Les dernières sorties médiatiques du vieux lion ne sont pas du goût de tout le monde. Vigoureusement indexé par Roger Milla, Charles Nguini, avocat et président de Transparency international au Cameroun tacle le héros de la coupe du monde 90.
Dans une interview accordée au quotidien Lejour , Roger Milla avait la dent dure contre les membres du comité exécutif de la Fécafoot : « Il y a des gens dans ce comité exécutif qui n’ont rien à faire, dans le football. Dans ce comité exécutif, il y a Me Charles Nguini, un avocat. Il est le président de Transparency au Cameroun, un organisme chargé de lutter contre la corruption, qui se retrouve lui-même dans la corruption. »
La réaction ne s’est pas fait attendre. Dans le même quotidien, Me Charles Nguini, avocat et président de Transparency international au Cameroun tacle le héros de la coupe du monde 90.
La réponse …
« Je suis effectivement président de Transparency International Cameroon, un organisme qui lutte contre la corruption. Il se trouve que, dans mes fonctions d’avocat, j’ai eu à défendre la Fécafoot.
J’ai été avocat de la Fécafoot, maintenant je ne le suis plus et j’ai été dans diverses instances à la Fécafoot : au niveau départemental, régional et national. Aujourd’hui, je suis au comité exécutif de la Fécafoot. Le reproche qui m’est fait par Roger Milla est qu’en 1995, j’ai écrit un livre intitulé « Le footoir du football camerounais », dans lequel je dénonçais les dérives de la Fécafoot. Il dit qu’aujourd’hui je lutte contre la corruption alors que j’y suis plongé à la Fécafoot. Ces faits sont d’une telle gravité que le citoyen lambda, qui les apprendrait, les prendrait pour argent comptant, compte tenu de la notoriété de monsieur Milla. Or, monsieur Milla est quelqu’un avec qui j’ai de très bonnes relations, même s’il me titille depuis un certain temps. Il y a six mois, il m’a demandé de démissionner, mais je lui ai répondu que je le ferai le lendemain du jour où il déposerait sa démission comme président d’honneur. J’estime beaucoup monsieur Milla, mais ce genre de déclarations à l’emporte-pièce lui a joué beaucoup de tours, aussi bien au niveau national qu’international. A la Fifa, par exemple, il a été sorti de la commission de football à cause de ce genre d’attitude. Il a beau accuser Iya Mohamed, celui-ci n’a rien à y voir. Je lui demande d’être réservé sur les questions de lutte contre la corruption, parce que, visiblement, il n’y comprend pas grand-chose. »
Quand on s’interroge sur sa présence à la Fécafoot alors que certaines personnes dénoncent des faits de corruption …
« Je suis à la Fécafoot pour mieux construire le football camerounais. On ne peut pas construire en étant à côté. L’avocat que je suis le sait très bien, quelle que soit la dangerosité d’un corps – je n’ai pas dit que la Fécafoot est nécessairement dangereuse – il faut aller à l’intérieur, puisque je suis obligé de travailler pour des criminels, pour des grands malades, etc. Je n’ai aucune honte à être à la Fécafoot, au sein de laquelle il y a de grands hommes, même si je reconnais qu’il y a du moins bon. A la Fécafoot, nous faisons aussi des choses positives. En tant que président de la commission d’éthique et du fair-play, j’ai par exemple radié à vie, pour des faits de corruption, le président de la Ligue de l’Ouest et suspendu certaines autres personnes. Je n’ai aucune leçon à recevoir de quiconque en matière d’éthique. S’il y a des faits de corruption que je couvre, n’hésitez jamais à me le faire savoir. Nous voulons des faits précis et non des déclarations vagues.
Pour vous démontrer que je ne suis pas à la Fécafoot pour de l’argent, je vais vous dire qu’en tant que membre du comité exécutif, je reçois une indemnité de 150. 000 FCfa par mois, alors que le président d’honneur, qui est monsieur Milla, gagne trois fois et demi ce que je gagne. Par ailleurs, lors de la dernière Coupe du monde de football en Afrique du Sud, il a émargé 4. 500. 000 FCfa de l’Etat camerounais, alors qu’il était invité par la Fifa. Malgré l’estime que je garde pour monsieur Milla, je voudrais faire savoir que je ne resterai pas toujours sans réaction face à ce type de déclarations. Le jour où on me met dans la fosse commune avec tout le monde, je demanderai au coupable d’aller s’expliquer devant une juridiction, car je ne peux pas accepter qu’on me traite de voleur parce que je suis à la Fécafoot. »
La rédaction avec Lejour