Malgré le fait que ce soit une démarche contraire aux textes de la Fifa, le bureau exécutif de la Fécafoot s’est ouvert aux inspecteurs venus du contrôle supérieur de l’Etat. Pour éviter un bras de fer inutile, pouvant aboutir aux sanctions que la Fifa pourrait prononcer contre la Fécafoot.
En pleine réunion vendredi 12 septembre à leur siège à Tsinga-Yaoundé, les membres du bureau exécutif de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) ont reçu la visite des cinq inspecteurs d’Etat qui sont dans leurs murs depuis bientôt deux semaines. Très sereinement, ces inspecteurs venus du ministère délégué à la présidence de la République chargé du contrôle supérieur de l’Etat, ont vu Iya Mohamed et ses pairs discuter sur l’organisation du prochain tournoi interpoules, faire le point de la saison et de la participation des Lions cadets à la dernière coupe du monde de la catégorie en Finlande. Sur tous les plans : sportif, financier.
Une attitude du bureau exécutif de la Fécafoot qui, ajoutée au fait que ce dernier ait mis à la disposition de ces inspecteurs tous leurs livres comptables sur la période 1998-2002, prouve que Iya Mohamed et son équipe n’auraient rien à cacher. «Notre gestion est claire et constamment passée au scanner par le cabinet de renommée internationale Price waterhouse. Nous ne nous reprochons rien», déclare-t-on au secrétariat général de la Fécafoot où l’on ne comprend pas pourquoi ce contrôle n’a pas commencé par le ministère de la Jeunesse et des Sports (Minjes), tutelle de toutes les Fédérations sportives nationales. Il faut le dire, c’est au Minjes que l’Etat verse de l’argent pour le football. La Fécafoot par contre, dans le cadre de la convention Minjes-Fifa, verse à l’Etat via le Minjes 55 % des fonds qu’elle génère.
D’où vient-il que ce n’est qu’aujourd’hui que le contrôle supérieur de l’Etat s’intéresse à la Fécafoot ? Pourquoi ne l’a-t-il pas fait depuis plusieurs années ? Les bilans financiers des Coupes du monde 1982, 1990, 1994 et autres compétitions tant nationales qu’internationales avant l’arrivée de l’équipe conduite par Iya Mohamed aux affaires n’ont jamais été vérifiés de fond en comble par une structure étatique. Tout a toujours fonctionné comme si c’était des nébuleuses. Aujourd’hui, la Fécafoot a à ses côtés un cabinet de renommée internationale, Price water house qui la contrôle et lui sert de conseiller en matière de gestion.
Coup monté ?
Au regard de tout ceci et de la charte des sports en vigueur au Cameroun qui précise que seul le Minjes peut contrôler la Fécafoot, il y a lieu de croire à une cabale contre le bureau exécutif actuel. Car, bien qu’étant structure gouvernementale, le Minjes n’a pas été informé de la descente des inspecteurs d’Etat à la Fécafoot. C’est cette dernière qui a saisi sa tutelle (Minjes) pour lui faire part de la présence dans ses locaux des inspecteurs venus du contrôle supérieur de l’Etat, et lui rappeler que la Fécafoot pourrait comme en 1998, où le gouvernement s’était ingéré dans son fonctionnement, encourir des sanctions de la Fifa.
C’est donc pour éviter cette situation de 1998 qui avait failli s’achever par la disqualification du Cameroun pour la Coupe du monde en France que le bureau exécutif s’est ouvert aux cinq inspecteurs d’Etat venus du ministère délégué à la présidence de la République chargé du contrôle supérieur de l’Etat. Défiant ainsi tous ses détracteurs qui croyaient qu’un tel contrôle lui ferait peur. «Notre gestion est transparente et crédible. La Fifa le sait bien. Nous acceptons ce contrôle contraire aux dispositions statutaires de la Fifa pour éviter un bras de fer inutile pouvant nous mettre dans la situation de 1998», révèle un administrateur de la Fécafoot qui pense que la visée de ce contrôle est ailleurs. Ce serait, à l’en croire, les élections prévues en 2004 à la Fédération.
Dans les milieux sportifs où ce contrôle à la Fécafoot alimente moult conversations et supputations, certains esprits plus ou moins pernicieux pensent que le ministre Philippe Mbarga Mboa, ancien candidat vaincu à la présidence de la Fécafoot, Hamadou Evelé, administrateur à la Fécafoot sous l’ère Maha Daher, Jean-Baptiste Nguini Effa dont les ambitions pour la présidence de la Fédération sont connues, Henry Njalla Quan, Talba Malla et autres administrateurs et ex-administrateurs du football camerounais seraient derrière ce contrôle qui prend dans ces conditions des allures d’une cabale. Un contrôle qui n’est autre qu’une ingérence du contrôle supérieur de l’Etat dans la structure en charge du football au Cameroun.
Honoré Foimoukom