Jules Frederic Nyongha a été de toutes les batailles du football camerounais. Joueur, entraîneur de club, formateur de coach, sélectionneur de l’équipe nationale, il a travaillé sa vie durant dans le football. Mais, constate t-il, « il se trouve cependant que le contexte actuel, marqué de règlements de compte, de manipulations et d’instrumentalisation, de tricheries et d’impostures, de corruption et trafics d’influence, d’un esprit de partage de gâteau ou de butin, éloigne de fait toute entreprise tendant à remettre notre sport roi sur les rails. »
Nous vous proposons de lire son communiqué de presse dans son intégralité.
COMMUNIQUE DE PRESSE
Il n’est de secret pour personne que nous traversons certainement la crise la plus grave de notre football, une crise révélatrice de l’état d’esprit des différents protagonistes qui se sont illustrés au cours d’un processus électoral unique au monde, et du peu de cas fait de ce qui m’a semblé être la raison d’être de notre fédération nationale, l’encadrement de la jeunesse, le développement de la pratique saine du jeu, la culture des valeurs de probité morale et de respect de l’éthique sportive.
Après avoir donné 45 années de ma vie au football et à son développement au Cameroun, j’ai estimé nécessaire il y a quelque temps de me porter candidat à la présidence de notre fédération nationale afin de contribuer, aux côtés de vrais acteurs et sur la base d’un vrai projet de développement, au redressement de ce qui fut notre fierté nationale.
L’évocation du vocable FECAFOOT renvoi aux scandales de tous ordres: il ne se passe aucun jour sans qu’un fait divers à caractère sordide n’alimente l’actualité : après la séance surréaliste d’adoption des statuts fédéraux à la suite d’un consensus s’apparentant à un marché de dupes et consacrant l’exclusion des vrais acteurs du football camerounais, nous avons assisté dans les ligues décentralisées à des adoptions iniques de textes, puis à des élections des plus rocambolesques. On y aura parlé de violations multiples des statuts, de faux et usage de faux, de falsifications de signatures…
Nous observons en outre et sur une base régulière la publication par le comité de normalisation de directives suivies de décisions des plus contradictoires, confirmant le caractère peu crédible du processus en cours, et ouvrant la voie au doute quant à la volonté réelle dudit comité de mettre sur pieds des bases de compétitions saines et équitables.
Pire, nous sommes à ce jour suspendus à des décisions tant du tribunal arbitral du sport que de la chambre de conciliation et d’arbitrage du comité national olympique qui mettraient entre parenthèses les deux années d’atermoiements que nous venons de passer.
Au regard de cette situation des plus opaques, je prends la décision aujourd’hui, en mon âme et conscience, de retirer ma candidature à cette élection, refusant de la sorte d’apporter ma caution à cette énième forfaiture.
Comme beaucoup d’acteurs, j’ai cru que nous saisirions l’opportunité qui nous est donnée de rebâtir notre football sur des bases saines. Il se trouve cependant que le contexte actuel, marqué de règlements de compte, de manipulations et d’instrumentalisation, de tricheries et d’impostures, de corruption et trafics d’influence, d’un esprit de partage de gâteau ou de butin, éloigne de fait toute entreprise tendant à remettre notre sport roi sur les rails.
Depuis plus de deux ans nous n’avons pas parlé football, et tout porte malheureusement à croire que si rien n’est fait dans le sens de couper le mal à la racine, notre enlisement perdurera : il y a urgence, c’est même une cause nationale. Il est de notre devoir à tous de donner une tout autre image de notre football : le Cameroun n’est pas un pays de médiocres, et notre sport roi le repaire de personnes à la moralité douteuse qui prennent en otage des milliers de jeunes. C’est tout le sens que je donne, avec d’autres acteurs aux actions que nous mènerons dans un avenir très proche.
Yaoundé, le 22 Septembre 2015
Jules Frédéric NYONGHA