Le nouveau Comité exécutif de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) prend officiellement fonction ce mercredi 30 septembre 2015. Les défis qui attendent la nouvelle équipe élue sont énormes et complexes. Tombi A Roko et son Comité se retrouveront dans une situation paradoxale.
Lui qui n’a jamais vraiment quitté le navire Fécafoot devra, travailler avec l’espoir de redorer le blason terni d’une Fédération à problème, écornée par une crise électorale qui n’est peut-être pas encore terminée.
Polir l’image de la Fécafoot
Depuis plus de deux ans, le nom de la Fécafoot est trainé dans la boue. L’instance est presque démolie par le temps, les injures et les batailles de positionnement. C’est cette Fécafoot qui va être gouvernée par d’anciens ennemis qui ont approuvé le «consensus», au nom d’une place au soleil. Et si les règles ont évolué entre deals, coup-bas, compromissions, mise à l’écart et sacrifices, reste que les échos des manœuvres qui ont concouru à cet « apaisement » continueront d’hanter les esprits. Les membres de la nouvelle équipe devront donc convaincre que c’est pour le football qu’ils se sont tous battus, et non pour leurs intérêts respectifs. Une mission qui devrait prendre du temps, mais qui devrait absolument faire partie des priorités de cet Exécutif.
La difficile réconciliation
Surtout, il va s’agir de réconciliation. D’abord avec ces acteurs du football qui sont capables d’apporter leurs pierres à l’édifice. Des personnes qui ont le mérite d’avoir servi et de continuer à servir ce football comme Abdouraman Hamadou, Joseph Antoine Bell, Eugène Ekeke, Prosper Nkou Mvondo, Jules Frédéric Nyongha pour ne citer que ceux-ci. Mais au nom de leurs honneurs respectifs, les personnes suscitées devraient sans doute refuser l’appel de Tombi. Une mesure pourtant présentée par certains comme indispensable pour le renouveau d’une Fédération encastrée par des années de batailles interminables, et taxée de « Fécafoot vaudou » à cause de l’image et de l’histoire des hommes qui ont été appelés à la (re)gouverner.
Les règles ont certes changé en effet, mais les hommes qui seront installés ce jour, non. Après avoir été amis, puis ennemis, ils se sont à nouveau juré amour et fidélité au nom du football (vraiment ?). Le consensus a conduit à des alliances contre nature, qui ne garantissent pas une parfaite cohabitation au sein de cet exécutif.
Réconciliation aussi avec le Nord et l’Extrême-Nord qui n’auraient pas encore digéré l’entrée en jeu d’Alioum Alhadji à la 1ère vice-présidence, un poste qui était destiné à Bello Boubakary. D’ailleurs si ce dernier est simple membre de l’exécutif, il n’en est pas de même pour Alim Konaté du Nord qui a choisi de rester fidèle à Iya Mohammed. Des sources rapportent que ce serait ces deux régions entre autres qui auraient opté pour les 4 bulletins nuls et les 8 abstentions. A côté d’eux, il faut ajouter Antoine Essomba Eyenga, David Mayébi et Francis Mveng qui ne devraient pas se contenter de jouer les seconds rôles au sein de cet Exécutif.
Le défi des infrastructures
Mais là où le nouvel Exécutif de la Fécafoot est certainement le plus attendu, c’est sur la construction des infrastructures. Tombi l’a déjà annoncé lorsqu’il présentait son projet à la presse. Il entrevoit de construire à l’horizon 2018, 5 à 7 pelouses en gazon naturel, avec le concours des municipalités notamment à Ngaoundéré, Kribi, Bafia, Bafang, Ngoumou, Sangmélima, ou encore Bamenda. Tombi a du pain sur la planche, quant on sait que le Cameroun a été choisi pour organiser deux compétitions d’envergure dont la plus imminente est la CAN féminine de 2016. Le successeur d’Iya Mohammed a également promis de construire un hôtel 3 étoiles à Odza qui pourra servir de lieu d’hébergement des sélections nationales.
Football jeune, football féminin
La nouvelle équipe devra également se concentrer sur l’organisation des championnats de football jeune, et de football féminin. Parce qu’il faut préparer la relève, et redonner espoir aux jeunes talents. Chez les garçons, les sélections nationales inférieures (minimes, cadets, junior, espoirs et A’) ne font pas le poids avec les autres nations, depuis plus de trois ans. Pareil pour les filles, que les entraîneurs sont souvent obligés d’aller chercher dans les lycées. Excepté la D1 qui ne se joue jamais sans interruption brusque, les divisions inférieures elles, sont quasi inexistantes. Or, la génération des Christine Mani, Aboudi Onguéné et Gaëlle Enganamouit n’est pas éternelle. Il est indispensable que le nouvel Exécutif de la Fécafoot accorde une attention particulière à ces deux championnats. C’est par eux que l’avenir du football camerounais en termes de résultats dans les terrains se fera.
Arthur Wandji