, issu d’un processus électoral qui aura duré un peu plus de deux ans, ponctués de des décisions de justice sportive imposant des éternels recommencements, des déchirements dans des factions en dissidence, une équipe nationale sortie la queue entre les jambes de la dernière Coupe du monde et de la Coupe d’Afrique des nations 2015 en Guinée équatoriale, c’est depuis lors un désamour total de l’opinion vis-à-vis de notre sport roi.
L’évangile de la réconciliation
Le jeune inspecteur des régies financières formé à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam) devra donc emboucher, comme son nouveau patron et non moins illustre prédécesseur, la trompette de la réconciliation. Réconciliation avec la famille (divisée) du football mais aussi réconciliation avec les détracteurs du nouvel exécutif en place. Eux qui ne sont pas encore prêts à « ranger les couteaux dans les fourreaux ». Tout cela devra aboutir à la reconquête des sponsors qui ont tous pris la clé des champs au moment où la Fécafoot s’enlisait dans les décombres d’une normalisation controversée. Le jeune administrateur de 41 ans qu’on présente comme un travailleur rompu à la tâche et un homme rigoureux, devra dans la foulée, travailler en mettant un accent particulier sur la préparation des deux Can (féminine et masculine) que le Cameroun aura l’honneur d’abriter en 2016 et en 2019.
Le Chan et le respect des valeurs éthiques
Mais, l’un des dossiers imminents reste la participation du Cameroun au Championnat d’Afrique des nations (Chan) prévu du 10 janvier au 7 février au Rwanda. Considérés comme les rescapés d’une année 2015 particulièrement moribonde pour les sélections nationales, les Lions amateurs devront mouiller le maillot et se battre griffes et crocs dehors pour remporter cette quatrième édition. Les poulains de Martin Ndtoungou Mpilé qui sont logés dans le groupe B avec la RD Congo, l’Angola et l’Ethiopie, ont les yeux de la nation entière braqués vers eux. Le nouveau SG qui a coordonné samedi dernier au Centre d’excellence de la Caf de Mbankomo le séminaire organisé par des enseignants de l’Enam à l’intention des bébés Lions sur la « sensibilisation au patriotisme, et au respect des valeurs éthiques, républicaines et olympiques dans les équipes nationales », sera plus que jamais au four et au moulin.
Le pari de l’organisation des Can 2016 et 2019
Tout comme il aura un important rôle à jouer dans l’organisation de la Can féminine 2016 que le Cameroun va abriter en novembre prochain. Main dans la main avec l’Etat du Cameroun, la Fécafoot devra aider le pays hôte à réussir le pari d’une organisation « parfaite ». Dans sa posture d’organe technique, l’instance devra garantir à la sélection nationale fanion, une préparation digne d’une équipe de son rang. De même qu’elle devra veiller à ce que Gabrielle Aboudi Onguéné et ses camarades se plient à un programme de mise au vert ponctué par de nombreux matchs amicaux internationaux, bien loin des amuse-gueules dont elles ont été obligées de se contenter avant le Mondial 2015 au Canada.
L’année 2016 étant très chargée, Blaise Moussa va également remuer la paperasse pour faciliter le bon déroulement des différentes campagnes éliminatoires de certaines sélections nationales à l’instar des Lionnes U17 qui s’apprêtent à disputer les éliminatoires de leur Mondial (Jordanie 2016) ou encore les Lions indomptables séniors qui vont poursuivre les éliminatoires de la Can 2017 dès le mois de mars, mais aussi ceux de la Coupe du monde 2018 à partir du mois d’octobre. En interne, l’homme qui a soutenu il y’a trois ans une thèse de Doctorat sur le thème « la lutte contre l’évasion fiscale dans les pays de la Cemac » dans le cadre de l’Ecole doctorale des sciences juridiques et politiques de Toulouse, va également conduire les réflexions stratégiques relatives à l’organisation et à l’administration de la Fécafoot et de ses nombreux démembrements.
Chef d’orchestre
De même qu’il doit proposer et assurer le suivi de la politique de modernisation de la Fécafoot en pilotant le contrôle de gestion non sans élaborer la politique des ressources humaines et veiller à sa mise en œuvre. Maillon clé et chef d’orchestre du volet administratif, il doit aussi définir la stratégie budgétaire et proposer à Tombi à Roko des arbitrages relatifs aux emplois tout en suivant l’exécution de l’ensemble des programmes de la fédé. Blaise Moussa sera secondé dans sa lourde mission par Patrick Eugène Ebode Tsanga, nommé secrétaire général adjoint. Le juriste qui était jusque là Chef des affaires juridiques de la Fécafoot se voit attribuer de nouvelles fonctions dont il n’est pas totalement étranger. Car, sa longue et riche expérience dans l’administration du football sera d’un apport important pour son jeune collaborateur.
Christou DOUBENA